"> Interview de Minou - Indiepoprock

Interview de Minou

Comment s’est créé Minou ?

Sabine : Au début, ça a commencé avec un clash : je voulais partir à Montréal et Pierre m’a rattrapé en me disant qu’on allait faire un groupe. De là est né Minou.

Pierre : C’était en 2012. Ça fait donc 3 ans que le groupe existe. Sabine et moi nous connaissons depuis le lycée.

On a eu d’autres projets ensemble : on a eu nos groupes, on a accompagné d’autres artistes aussi. Mais on n’avait jamais encore fait un projet qui nous rassemblait tous les 2.
C’est un peu un pari qu’on s’est donné. On voulait absolument que ça soit un projet en français : exercice qui était assez nouveau pour nous au départ.

 

Vos projets précédents étaient dans la même veine musicale ?

Sabine : C’était beaucoup plus rock. On chantait en anglais.

Pierre : On était dans un groupe avec une ambiance de groupe, et on voulait sortir un peu de ça. Avec Sabine, on est vraiment sur la même longueur d’onde musicalement. On voulait s’en tenir à ça et faire un projet à nous 2.

 

Qui fait quoi dans le duo ?

Sabine : En général, Pierre amène un squelette de chanson. Je vais intervenir sur des rythmes, des arrangements, des synthés, des mélodies/chants. À la fin, Pierre écrit un texte que je relis, modifie.

Pierre : Sur la compo, on bosse vraiment tous les 2. On a un petit home studio à la maison. En effet, on n’intervient pas au même moment dans le processus de création. On fait du ping-pong pour se renvoyer la balle. La plupart du temps, les chansons naissent comme ça.

 

Un gars et une fille qui bossent ensemble, ce n’est pas très compliqué ?

Ensemble : Si !

Sabine : Il y a des portes qui claquent.

Pierre : Si ce n’est pas le bordel, ça ne marche pas. Si une chanson se termine sans qu’on se soit engueulés ou qu’on soit trop d’accord, il y a un truc qui ne va pas.

Sabine : On est en couple dans la vie. Il y a donc un ego encore plus fort. On se dit des choses qu’on ne se dirait pas si on était juste amis.

 

Comment vous est venu votre EP « Besoin d’un renouveau brutal » ?

Sabine : On a fait un premier EP de 3 titres, dont une reprise de Michel Polnareff.

Pierre : On a fait pas mal de concerts après, et deux ans plus tard on a écrit cet EP. On a mis pas mal de temps à l’écrire. On se demandait aussi comment on allait le financer parce qu’il est sorti en autoproduction. Tout ça a été un processus très très long.

On avait besoin d’écrire cet EP comme un constat. On a choisi de l’appeler « Besoin d’un renouveau brutal » parce que c’est comme ça que nous avons envisagé la création du groupe aussi. Il fallait qu’on se prenne ce renouveau brutal en pleine tronche. Il fallait qu’il passe par ces 6 titres. Il fallait que ce soit un moyen d’évacuer quelque chose.

Il va être réédité très bientôt avec notre nouveau label.

 

 

Vous dites avoir fait des concerts avant l’EP. Vous aviez quoi comme morceaux à jouer ?

Pierre : Il y avait à boire et à manger ! (rires)

Sabine : On a joué des titres qui n’existaient pas.

 

Ça veut dire qu’il y a des morceaux que vous avez joué qui ne sont jamais sortis ?

Sabine : Ni sur un EP, ni sur Internet. Ce sont des démos.

Pierre : Il y en a qui existeront certainement un jour sur un album et d’autres qui n’auront existé qu’en live. On s’est d’ailleurs servis de ces 2 ans pour jouer les morceaux de cet EP en live et voir comment on réagissait à les jouer live. On voulait aussi prendre la température avec le public et voir où il était réactif.

Dès la première année, on a fait une cinquantaine de dates avec Minou. Ça a été super formateur pour nous.

