Quand sort « Drinking Songs », on est subjugué par la profondeur de ce disque noir de suie. Un album laissant peu de place à la lumière mais d’une gravité abyssale, impossible à oublier. Et dont chaque nouvelle écoute plonge dans un état indescriptible d’effroi et de fascination mêlés. Totalement désespéré mais dont la puissance cathartique libérait, paradoxalement, de bien des tourments.

20 ans plus tard, Matt Elliott le revisite et en livre bien plus plus qu’une nouvelle version. On parlera plutôt d’extension d’un domaine musical portant en lui une dimension intemporelle. Et l’on se dit que Matt Elliott, à l’écart des grands circuits du star system, a capté l’essence de ce qu’un Tom Waits a – trop – souvent transformé en entertainment de luxe.

De l’electro à la dark folk, le musicien a accompli un voyage intérieur qui semble aujourd’hui atteindre son apogée. Sans, pour autant, l’achever. Car ce que l’on ressent à l’écoute de « Drinking Songs Live 20 Years On » ne ressemble pas à un souvenir. Celui d’une première écoute, en 2004, pleine de larmes et de vénération. Sans doute, parce qu’elle venait se superposer à quelque chose de trop personnelle. Comme si, déjà, Matt Elliott avait livré une part de sa noirceur à l’âme de chacun.

L’écoute de cette vision renouvelée 20 ans plus tard, s’empare d’une gravité et d’une profondeur autrement plus saisissante. Libérée sans doute de cette plongée trop intime, de cette identification si forte. Il demeure une oeuvre sidérante de beauté, qui porte la musique de Matt Elliott à des sommets d’émotion et de justesse aussi. Et d’authenticité absolue. Ce disque paraît nous dire que l’on a finalement survécu. Que l’on bien fait de survivre. Pour profiter, 20 ans après, d’une explosion musicale si majestueuse, si puissante et terriblement humaniste.

• Publication 602 vues8 novembre 2024
• Tags Matt ElliottIci d'ailleurs...
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