"> Festival Boutik Rock 2003 - Indiepoprock

Festival Boutik Rock 2003

Belle initiative de la part de Wallonie Bruxelles Musique, avec le soutient du Ministère de la culture de la Communauté française de Belgique, de proposer, durant 4 jours, à un public constitué de fans, de néophytes et de professionnels européens, un florilège de la jeune garde belge des musiques actuelles (rock, electro, hip-hop et métal). C’est ainsi 6 groupes qui chaque soir se succèdent sur les deux scènes du Botanique (Orangerie et Rotonde).

Jeudi 27 Février

En retard dès le premier jour, n’entendant que les deux derniers morceaux de Hollywood P$$$ Star. Il semble bien que cet autre projet de Redboy, plus rock que My Little Cheap Dictaphone, soit encore une réussite, dans la lignée d’un Blonde Redhead ou At The Drive-In. Pour preuve, ils viennent de remporter le Concours Circuit 2003.

Alors que leur premier album vient de sortir en Belgique, en tout cas à Bruxelles car il semble difficile de se le procurer en Wallonie, Girls In Hawaii confirme tout le bien que nous pensions d’eux (cf. Dans la Série des Inaperçus 2003). Une pop efficace néanmoins encore un peu fragile et perfectible sur scène. Le public accroche et en redemande, nous aussi !

Trio rock noise, Hudson célèbre la rencontre des Strokes et d’Oasis. Si les compositions se tiennent, elles n’en demeurent pas moins convenues. Une seule question reste en suspend : Ne devrait-on pas prévenir le jeune chanteur que Kurt Cobain est mort ?

Bonne surprise par contre sur l’artiste hip-hop Pitcho. Venu seul pour un premier titre, il est très rapidement rejoint par ses compères de la « Crème de la Crème » (accent anglais oblige) pour un set efficace en français et en espagnol. Exemple à suivre par beaucoup de groupe, ailleurs, d’ailleurs, que dans le strict milieu du hip-hop. Ecrire un texte demande du temps et n’est pas à la portée de tout le monde. Pitcho par ce talent d’écriture a su convaincre un public nettement orienté rock dont on peut saluer ici l’ouverture d’esprit.

Flashback seventies avec The Dallas Explosion. Un chanteur souriant, naturel qui dénote avec un bassiste ultra costumé voire poseur. Il propose un rock à la grande efficacité dans lequel on peut néanmoins sentir une « belgitude » qui tirerait plutôt vers celle d’un Soulwax. Un groupe qui fait plaisir à voir et à écouter, le public s’est laissé entraîner dans cette ivresse explosive.

Métal enfin avec les attendus Da Familia. Encensé par nos confrères de Rock Sound dans un hors série sortie la veille, en distribution sur une major dans le plat pays. Le groupe, dont la seule once de charisme réside dans un séduisant bassiste afro, s’enfonce dans les clichés d’un néo francophone aux textes assez pauvres et une musique qui pourrait être plus rentre dedans.

Vendredi 28 Février

Après une démonstration de dj-ing très approximative, plus celle d’un breakdancer quasiment plongé dans le noir rendant sa prestation invisible, CNN s’empare du mike pour un set incompréhensible en raison de l’omnipotence des basses. Un conseil : penser à changer d’ingénieur du son !

Heureusement la suite de la soirée fut une réussite et tout d’abord avec The Grand Piano. Un folk rock matiné de guitares à la Calexico et ambiances à la Spain, mélancoliques mais belles, riches et subtiles. Toujours dans le juste, le géant chanteur et son Grandpiano nous comptent de belles histoires que l’on voudrait pouvoir déjà suivre sur album. Patience…

Grand moment passé avec Sweek. Post-rock sans aucun doute novateur même s’il lorgne du côté des God Speed You Black Emperor ! et Mogwai; Et qui voit aux classiques guitares/basse/batterie se greffer un violon et un violoncelle. Pas de demi-mesures chez eux, les instants de calmes n’en sont pas moins oppressants. Prenant, ils rendent les moments plus rock, explosifs presque libérateur. Un groupe à surveiller absolument, d’autant que certains groupes américains traînent les pieds pour venir tourner en Europe.

A force de papoter pour s’informer sur les groupes, on fini toujours par en rater. c’est Major Deluxequi en a malheureusement fait les frais, ne retenant d’eux qu’un Stetson, une flûte et une trompette…

Post-rock à nouveau avec Steels, mais là où Sweek nous avait surpris, Steels qui a certes bien appris ses gammes nous recrache une formule usée jusqu’à la trame. Les sonorités développées par le clavier, qui pourraient permettre à ce groupe de se distinguer, l’enfoncent au contraire dans les méandres de la banalité.

Enfin My Little Cheap Dictaphone propose avec ses cinq musiciens un set plus convaincant que celui donné à trois à Paris (cf. Dans la Série des Inaperçus 2003). Rock folk énergique et mélancolique, Redboy nous a offert une excellente prestation pour un public qui semblait avoir fait spécialement le déplacement, une belle tête d’affiche !

