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Interview de Balthazar

Interview de Balthazar

Pour commencer, pouvez-vous décrire chacun d’entre vous en quelques mots ?

Marteen: Moi c’est Marteen, je joue de la guitare et des claviers, je chante aussi, et avec Jinte je compose les morceaux de Balthazar.

Jinte: Je suis Jinte, moi aussi je chante et je joue de la guitare, et avec Marteen je compose les morceaux de Balthazar. (rires) On a aussi une fille dans le groupe, elle s’appelle Patricia. Elle joue du violon, des claviers, elle fait tout en fait. C’est la touche féminine de Balthazar. Et enfin on a aussi un batteur et un bassiste, mais eux ce sont des trous du cul.

 

Encore une fois, c’est ce qui fait le charme de vos albums, les paroles de Thin Walls sont distillées avec, disons une certaine « lascivité ». Est-ce que ce côté suave dans la diction est particulièrement travaillé et recherché ou est-il tout à fait naturel ? 

Jointe: Je pense qu’on est un peu comme ça dans la vie, donc c’est naturel que ça sorte comme ça quand on chante, on ne joue pas la comédie. Tu peux le voir en ce moment même, on est vraiment lascif. (rires)

 

Quand vous composez, vous pensez déjà à comment vous allez jouer en live ? 

Marteen: Non, pas vraiment. Quand on écrit, tout est possible, donc on enregistre tout. Mais après vient le moment où on doit trouver comment l’adapter au live. Patricia joue du violon et elle a un looper donc elle peut jouer et faire comme si on avait un orchestre de cordes. Des fois on doit sampler quelques trucs, les cors ou des choses comme ça. On se met vraiment en difficulté quand on compose en fait !

Jinte: C’est important quand on compose de se sentir aussi libre que possible sinon on tourne en rond. C’est tellement différent d’enregistrer un album puis de le jouer sur scène.

 

Y’a un des deux exercices que vous préférez ?

Jinte: Pas vraiment, quand on fait le live c’est un peu comme si on célébrait tout notre travail en studio donc c’est bien d’avoir cette variation. Parce que si on faisait que bosser en studio, tout le temps, ce ne serait pas cool. Mais si on passait notre temps sur scène à faire la fête, ce ne serait pas cool non plus… Donc c’est bien d’avoir les deux.

 

Quels sont les artistes qui ont façonné votre vision de la musique ?

Jinte: Y’en a tellement, je peux te donner les noms français ! Françoise Hardy, on est vraiment fans d’elle. Il y a aussi Gainsbourg évidemment. Pas tellement Johnny Halliday (rire), ce sera peut-être pour notre prochain album !

 

C’est vieux tout ça !

Jinte: Oui, mais on aime vraiment tout ce qui s’est passé dans les années 60, parce que la seule chose un peu récente qu’on connaît de la chanson française c’est « Dans la vallée la la la… » (rires)  C’est cool comme chanson, mais on ne peut pas dire que c’est une influence (rires)

Marteen: De toute façon nos influences sont vraiment très « clichées », ce sont les classiques. Il y a Lou Reed aussi par exemple, donc c’est toujours des vieux trucs.

Jinte: Mais sinon on aime aussi beaucoup Beyoncé, ou Rihanna, c’est un peu la guerre entre Marteen et moi sur ce point-là. Lui il est plus Rihanna et moi c’est Beyoncé.

Marteen: Rihanna c’est une vraie « badass » !! (rires)

 

Comment avez-vous rencontré Ben Hillier ? C’est une rencontre fortuite ou est-ce que c’est volontaire ?

Jinte: C’est un peu les deux. On cherchait un producteur, et lui il avait déjà mixé un de nos singles qui n’est pas sur l’album. Et lui il avait déjà produit des albums formidables, donc on a commencé à discuter et ça s’est fait comme ça.

Marteen: Mais on ne voulait pas changer notre identité non plus, et il a bien compris ça. Il nous a aidés à faire le meilleur album possible en studio. Souvent les producteurs posent vraiment leurs propres sons sur les groupes, mais nous on ne cherchait pas ça du tout.

 

Au même moment, la mise en scène de vos concerts semble plus élaborée, est-ce que cette évolution est une démarche volontaire pour prendre de l’ampleur ou est-ce uniquement pour coller à l’ambiance « classieuse » de ce nouvel album ?

Marteen: Pour jouer sur des grandes scènes, comme en festival, on a besoin d’avoir quelque chose sur scène pour mettre le public dans une bonne atmosphère, pour les aider à appréhender notre musique.

 

En parlant de ça, voyez-vous une limite en termes de taille de salle de concert ? Une taille au-delà de laquelle vous ne souhaitez pas aller pour ne pas perdre la proximité avec votre public des premiers jours ?

Marteen: Des fois on se dit qu’il faut qu’on reste dans des petites salles, pour rester intimiste, et que peut-être que notre musique n’est pas faite pour jouer sur des grandes scènes. Mais d’un autre côté, c’est excitant de jouer sur des grandes scènes, ça nous met face à des chalenges. En novembre prochain on va jouer dans une grande salle en Belgique, c’est dans un endroit immense, et on commence donc à réfléchir à comment adapter notre musique pour ce genre de scène.

 

Donc vous ne vous mettez pas de limites.

Marteen: Non, on ne va pas renoncer à l’avance en se disant que de toute façon ça ne va pas marcher. Quand on voit des groupes comme The Nationals ou Nick Cave qui jouent sur des scènes immenses alors que leur musique est très intimiste, on se dit que ça peut marcher !

