Dernière production en date du rappeur parisien Sauveur Eloheem, aux côtés d’OPM, « Jabba Wears Adidas » se présente sous la forme d’une mixtape, succession de morceaux autour d’une thématique chère au hip hop, la consommation de LEAN.

A partir de ce fil rouge, Sauveur Eloheem a construit un album mêlant électro, beats violents, à la fois rêches et sophistiqués, sombrant dans l’atonie et l’émo-rap.

Si l’album peut sembler plus abordable que les précédentes bombes horrocore du musicien, il suffit d’une écoute prolongée pour mesurer que ce « Jabba Wears Adidas » s’inscrit bien dans son univers carbonisé et sacrément cultivé.

La mixtape s’écoute d’une traite, comme on s’effondrerait dans un état second, peu à peu entraîné dans les délires gravement ralentis de consommateurs de purple drank et d’oxycodone.

Mais, comme toujours avec Sauveur, rien n’est gratuit ni complaisant. Plutôt le brillant prétexte d’élaborer une musique frontale et complexe, puis d’explorer des états d’âme désabusés et lucides. Et d’éclairer ainsi une réalité transformée en boucles hypnotiques et tranchantes.

« Jabba Wears Adidas » est la bande-son d’une existence prisonnière des addictions, comme le symbole de tous les malaises d’une génération dont la musique ressemble de plus en plus à une longue et douce descente aux enfers. La bande-son et l’avertissement sans fard de tous les dangers planant au-dessus d’une fuite dans les artifices médicamenteux. Des Paradis Artificiels 3.0 en somme.

 

• Publication 760 vues13 mai 2021
• Tags Sauveur EloheemCuttlefish Music Empire
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