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Interview de Thylacine

Interview de Thylacine

Tu étais étudiant aux Beaux-Arts à Angers. Comment en es-tu arrivé à faire de le musique ?

J’ai commencé la musique très tôt au saxophone. Je devais avoir 6/7 ans. Après, j’ai joué dans pas mal de groupes de musiques actuelles : rock, jazz, au saxo et à la basse aussi. En arrivant aux Beaux-Arts, j’ai arrêté tous les projets que j’avais en cours pour me consacrer à des morceaux plus personnels en musique électronique. J’ai donc commencé la musique électronique assez tard : il y a 4 ans à peine.

J’avais envie de me tester à composer entièrement. Je n’avais pas du tout de culture électronique à la base. Je voulais m’amuser tout seul, dans mon coin. Je me suis vite pris au jeu et ça a progressé. Au fur et à mesure, je me suis construit, j’ai découvert la musique électronique.

 

Tu trouves des influences dans d’autres genres ?

Il y a pas mal d’influences que je peux trouver dans le jazz ou la musique classique que j’ai pu travailler avant. Dans le jazz, je puise tout le rapport à l’improvisation que j’essaie d’amener dans mes performances live. Des lives que je tente de déconstruire.

On est dans une période où on peut mélanger les genres. On peut sortir du carcan purement électro et je trouve ça intéressant.

 

 

Ton troisième EP « Exil » sort le 26 janvier. Tu peux nous raconter son histoire ?

Celui-là est assez différent du dernier EP « Blend » où j’étais attendu et qui a été fait en partie pour mon public. « Exil » est un peu plus personnel, avec des morceaux plus introspectifs et plus en finesse. Je ne sais pas du tout comment le public va réagir, c’est ce qui est intéressant aussi.

« Exil » a été fait en peu de temps. J’ai commencé à bosser dessus à partir de l’été dernier tout en continuant à tourner. C’était bref, mais c’est bien de ne pas passer un an sur un EP, que ça soit assez instantané. J’aime bien sortir pas mal de matière parce que c’est comme ça que je travaille. Je compose beaucoup de morceaux : je trouve ça bien d’en sortir régulièrement et de montrer où je vais.

 

Donc toujours pas d’album ?

Pour le moment, je pense que j’ai encore beaucoup de choses à expérimenter et à améliorer. Le format EP est super pour ça.

C’est la première fois que je bosse sur des cordes sur « Exil ». Je me suis fait chier à écrire toutes les cordes en me replongeant dans mes années de solfège. C’était galère mais hyper intéressant.

J’entame comme ça de nouvelles approches. J’aime bien faire mes marques sur des EP avant de travailler sur un album. La musique électro est vraiment adaptée à ça. On n’a pas cette obligation d’album qu’on peut avoir en pop par exemple. J’ai un peu cette liberté là.

Je m’attarderai sur un album parce que le format m’intéresse aussi mais c’est un peu neuf pour moi.

 

Sur « Exil », tu t’es encadré à nouveau de Dyllan / Dylan Nichols qui était déjà en featuring du titre Distance issu de « Blend ». Comment vous êtes-vous rencontrés ?

Je ne l’ai pas rencontré. Elle vit à New-York. Elle m’a envoyé un e-mail avec des morceaux de voix. J’avais trouvé ça intéressant et j’ai bossé avec elle sur Distance en décomposant son morceau déjà existant (NDLR: NYLAPARIS). Sur « Exil » j’avais un morceau qui demandait une voix, je lui ai envoyé, elle a posé sa voix dessus et ça s’est fait comme ça.

Je ne l’ai jamais rencontrée. Je ne la connais pas du tout. On se connaît juste par e-mail. C’est un peu le symbole de notre époque de pouvoir travailler avec des gens aux États-Unis sans les connaître. C’est une chance de pouvoir casser toutes les frontières et avoir des collaborations lointaines comme celle-là.

 

Comment détermines-tu le choix d’une voix ou pas sur un morceau ?

C’est le morceau qui décide. J’ai des morceaux comme Mountains, qui vient de sortir, où la voix serait « too much » alors qu’il s’y passe déjà plein de choses. Sur Closing avec Dylan, c’était un morceau d’accompagnement.

 

 

Pourquoi n’avoir choisi que des voix féminines ?

Ce n’est même pas une volonté de ma part. C’est juste plus compliqué de trouver des voix masculines. J’ai déjà testé mais ça n’a jamais vraiment matché. Et c’est plus rare de trouver des chanteurs qui ont une voix que j’aime assez légère, chaleureuse. Je n’ai pas eu l’occasion de trouver la bonne personne mais ça m’intéresse vraiment.

 

Il y a des clips à venir avec ce nouvel EP ?

Il y en aura a priori 2.

Pour la sortie de l’EP, je suis en train de travailler sur un clip qui est tiré d’un vieux film des années 1970 que j’aime beaucoup : Vanishing Point. On travaille un remontage complet de toute l’histoire sur Closing. Ça m’intéressait de m’éloigner un peu du tournage et de recomposer avec quelque chose qui avait déjà été écrit.

