"> Signac - Jusqu'ici - Indiepoprock

On a aussi écouté Signac – Jusqu’ici

Après un album en forme de résurrection, Signac a pris le temps de revenir sur le devant de la scène. C’est le moins que l’on puisse dire. Il aura fallu de longues années avant que le musicien ne revienne poser son univers si singulier, quelque part entre Bashung et Manset. Ils sont rares les artistes qui se donnent encore le temps de vivre, avant de composer. A moins qu’il soient de ces hommes qui meurent plusieurs fois, avant de renaître encore et toujours. C’est exactement le sentiment que laisse ce nouvel album. Traversé par une profondeur toujours plus évidente, toujours plus dense.

Signac n’a jamais aussi bien chanté, sur des paroles – que l’on doit encore à Joël Rodde – à la grâce tragique et délicate. Comme porté littéralement par une vie en suspension, où le temps semble avoir définitivement ralenti. Ce que traduisent des compositions à la beauté sidérante, lancinantes et puissantes. Tout paraît limpide dans ce disque sculpté dans une matière si douce qu’elle en devient inquiétante.

A nouveau Eric Signor et Christophe Jouanno – qui a déjà oeuvré sur le dernier album de Jeanne Morisseau – transcendent des chansons à la simplicité initiale bouleversante. Leur travail respectif – piano, guitare, traitement de la voix – envoie littéralement les morceaux dans une autre dimension. Une dimension pleine de douceur et de peines. A ce niveau, il est difficile de parler de « pop » au sens littéral, tant ce que l’on écoute est connecté à quelque chose d’essentiel. A des vérités enfouies, qui remontent à la surface.

Avec « Jusqu’ici » Signac atteint une sorte d’acmé, un équilibre – souligné par ces magnifiques tapis de cordes – entre mélancolie extrême et beauté pure. On pénètre avec lui  dans un monde où les renoncements ont des allures d’apaisements, où la poésie ne court plus après le temps. Elle semble rythmer, de sa respiration, le cours de ce qui reste d’une vie. Sans doute le plus précieux.

A noter que le disque- merveilleux – est l’objet d’une campagne de financement, qui au-delà du soutien, est l’occasion de redécouvrir le répertoire de cet artiste si rare, et attachant.

 

 

Yan
Chroniqueur