"> Autoprod : la sélection du mois de mai - Indiepoprock

Autoprod : la sélection du mois de mai

Pour la rubrique autoproduits du mois de mai, Indiepoprock vous a concocté un savoureux cocktail pour accompagner vos journées ensoleillées : au menu, du post–punk, de la pop synthétique, de la new wave, et du folk rock alternatif. Qui a dit qu’on n’était pas éclectiques à Indiepoprock ?

L’énergie des premiers groupes punks des années 70 alliée à la délicatesse pop des groupes de rock et de cold wave des années 80, pour un résultat tout à fait 2010 : c’est le tour de force deTomorrow Maximus, qui semble voir ingurgité et bien digéré tous ses classiques. Tout comme MGMT ressuscitait le rock psychédélique et The Last Shadow Puppets la pop sixties, Tomorrow Maximus réactualise avec panache une forme de glam rock / post-punk, sous influence Bowie, Iggy Pop et Joy Division. Ce jeune groupe de Tours vient de sortir un très bon deuxième EP, sur lequel on conseillera notamment Today I Feel Love, véritable comptine punk qui accroche les oreilles en un rien de temps et reste collée dans la tête pendant de longues heures.

Avec leur premier EP éponyme, les trois rennais de F. Hiro ont accouché d’un petit bijou pop tout en douceur, mélangeant les ressorts entêtants et synthétiques de la musique électronique à des guitares candides et des vocalises mélodieuses tout droit sorties des sixties. La simplicité et la naïveté (terme défendu par le groupe lui-même) des morceaux en font un EP qui devrait ravir tout mélomane, tant les arrangements délicats, regorgeant de nappes raffinées et de petits sons douillets, pénètrent le tympan comme une onctueuse ouate harmonique. On le conseillerait presque à toutes les mamans pour emmener les bébés agités à rejoindre plus vite le pays des rêves.

La surprise du mois, c’est Accident et son premier album éponyme : une pop eightiescomplètement décomplexée, assumant fièrement ses influences FM, et qui devrait autant ravir les nostalgiques du groove froid des années 80 que les plus jeunes générations bercées par le revival fluokids. Mainstream mais non formatée, simple et en même temps fortement originale, la musique d’Accident paraît sortir tout droit de la grande époque de la new wave et évoque pêle-mêle les Cure, Midnight Oil, Alain Souchon, Bronski Beat, Gainsbourg, comme si les vingt dernières années n’avaient jamais existé. Dans un mélange de synthés vintages, de claps, de voix réverbées, de solos de guitare putassiers et de rythmiques entêtantes à grands renforts de caisse claire, Accident propose un album très efficace, frôlant parfois la parodie, mais tiré parquelques tubes en puissance (Crazy Bodies, Sur tes lèvres, Marjoram). Puristes s’abstenir… mais à savourer d’urgence pour les autres.

Avec son album Has a taste of blood mixed with dust, le lillois Mickaël Caron alias Mickaël C. Alasèv réussit un disque autoproduit d’une qualité et d’une densité rare. C’est un véritable sens de la composition complexe et torturée qui affleure à l’écoute de cet album, emprunt d’une profonde noirceur. En tirant tantôt vers le folk, tantôt vers des sonorités rock plus expérimentales et industrielles, Alasèv produit une sublime combinaison de poésie pessimiste et d’agressivité à grands coups de riffs saturés. Ce premier album est magistralement cohérent du début à la fin, comme un long voyage sombre, porté par la voix déviante et les arpèges magiques d’Alasèv, soutenus par la basse de Pierre Jaqmin et la batterie de Steve Peuvrel. On conseillera notammentWest, Revolver, The Painter, ou encore Summer rain, qui rivalisent toutes de qualité dans lesongwriting et l’écriture mélodique. Une belle claque sonore, toute de poussière et de sang : le coup de cœur du mois de mai.

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