Interview de Filago
Auteurs avec « Dance Ordinaire » d’un premier album ambitieux sans être âpre, le groupe parisien Filago a bien voulu nous en dire un peu plus sur leur manière de travailler et leur statut de « groupe de rock » à Paris en 2018.
Vous êtes en activité depuis combien de temps ?
Depuis 2013, avec un premier EP sorti début 2014.
Vous citez Nick Cave parmi vos influences. que représente cet arstite pour vous ?
Nick Cave est un artiste complet et complexe, à la fois sauvage et sans filtre (bête de scène) mais également mystérieux et romantique, à travers sa poésie. C’est un personnage double et troublant qui force le respect et l’admiration. Sa longévité nous impressionne aussi. Sans dire qu’il représente une sorte de modèle pour le groupe, on a toujours été très sensibles à sa musique et à son écriture.
Vous êtes parisiens. C’est quoi, pour vous artistes, Paris 2018 ?
Il y a une belle scène à Paris, indéniablement, avec de nombreux groupes très talentueux. On pense notamment à Forever Pavot, O, Ojard, Mascara Snake, Halo Maud…
Être artiste en 2018 à Paris, c’est pouvoir être autosuffisants (on a auto-produit notre dernier disque et notre batteur a créé son label), c’est beaucoup de DIY et d’entraide avec les autres groupes. La communauté et la débrouille !
C’est difficile de faire du rock à Paris ?
Je dirais plutôt que ce n’est pas simple de faire du rock à Paris aujourd’hui. Il y a peut être moins de place pour les groupes « dits rock » aujourd’hui. C’est l’époque qui veut ça, aussi, si on réfléchit un peu, il y a de moins en moins de groupes avec batterie, basse, guitare et de plus en plus de projets (solo) avec juste machines et chant.
Les petites salles et les programmateurs vont avoir tendance à booker des formations logistiquement légères (1/2 membres max) plutôt que des formations à 4/5 membres. Plus simple, moins coûteux.
Le rock a peut être aussi du mal à se renouveler…
Comment définissez-vous votre musique ?
Sans entrer dans des termes trop farfelus qu’on a pu nous attribuer comme « kraut pop » ou encore « transe folk », Filago joue de la musique immersive et théâtrale.
Nos titres se présentent sous forme de tableaux aux climats denses et aux ambiances répétitives incarnés par un personnage marginal et attachant.
Comment vous y prenez-vous pour composer ?
Notre manière de faire sur « Dance Ordinaire » se distingue des précédents EP dans la méthode même de créer, car nous avons rompu avec le processus traditionnel « grille d’accord, texte, arrangements ». Sur cet album nous avons opté pour un processus beaucoup plus expérimental et déconstructif. On part la plupart du temps de nappes ou simplement de textures ou matières sonores qu’on trouve intéressantes.
A partir de cette toile de fond, on construit les lignes de voix et les lignes instrumentales. Souvent, ce n’est qu’une première ébauche avant de réagencer ces idées, pour enfin les refondre dans la composition finale.
On enregistre tous ces titres dans le studio de notre batteur Nicolas qui s’occupe aussi du mixage et de la prise de son. Le reste, on le produit ensemble.
Quels sont vos projets pour la saison prochaine ?
Rester dans la même dynamique productive que pour « Dance Ordinaire ». On souhaite sortir des nouveaux titres (tâcher de mettre moins de temps à les sortir que les précédents) et bien évidemment défendre ces titres en live.
Aimeriez-vous jouer dans un festival ?
Oui, bien sûr. On a déjà joué en festival et c’est clair que c’est une autre ambiance qu’en club. Le rapport avec le public est différent. Le plein air et le format des concerts (plus courts en festival) y sont pour beaucoup.
- Date de l'interview 1 164 vues 2018-07-03
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