 

Dans l’EP, vous parlez beaucoup d’évasions ou d’ailleurs. Pourquoi ça ?

Sabine : On parle des voyages que l’on ne fait pas.

 

… Que vous ne faites pas ?

Sabine : Ah non ! On ne fait pas les voyages justement. (rires) On est plutôt du genre à rester entre 4 murs. On ne sort pas des masses. On est beaucoup tous les 2. Alors on rêve d’autre chose.

Pierre : Du coup, tu t’imagines une sorte de carte postale d’un endroit où tu n’as jamais été et t’essaies de la mettre en chanson avec toute la poésie et tout le côté rêveur dont tu peux avoir envie. Le jour où on aura visité les endroits qu’on cite, peut-être qu’on se dira qu’on n’aurait jamais pu écrire ça.

Sabine : L’EP, c’est un peu la bulle que l’on imagine tous les 2.

Pierre : Mais on ira à Juneau en Alaska…

Sabine : … Et à Montréal.

 

Justement, le Canada revient beaucoup dans le groupe Minou entre votre titre Montréal et votre intérêt pour Misteur Valaire. 

Pierre : Dans les hémisphères nord, les déserts blancs nous inspirent. Je ne sais pas pourquoi. Ce côté froid, serein, où la vie s’arrête presque et où il reste juste un tout petit filet d’eau pour que ça vive. Ça nous plaît de nous imaginer nous retrouver dans ce genre d’endroits.

Si on fait le constat des groupes qu’on écoute, il y a beaucoup de groupes canadiens : Metric de Toronto, Arcade Fire évidemment, et puis Misteur Valaire qu’on adore.

 

Il faut partir jouer au Canada alors.

Pierre : C’est la prochaine étape.

Sabine : Grave ! On aimerait bien. On a le titre Pense à moi qui est sur quelques radios au Québec.

Pierre : La boucle sera bouclée quand Montréal sera joué à Montréal.

 

 

Vous avez eu des influences particulières pour cet EP ?

Pierre : C’est un pot-pourri des 20 dernières années. On ne s’est pas donné de code musical. Il y a eu quelques tentatives au début quand on formait plus un set qu’un album. On s’autorisait un peu plus d’autres choses. Sur cet EP, il y a eu lâchage total.
Ce qu’on écoute est très éclectique donc on ne peut proposer que quelque chose éclectique. Le fil conducteur c’est nos 2 voix, mais aussi les guitares et les synthés qui sont toujours là.

 

Ça veut dire que vous avez écrit beaucoup de morceaux de styles différents et avez dû en choisir 6 ?

Pierre : On avait bouclé en mars 2013 nos premières sessions en studio. On avait 6 titres. On s’est dit qu’on allait les sortir. Une semaine avant, on en avait composé 2 nouveaux : Grand bain et Pense à moi. On en a alors retiré 2 pour mettre ceux-là.

Sabine : On connaissait à peine les morceaux. Il y a ça aussi : on travaille dans l’urgence. On ne va pas se poser quelque part en disant qu’on va écrire. Ça vient naturellement et ça vient souvent dans l’urgence. Si on doit rendre un titre, on va peut-être le faire la veille ou la nuit. La nuit nous inspire.

 

L’EP est sorti en mai. Que s’est-il passé pour vous depuis ?

Pierre : On a remporté un radio-crochet sur France Inter. Un truc improbable où on s’est inscrit sur Internet sur recommandation de notre attachée de presse qui nous disait que ça pourrait être cool. Ça ne nous emballait pas plus que ça et puis finalement on l’a fait. On a passé les auditions. On s’est retrouvé dans les 12 derniers qui allaient auditionner. De semaine en semaine, on a été repêchés. On est arrivés en finale et on a remporté ce concours. Il y avait 5000 inscriptions au départ : c’était complètement dingue.

Ce concours nous a apporté beaucoup de visibilité. On a été tout l’été en live sur une grosse antenne. Et on a pu signer chez Cinq7.