Samedi 01 Mars

Entrée en douceur avec les attachants Miele. Pas d’electro(-ménager…) mais un rock parfois post, parfois rentre-dedans. Sorte de Superflu, en moins prise de tête. Un groupe qui change d’instruments avec surtout une chanteuse-bassiste-tromboniste-batteuse-clarinétiste-et-que-sais-je-encore. Un groupe dont le rock naïf ne laisse pas indifférent.

Betaversion ont sûrement un lien de parenté avec nos chouchous grenoblois de [Melk]. Les jumeaux à l’origine du projet proposent un trip-hop lo-fi des plus intéressant. Accompagnés d’un violon, d’un violoncelle, d’une chanteuse et d’un dj/batteur, chacun ne reste sur scène que s’il est indispensable. C’est donc la musique qui prime sur l’individu, mais quelle musique !

La Boutik Rock était sur de très bonnes bases jusqu’à Nietzche, qui propose une sorte de revival alternatif gothique qui en a fait fuir plus d’un, autant oublier…

Alors qu’ils rentrent en studio dès le lendemain, Starving confirme tout le bien que nous avions pensé d’eux lors du Festival Dans la Série des Inaperçus 2003. Groovy, 80’s à mort, toujours aussi espiègle, le groupe fait plaisir à voir, donne au public une furieuse envie de se trémousser et on attend avec impatience cette sortie d’album.

Sur le papier, Hank Harry a tout pour séduire. Son Lovely Cowboy Orchestra compte six membres dont deux Mellon Galia, un Mud Flow, un Major de Luxe à la trompette, une Mièle à la clarinette-trompette, un ex-Venus à la batterie. C’est vrai que la musique est d’une grande richesse où quasiment tout le groupe chante donnant un côté très seventies aux compositions. Pourtant, Hank Harry, personnage truculent, pose sa voix d’une manière trop approximative pour que le public puisse profiter pleinement de sa prestation. C’est tout de même un franc succès, Hank Harry est d’ailleurs le seul artiste programmé au festival à faire un rappel.

Si Showstar était anglais, ils seraient sans doute de Liverpool. Teigneux et rock’n’roll comme beaucoup de groupes outre-manche. Si le rock fait un retour en puissance, l’Angleterre ne nous envoie, malgré tout, que ce qu’ils font de meilleurs, se gardant le mauvais… Devant, ce rock à la fadeur linéaire, la Belgique devrait peut-être en faire autant avec Showstar…

Dimanche 02 Mars

Bacon Caravan Creek propose un rock pop plutôt bien conçu, arrivant à se sortir non sans difficultés des clichés du genre (Muse, Radiohead, etc…) mais avec une sincérité qui fait plaisir à voir. Le chanteur, derrière un pupitre-machine électronique, tel un pasteur, a su prêcher devant des fidèles convaincus.

Un dj seul sur scène, un petit MC l’interrompt pour introduire La Dissidence sur un sketch de Pierre Desproges. Rejoint par un géant, le groupe fait un set peu convaincant. Si le flow efficace de chacun marque une certaine personnalité, la cohésion entre les deux ne se fait pas. Ce qui aurait pu être un mélange intéressant, transforme La Dissidence en un groupe qui ressemble à tant d’autres…

Première orientation electro du Festival avec Superlux qui apparaît sur une scène parsemée de tournesols. Si l’ensemble est plutôt rentre-dedans avec un beat appuyé, sur les quelques morceaux où intervient la chanteuse, on a plutôt l’impression d’une sorte de Stereolab au pays de la techno-house. L’ensemble, s’il fait taper du pied en concert, reste encore perfectible pour être un peu plus séduisant…

Les groupes s’enchaînent pour la date à la programmation la plus variée de la Boutik. Yel qui semble avoir drainer un nombre important de fan propose un rock français dans la lignée des débuts d’un Noir Désir ou plus récemment un Saez. Rock à la volonté contestataire, mais s’il est certain que le set étrenné sur scène depuis un an et demi est irréprochable, le reste donne une impression de déjà vu et sans doute en mieux… Les fans bruxellois eux reprennent déjà en cœur les refrains de Yel. Attendons donc la suite.

Sandrine Collard apparaît sur scène dans une robe très sixties, une certaine ressemblance avec Jeanne Balibar. Cerné par les Lacksman, père et fille, elle propose un joli répertoire de chanson pop sur fond l’electro minimaliste eighties. D’ailleurs Dan Lacksman a fait partie de Telex, souvent qualifié de Kraftwerk belge. Un petit côté naïf, soutenu par un ensemble de vidéo au charme désuet, rend cette chanteuse naturellement attachante. Le résultat : un franc succès.

Enfin, Vincent Venet clôt la Boutik Rock. Malheureusement pas de bonne chose si ce n’est de très joli costume en velours pour son bassiste et lui-même. Mais ce beau gosse avec ses airs suffisants et son rock variété nous fait plus penser à un acteur d’une série d’AB Prod., qu’à l’avenir de la chanson francophone.

Bémol sur cette fin de Festival qui nous a pourtant proposé d’étonnantes choses, de bonnes choses. Vivement l’année prochaine !

Chroniqueur