Alors que Prokop, installé aujourd’hui à Strasbourg, sort la magnifique chanson « Beirut in the air », il est encore temps de se pencher, également, sur le remarquable triple album « Love Letters from Across the Street » que le musicien a sorti en 2022.

L’hommage à Beyrouth, tout d’abord, comme une main tendue à la ville martyrisée par l’épouvantable explosion de son port en 2020. On y retrouve le folk habité et saisissant de Prokop, richement orchestré mais tout en retenue et toujours bouleversante.

Il y flotte l’ombre tutélaire d’un Bob Dylan plus émouvant que jamais. Et la force mélodique des Tindersticks qui auraient trop traînés dans les bars. Le titre, et sa vidéo, explorent le désastre humain et politique à l’origine de la catastrophe. Avec une justesse, et une pudeur, que l’on retrouve dans une musique intemporelle, héritière des plus belles protest songs.

Ce titre vient donc à la suite de la parution en 2022, d’un triple album dont l’ampleur n’a d’égale que sa qualité sidérante. Prokop y déploie son folk totalement hors d’âge, simplement mais profondément, animé par une inspiration qui semble sans limite. La voix traînante, comme revenue d’à peu près tout, se pose sur des musiques à la richesse impressionnante.

Le disque oscille ainsi d’un bout à l’autre entre blues, folk des origines, rock rugueux. Entre modernité et traditions, il plane littéralement au-dessus des époques et des modes, imposant sa singulière présence. Une présence qui rappelle le génie d’un autre musicien hanté, le sublime Micah P Hinson.

• Publication 549 vues8 août 2023
• Tags ProkopPegase Music
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