Ça a été un été flou et fou. On s’est pris une rentrée clash avec une tonne de boulot. On est en pleine ébullition en ce moment.

 

Vous avez sorti quelques clips. Vous allez en sortir d’autres ? Et est-ce que le visuel en général vous intéresse ?

Pierre : On a toujours fait ça de bric et de broc avec ce dont on avait envie sur l’instant. On a rarement pensé à long terme qu’on faisait un clip ou des photos. Depuis peu de temps, on se concentre là-dessus et le label nous aide.

On va probablement reclipper Pense à moi.

Sabine : On a vraiment envie de plus soigner l’esthétique. Les pochettes sont assez soignées. On n’a jamais trouvé l’équipe vidéo parfaite pour réaliser nos envies. Et on n’est pas des réalisateurs. Mais on a envie de soigner les clips comme les pochettes.

 

 

Vous faites de la pop française. Est-ce que comme Christine and the Queens, ça vous tenterait de réécrire vos titres en anglais ? Ou même de composer des morceaux en anglais ?

Pierre : On a déjà chanté en anglais. On a déjà aussi écrit en anglais. On saurait faire. Après, je ne suis pas très à l’aise dans le sens où on n’est pas bilingues. On n’a pas la facilité de l’écriture et du chant en anglais. Ça demande un certain boulot et il ne faudrait pas que ça fasse « les Français qui chantent en anglais ».

Montréal a une version anglaise. On se la garde derrière les fagots si ça passe la Manche ou l’Atlantique.

 

Il y a des artistes avec lesquels vous aimeriez bien travailler ?

Pierre : Moi, c’est Misteur Valaire. Je suis bloqué là-dessus. (rires)

Sabine : Moi, j’aimerais bien Damon Albarn.

 

Et avec un artiste français ?

Pierre : Oui on en a. Mais on sait comment ça se passe en France. À partir du moment où tu te cibles une collaboration, on te colle une étiquette et tu deviens de la famille de tel artiste. C’est un peu compliqué de dire que t’aimerais bosser avec Daho parce qu’il y a toute une « Dahosphère » autour de lui. On aimerait travailler avec tous les grands noms de la chanson française qui ont vraiment apporté une couleur différente…

Sabine : Après, je ne suis pas contre de travailler avec Stromae ou Christine and the Queens. (rires)

Pierre : On écoute beaucoup de français. Il y a beaucoup de choses qui nous plaisent comme Robi. On est vraiment très ouvert sur les collaborations. Un jour, je pense qu’on va concrétiser vraiment.

 

Vous écoutez quoi en ce moment ?

Pierre : J’écoute le nouveau New Order (« Music Complete »).

Sabine : J’écoute le dernier Metric (« Pagans in Vegas »).

Pierre : On s’est pris une grosse baffe aussi par The Weeknd qui est canadien, encore une fois. On s’est demandé qui était ce Kanye West qui fait des trucs mieux que Kanye West avec un groove de malade et une super production.

 

Quels sont les futurs projets de Minou ?

Sabine : On travaille sur un premier album.

Pierre : Pour la petite info, on rentre demain en studio pour commencer les premières sessions.

Pour les tournées, en ce moment on est sur une formule où on joue beaucoup à 2 parce qu’on fait beaucoup de clubs, de premières parties, et c’est adapté. Petit à petit on aimerait imposer une formule qu’on a déjà faite sur scène avec notre batteur et puis pourquoi pas une quatrième personne pour avoir cet effet de groupe, cet effet de live qu’on aime beaucoup.

On va essayer de faire du mieux possible pour ce premier album. Un premier album il n’y en a qu’un, il faut donc qu’il soit bien et qu’il nous ressemble.

 

 

L’EP « Besoin d’un renouveau brutal » est sorti le 11 mai 2015.

Interview réalisée le 28 septembre.
Remerciements : Sabine, Pierre, Melissa.

Chroniqueur
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