Quand deux musiciens venant du free-jazz, de la musique improvisée et d’horizons expérimentaux, se rencontrent cela donne « Furie ». Un album, qui porte bien son nom, né du dialogue entre le percussionniste Mathieu Bec et le saxophoniste Quentin Rollet.

Le disque explore un territoire à la sauvagerie – tout juste – contrôlée. Il développe une ébouriffante musique hybride ; un alliage organique et électro à l’impressionnante densité. L’ampleur des morceaux, flirtant avec la noise, rappelle à quel point l’improvisation est autant une avant-garde qu’un retour aux sources.

Dans sa dimension hypnotique, quasi chamanique, elle oblige à abandonner tous ses repères – musicaux mais plus que cela – pour se confronter au chaos initial, à ce primitif rapport au monde, celui d’avant les normes et les codes.

Cet abandon est forcément déroutant et même inquiétant. Il révèle pourtant toute la beauté, et la puissance mêlées, d’une révolte sans cesse renouvelée contre les carcans. Contre ce qui bride l’imagination, toutes les divagations qui n’en sont pas.

« Furie » prend feu devant nous, et éclaire ce que la plupart du temps on dissimule sous le vernis des conventions. Il est une bombe sonique, profondément humain dans son rejet des contraintes traditionnelles, touchant du doigt le son lui-même, la chose musicale avant qu’elle ne se civilise. Un disque qui fait sonner autre chose que le sens. De bien plus important et essentiel.

 

• Publication 339 vues7 février 2024
• Tags Mathieu BecQuentin RolletreQords
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