Interview de My Brightest Diamond
Shara, peux-tu nous expliquer le titre de l’album ?
Le titre, "A thousand shark’s teeth" (un millier de dents de requin, ndlr), est issu des paroles de Goodbye forever. Je songeais à l’idée d’intimité et à tout ce qui nous empêche de donner et de recevoir de l’amour. Je me disais que si on parvient à franchir ces obstacles, alors on peut entendre le chant des étoiles et ressentir la lumière et la chaleur du soleil, comme si c’était l’amour lui-même, et que cette sensation serait telle à la morsure de milliers de minuscules dents de requin. Comme dans l’album il est beaucoup question des relations humaines et du sentiment de proximité ou d’éloignement, ces mots m’ont paru appropriés, et j’ai décidé d’intituler l’album comme cela.
Sur cet album, tu sembles donner encore plus d’ampleur à ta voix que sur le précédent. Est-ce volontaire ou l’écriture des chansons qui t’y a incitée ?
Les chansons de l’album ont été écrites sur une période de six ou sept ans, c’est donc difficile pour moi de parler de manière générale. Mais je pense qu’en effet, mon chant est plus varié sur le nouvel album que sur "Bring me the workhorse". Et, ne serait-ce que pour les titres écrits plus récemment, mon intention était de donner plus d’importance à la voix, de faire en sorte qu’elle véhicule plus d’émotion, et de ne pas me reposer uniquement sur les paroles pour cela.
Plusieurs chansons de l’album ont une écriture qui se rapproche de la musique classique. Quelle était ton ambition première et avais-tu des références en la matière ?
Depuis plusieurs années, je compose des pièces pour cordes, et j’écris des chansons de manière distincte. Pour certaines, les instruments à cordes constituent l’ossature des chansons. Dans d’autres cas, les arrangements de cordes ne sont rajoutés qu’après. "Bring me the workhorse", mon premier album, est composé majoritairement de chansons qui entrent dans cette seconde catégorie. Et sur The brightest diamond, qui figure sur le nouvel album, ce sont les paroles qui ont déterminé la forme de la chanson. Je n’avais pas de parties musicales pré-écrites.
Alors peut-être que le nouvel album a une approche plus classique, mais ce n’est pas vraiment comme cela que je voyais les choses. Mon ambition, c’était avant tout de faire évoluer ma manière de composer, de sortir des schémas que j’avais déjà utilisés. Sept des chansons présentes sur l’album avaient déjà été enregistrées avec un quatuor à cordes avant même la sortie de "Bring me the workhorse". A l’époque, je pensais que c’était comme cela que je voulais entendre ces chansons, mais une fois l’enregistrement terminé, elles ne me plaisaient pas, et je n’ai cessé de les retravailler. J’ai donc pratiquement tout réenregistré, et ajouté des parties de batterie. Cet album est définitivement le produit d’un long processus.
Qu’est-ce qui a été le plus difficile à accomplir pour cet album ?
Le plus dur, ce fut de déterminer précisément ce que je voulais et quelle forme donner à mes envies. Il m’a fallu plusieurs années. Au départ, mes connaissances sur la nature de chaque instrument étaient limitées. Mais plus j’apprenais, plus mes envies évoluaient. Je pense que je souffrais tout simplement d’un manque d’expérience.
Dans quelle formation vas-tu évoluer sur scène pour défendre l’album ? Seras-tu seule avec quelques musiciens ou bien vas-tu élargir le groupe, en ajoutant une section de cordes par exemple ?
Pour certains concerts, nous évoluerons en formation simple, guitare, basse, batterie. Pour d’autres, je serai seule avec un quatuor à cordes. A New York, à l’occasion du concert de lancement de l’album, nous serons une dizaine sur scène, donc ce sera un beau défi à relever ! J’aime jouer avec des formations différentes, car cela me permet de révéler des facettes différentes de mes chansons. Avec une formation "rock", je peux utiliser une pédale de distorsion sans me soucier de savoir si je vais couvrir ou non le son des cordes. Au contraire, lorsque je me retrouve avec un quatuor à cordes, je dois beaucoup plus me concentrer afin de faire émaner un sentiment d’harmonie entre les différents éléments. C’est à la fois très excitant et très frustrant de faire cohabiter des instruments de nature différente, car il faut sans cesse chercher dans quel registre ils peuvent s’accorder, et ce qu’il faut éviter pour ne pas tomber dans la cacophonie !
P.S : merci à Léna
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