On a aussi écouté Oete – Armes & Paillettes
Il faut un certain courage pour embrasser la variété, quand on sait que cette catégorie musicale n’appartient qu’à la France ; et qu’elle a souvent caché la diversité et la grande qualité de la production indépendante derrière son mur aussi clinquant que médiocre. Comme une véritable anomalie nationale, marqueur d’une supposée indifférence du public français à l’égard de la chose musicale.
Tout ceci est vrai, et pourrait justifier une certaine méfiance à l’égard de Oete, et de son premier album qualifié de « variété alternative ». Ce qui semble de prime abord totalement antinomique, voire proprement contradictoire.
Contradictoire certainement, à moins qu’il ne s’agisse d’un album oxymore. Un album prenant sur lui toute cette tradition prétendue populaire. Cette fameuse variété française qui fait partie – malheureusement – de notre ADN musical, qu’on le veuille ou non. Et de la frotter vigoureusement à la liberté créative d’une autre scène, alternative celle-ci, qui s’est développée sous les radars de la bande FM.
« Armes & Paillettes » unit ainsi ce que la réalité logique a si longtemps opposé en France. Les paillettes d’une musique gâtée multi-diffusée à qui tout a souri, et pour cause, et un underground ultra-doué mais ignoré.
Ce premier album est habité par une énergie dévastatrice, capable d’emporter les masses, dans le meilleur sens du terme, tout en trimballant suffisamment de fêlures et de paradoxes pour s’épargner les facilités d’un succès populaire. Ce faisant, il ouvre peut-être les portes d’une ère toute neuve, où enfin les deux mondes opposés de la « variété » et de la musique indépendante finiront par se croiser, au sens propre.
Une scène française réconciliée, où les paillettes ne seront plus seulement celles d’une musique divertissante et sans profondeur, mais celles aussi d’artistes passionnants armés de leur art et de leur liberté. A l’instar de Oete qui lance sa poésie et sa disco-rock à l’assaut du monde.