Olivier Rocabois chante de mieux en mieux, et de plus en plus comme le faisait le jeune David Bowie. Mais un Bowie croisé de Brian Wilson. Intriguant mélange de subversion créative et de classicisme obsessionnel. La musique que façonne Olivier Rocabois est ainsi traversée par une saine folie et une évidente recherche d’intemporalité. Dans la grande tradition des génies pop, bordeline à force de traquer la mélodie parfaite, avant-gardistes par défaut à force de sculpter encore et toujours la même matière.

Si le musicien n’a pas l’imagination sans limite – parfois opportuniste de Bowie -, il appartient sans conteste à cette catégorie de compositeurs de pure pop qui tutoient la perfection. L’ouvrage est impressionnant dans sa facture sans âge, défiant toutes les postures, pour imposer sa ligne claire. On ne voit guère que The Divine Comedy pour rivaliser ici avec une telle grâce, une telle précision de composition. Dès lors, on ne peut que se laisser porter par des chansons à la dimension orchestrale, et pourtant limpide et d’une élégante simplicité.

Olivier Rocabois se pose en savant-fou de la pop, maîtrisant jusqu’aux moindres détails ses précieuses créations, leur injectant régulièrement une dose de douce dinguerie. Ce qu’il faut pour qu’elles déraillent délicatement, et qu’elles dévoilent leur versant paradoxalement anti-conformiste. Car derrière la parfaite façon, on devine une belle ambition. Celle de poser les bases d’une musique n’obéissant à aucune autre règle que la glorification de la pop. Et qui laisse passer ici un discret mais réel effondrement ; des failles qui donnent encore plus de valeur à des chansons sublimes et attachantes, dont la beauté n’a pas fini de nous éclabousser.

• Publication 1 203 vues3 juin 2024
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