 

J’ai parlé de l’atmosphère « classy » de votre album, mais d’un autre côté je trouve qu’un autre aspect se dégage de votre musique. Je ressens toujours un coté décadent presque burlesque parfois, dans votre dernier album cela se retrouve notamment dans les morceaux True Love ou I Looked For You. Cette image contraste avec la couverture dorée du disque. Qu’en pensez-vous ?

Marteen: Oui, mais les riches sont les personnes les plus décadentes.

 

Je trouve que votre musique s’accorderait très bien avec l’ambiance des films de Tim Burton, ou même ceux de Wes Anderson parfois. 

Marteen: C’est un peu l’esprit carnaval.

Jinte: Notre point commun avec Tim Burton c’est que nous aussi on essaye de créer notre propre monde dans notre musique. Nous on fait ça avec des sons, lui le fait avec de l’image.

 

Ça vous plairait de faire de la musique pour le cinéma ? 

Jinte: Oui, d’ailleurs on est vraiment frustrés que personne ne nous demande, parce que notre musique serait géniale pour le cinéma ! (rires) J’espère que quand j’aurais 60 ans j’aurais enfin fait la musique d’un film. (rires)

 

J’ai une question pour Marteen maintenant, as-tu conscience de tenir ta guitare d’une manière particulièrement originale sur scène ?

Marteen: C’est parce que je ne sais pas bien en jouer en fait ! Au début de Balthazar je jouais même sur une guitare avec une seule corde.

Jinte: C’est juste un handicap.

Marteen: Et puis c’est plus facile pour l’enlever vite quand je dois me mettre au clavier, etc… Et surtout quand j’ai appris je n’ai jamais essayé de la tenir autrement, et à mes débuts personne ne m’a dit que ce n’était pas la bonne position ! (rires)

 

Maintenant, pouvez-vous me raconter l’histoire de cette photo ?

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Jinte: Ah oui je me souviens ! Notre bus est tombé en panne, on l’a vraiment poussé ! En fait on nous disait qu’on n’arriverait jamais à pousser un bus parce que c’est trop lourd, mais en fait on l’a fait. On est super costauds.

 

Marteen ne semble pas vraiment aider à droite.

Marteen: J’aide par la pensée moi.

Jinte: Regarde-moi je pousse avec les deux mains !

 

Donc tout ça vous est vraiment arrivé. 

Jinte: Oui, et d’ailleurs la compagnie Starstruck n’était pas très contente qu’on ait posté la photo sur internet parce qu’à cause de ça l’entreprise à des problèmes financiers parce que plus personne ne veut louer leurs bus. (rires)

 

Rien d’autre à ajouter sur cette photo ?

Jinte: Elle représente bien l’aspect rock’n’roll de la tournée, c’est pas très glamour. Et en fait, Marteen t’es peut-être même pas au courant, mais comme on a du attendre plus de deux heures tout le monde était en dehors, mais moi je suis resté à l’intérieur pendant 15 minutes, et c’est là que j’ai fini notre morceau « Leipzig » ! On avait les couplets et la mélodie, mais il nous manquait le refrain. Je m’en souviens parce que ma copine attendait dehors et je suis allé la voir en lui disant: « je viens de finir le prochain tube ! » (rires) C’est une histoire vraie, j’avais presque oublié tout ça…

 

Pour terminer, on peut élaborer une petite playlist.

  • Quel est le morceau que vous adorez mettre à fond dans le tour bus ?

Jinte: J’ai mon tube de l’été moi ! C’est « Let it Happen » de Tame Impala. Elle dure 8 minutes, mais je ne m’en lasse pas. J’attends vraiment l’album.

Marteen: Pour moi ce serait le dernier Rihanna, « Bitch Better Have My Money » !

 

  • Celui que vous préférez jouer en live ?

Marteen: Ça change tout le temps ! On ne peut pas savoir à l’avance quel morceau va être le meilleur sur scène. Chaque soir à la fin du show on en a toujours un qu’on a préféré.

Jinte: Peut-être qu’on peut dire notre morceau préféré dans notre dernier concert !

Marteen: Je vais dire Leipzig alors.

Jinte: On a un morceau sur le dernier album qui s’appelle Last Call et qu’on n’avait pas joué depuis très longtemps, et là on s’est remis à le jouer pour les grands festivals. Et tu sais, un morceau évolue toujours au fil des concerts et là celui-ci est en train de se diriger quelque part, et c’est un sentiment très agréable, donc je vais dire Last Call.

 

  • Le morceau que vous auriez aimé avoir écrit ?

Marteen: Si j’avais écrit « Bitch better have my money » je serais riche ! Mais je vais dire « Sleeping in my car » de Roxette.

Jinte: Je ne veux pas aller dans les classiques des années 60, donc je vais dire Love Lockdown de Kanye West, c’est du génie.

 

Maintenant que vous m’avez dit ce que vous avez dans vos playlists, si je vous dis que j’ai quelques morceaux  de Balthazar dans les miennes, qu’est-ce que ça vous fait ?

Jinte: Lesquels ?

 

J’ai vos deux derniers albums, et je commence à écouter le premier.

Jinte: Alors qu’est ce que ça nous fait ? On est très honorés ! (rires) C’est pour ça qu’on fait de la musique donc c’est cool. C’est drôle parce que plus on fait d’albums plus les gens découvrent nos premiers morceaux. C’est marrant parce que pour nous c’est vraiment vieux, nous quand on les réécoute on trouve que ça fait très adolescent, mais bon c’est comme ça.

 

Merci beaucoup à vous deux, et bon concert ce soir !

 

Leur album Thin Walls est disponible chez [PIAS] depuis le 30 mars 2015.

 

Merci à Jipé pour ses quelques questions.

Chroniqueur
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