 

Ton nouvel EP est produit sur ton propre label, Intuitive Records. Pourquoi ce choix ?

Je ne me retrouve pas vraiment dans les labels qu’il y a en France.

À partir du moment où tu fais de la musique électronique tout seul dans ton coin et que tu n’as pas besoin de gros financements, tu peux très bien te démerder tout seul et garder une grande liberté sur ton champ d’action.

Créer ce label, ça me permet de produire des clips ou d’autres projets plus artistiques. J’ai besoin d’une structure juridique pour tout ça. J’ai rencontré plein de labels français et actuellement je ne m’y retrouve pas vraiment. D’autant que pour les EP, on n’a pas d’enjeux particuliers. On verra plus tard quand j’aurai un album.

Je ne dis pas du tout que les grosses maisons de disque ne sont pas bien. Je ne fais juste pas un projet de major.

 

Tu as la volonté de produire d’autres artistes sur ton label ? 

Nous avons en tout cas la volonté d’aider d’autres artistes. Mais nous n’avons pas du tout vocation à devenir un gros label, ce n’est pas le but.

 

Le visuel prend aussi une place importante dans Thylacine. Tu peux nous en parler ?

Je viens des Beaux-Arts donc le visuel me tient à cœur. Thylacine m’a permis de créer plein d’opportunités : travailler sur des clips, des pochettes, des visuels, des évènements spéciaux, des installations vidéo. J’aime beaucoup faire de la musique, mais s’il n’y avait que ça, ça ne m’intéresserait pas. Je m’éclate autant à faire tout ça qu’à faire de la musique.

Je travaille depuis le début avec Laetitia Bely sur les visuels sur scène. Je trouve intéressant de jouer de la musique électronique sur scène et d’emmener le public un peu plus loin avec tout le visuel.

 

Sur scène, tu joues du saxophone sur Home. Tu voudrais jouer d’autres instruments live ?

J’ai commencé avec le saxophone et c’est l’instrument que je maîtrise le mieux. Malheureusement je ne sais pas faire de la trompette ou du violon. (rires)

 

 

Pour ça, tu peux t’accompagner de musiciens.

J’ai entamé un travail avec des cordes sur le nouvel EP. J’aimerais bien faire un concert avec un orchestre à cordes. Particulièrement avec les cordes, il y a des sons qu’on ne peut pas produire avec un synthé. Elles apportent quelque chose de très différent sur un morceau.

 

Tu as bossé dernièrement une collaboration avec Fakear et Superpoze. Comment ça vous est venu ?

Fakear et moi nous sommes rencontrés sur des festivals : nous faisons partie d’une scène assez similaire. Fakear et Superpoze se connaissaient déjà depuis longtemps. Nous sommes devenus très potes.

Les 4 morceaux que nous avons sortis ont été composés lors d’un festival aux Arcs où nous avons eu la chance d’y rester 2 jours. Nous nous sommes dits qu’il fallait qu’on fasse de la musique ensemble. Nous avons passé une nuit à faire ces 4 morceaux à l’arrache : nous nous échangions des bouts de morceaux. C’était hyper sympa.

À l’avenir, je pense que nous allons bosser ensemble sur des projets plus sérieux.

 

 

Tu as fait une grosse tournée en 2014 en France. D’autres dates ? À l’étranger peut-être ?

Je fais une tournée au Vietnam en avril. Je fais 3 concerts et une journée de workshop avec des musiciens vietnamiens là-bas. Je vais aussi à Austin au SXSW en mars.

Pour le moment, à chaque fois qu’on part, c’est très loin (rires). J’aimerais bien tourner en Allemagne et en Angleterre. On verra bien ce qui se profile pour la suite.

 

Et Thylacine en 2015, c’est quoi ?

Il y a « Exil ». Il y a des festivals.

Sinon j’ai un gros projet avec le Transsibérien. Je vais partir dans ce train qui fait l’aller-retour de Moscou à Vladivostok en 14 jours. L’idée c’est de composer un CD entièrement dedans avec toutes mes machines. C’est un projet sur lequel je travaille depuis presque 2 ans. Je bosse avec une boîte de production audiovisuelle que j’ai rencontrée via Tokyo Reverse. Il y a 2 réalisateurs qui se sont greffés au projet pour réaliser des clips non-stop dans le train pendant que je vais composer. Il y a aussi une équipe documentaire qui va filmer le tout.

J’ai également un autre projet avec le centre Georges Pompidou sur une pièce que j’ai faite pour eux et qu’ils vont exporter dans plein de villes en France dans des écoles.

C’est bien de faire de la musique dans le circuit classique. Mais tous ces projets me plaisent aussi beaucoup. Je suis super content de faire ce type de projets hors circuit qui mélangent la musique avec d’autres personnes ou d’autres arts.

 

 

L’EP « Exil » est sorti le 26 janvier 2015 sur le label Intuitive Records.

Interview réalisée le 21 janvier.

Remerciements : William, Louise.

Chroniqueur
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