Avec « Live Solo in Studio », Matthieu Eveillard nous offre une expérience d’écoute à l’intimité troublante. De son propre aveu, ce nouvel album est une plongée dans un répertoire forgé depuis une vingtaine d’année. Armé d’une strat, d’un looper, de boîtes à rythmes et d’effets, le new-yorkais d’adoption se livre à un exercice sans filet, enregistré d’une traite. Dans l’urgence et la fièvre qui traversent un concert.

On y retrouve quelques morceaux emblématiques de l’ancienne formation du musicien, Kowalski, des chansons personnelles, des reprises et un magnifique inédit. Cet ensemble éclaire la profondeur d’un univers folk, oscillant entre l’anglais et le français, noirceur et poésie. Ainsi réduites à leur expression la plus simple, les morceaux donnent le meilleur d’eux-mêmes.

Ils déploient toute leur densité, cette sombreur hypnotique, comme l’écho dark d’une âme exilée. Déracinée mais branchée sur une énergie trop fascinante pour s’en échapper. Le choix des reprises en dit long également sur le monde musical qu’érige Matthieu Eveillard.

Entre chansons françaises revisitées – les somptueuses relectures de Francis Cabrel et de Bernard Lavilliers, tellement plus intéressantes entre ses mains – et l’icône absolue Leonard Cohen, il dévoile les fondements solides d’influences attendues et une ouverture d’esprit salutaire.

Ce « Live in Studio » est ainsi une somptueuse porte d’entrée dans un imaginaire qui, au fil des années, ne cesse de prendre de l’ampleur, de se rapprocher, et d’égaler, les plus grands songwriters nord-américains. Leurs blessures mises en musique, autant de paysages intérieurs qui nous accompagnent longtemps.

• Publication 1 034 vues6 novembre 2023
• Tags Matthieu EveillardAutoproduction
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