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Interview de My Jazzy Child

Damien Mingus est le maître d??uvre de My Jazzy Child qui sortira fin août son nouvel album. On le retrouve également au sein des groupes Arafight et Encre. Il est peut-être temps de faire donc un point sur la carrière de ce touche-à-tout.

Depuis le début de ce projet, celui-ci a pas mal évolué, passant d?une sorte d?electronica expérimentale et/ou musique répétitive, à quelque chose aujourd?hui de presque « pop » jamais dénué d?un certain groove. Comment vois-tu toi-même cette évolution ?

C’est vrai que les premiers disques que j’ai sorti sous le nom de My Jazzy
Child étaient moins évidents, beaucoup moins mélodique même si j ai toujours essayé de raconter plus ou moins quelque chose, dans ces instrumentaux… Mais même a ce moment là, je continuais a jouer dans des groupes, pop, folk ou rock…

Quand j?ai utilisé ma voix pour mes morceaux, je l’ai abordé de la même manière que j?abordais mes disques préparés, une guitare ou quoique ce soit d’autre, en s’amusant, en improvisant avec, en essayant finalement d?aller à l’essentiel? Et ce sont des mélodies qui me viennent le plus naturellement lorsque je chante, des mélodies très simples, souvent des sortes de comptines finalement, ce qui fait que mes morceaux ont très vite pris un format plus « chanson », au sens le plus libre du terme…

J’ai finalement toujours considéré que je faisais une sorte de folk à moi, urbain et banlieusard, toujours avec les moyens du bord, qu’il s?agisse d’un quatre-pistes ou d’un ordinateur, d’une guitare ou faire du R’nB’ avec des cuillères et des bruits de bouche?

J’aurais pu changer de nom pour ces projets plus folk et pop, mais on l’aurait alors peut être prit pour le « projet pop » de Damien Mingus, alors que ce n’est pas le cas? J’ai l’impression d’aborder mes morceaux à peu près de la même manière même si le résultat n’est pas toujours celui auquel on s’attend…

Quels artistes ont été déterminants dans ta découverte de la musique et ton envie d?en faire ?

Sonic Youth… Même si j’écoutais pas mal de musique avant, c?est vraiment avec ce groupe que j’ai compris plein de choses en musique que je n’avais pas saisi avant. Leur approche a la fois expérimentale et « pop » m’a fait découvrir à la fois tout le rock indé et ses ramifications et les musiques plus expérimentales, du free jazz à Tony Conrad, Merzbow ou Pansonic…

Et puis le Velvet Underground évidemment qui m’a complètement scotché quand j?ai découvert Velvet Underground & Nico. Ensuite la soul, le jazz, le hip-hop, le métal… J?aime beaucoup de styles. Des individualités comme Wyatt, Moondog, Brian Wilson, Coltrane me fascinent, comme beaucoup d autres musiciens, par la poésie et la maîtrise de leur musique….

Comment travailles-tu ? Pars-tu d?un son, d?une idée ? Comment travailles-tu sur les sonorités ? L?accident joue-t-il également son rôle ?

Comme souvent pour ce genre de questions, je te répondrai que ça
dépend… Disons que les morceaux qui partent d’une idée sont moins nombreux car ce sont toujours les plus longs à réaliser, à finaliser pour qu’ils s’approchent de ce que j’avais en tête? Et ça ne marche pas toujours d?ailleurs…

Sinon c?est souvent l’improvisation qui prédomine comme « méthode » pour composer. Du coup l’accident n’est peut être pas le bon terme… Disons plutôt dérapage que je retravaille ensuite, toujours en utilisant l’improvisation, que ce soit pour la musique ou pour les voix… Pour « Sada Soul », j?avais choisi de réenregistrer les voix, de réenregistrer plusieurs parties d?instruments.

Pour « I insist », mon prochain album, c’est au contraire très brut, assez low-fi mais on peut aujourd?hui jouer avec ce coté low-fi en le confrontant aux techniques informatiques. Je continue à utiliser mon ordi de la même façon que j’utilisais mon quatre-pistes… C’est simplement une histoire de technologie, d’outils…

Sur scène, tu te présentes en groupe, plus rock. Est-ce une volonté de présenter plusieurs visages à ton projet ? Pour qu?il y ait en permanence un effet de surprise ? En même temps il me semble que pour les concerts correspondants à ton dernier album tu jouais avec un groupe sous le nom de Arafight Allstars plays My Jazzy Child ? Est-ce un groupe susceptible de jouer sur scène les projets de chacun de ces membres ?

Je vais essayer de répondre à toutes ces questions à la fois…
Le live, sous toutes ses formes est quelque chose que j?adore et qui est très importante pour moi. Je me suis toujours efforcé de ne pas me répéter, surtout en live, d’essayer quelque chose de nouveau à chaque fois. Je fonctionne pas mal comme ça…

J’ai réuni ce groupe (Arafight tout court, même si le groupe change
de nom a chaque répèt..) pour jouer mes morceaux. On savait de toute façon que ça ne sonnerait pas comme l’album… Donc on a jouer ensemble, KingQ4 (drums), Rel Pot (clavier /trombone), Orval Carlos Sibelius et Salima Tej aux guitares… et le résultat a été ce mix assez groove entre rock et afro… Du Felac !

On a tourné avec cette formation pour l’album et évidemment les gens étaient surpris? Tant mieux ! Les mélodies de l’album sont toujours là avec une énergie complètement rock et live…

Maintenant le groupe est en pause. On doit tourner en novembre et janvier avec Encre pour quelques dates en Europe mais pour l’instant on ne sait pas encore avec quel répertoire exactement… Cela dit pour l?instant, et pour mon nouvel album c’est en duo avec Orval que je fais des concerts, pour un set rock, minimal et psyché…

Tout cela me permet en fait, au delà du plaisir que je prends a changer de
« style » régulièrement, de ne pas figer My Jazzy Child comme un projet fermé, mais au contraire, de pouvoir utiliser ce nom pour jouer et tenter a chaque fois de nouvelles envies en live comme sur disque…

Tu joues également comme bassiste avec Encre. Comment s?est passée cette rencontre ? Avez-vous une part dans l?élaboration des morceaux, des arrangements ou tout cela reste le privilège de Yann Tambour ?

Quand Yann a sorti son premier disque sur Clapping Music et que s’est posée la question du live, on s’est très vite retrouvé à répéter en formation rock. Yann ramène les éléments essentiels des morceaux, les samples ou la mélodie, et on recompose le morceau ensuite ensemble en suivant plus ou moins la structure du morceau original…

L’avantage de ce travail de recomposition, qu’il s?agisse de Encre ou My Jazzy Child, est justement de pouvoir se libérer des morceaux enregistrés seul dans une chambre pour leur donner une forme beaucoup plus énergique et live…

Nous tournons très souvent à deux groupes, avec des membres en communs, le guitariste de l’un fait l’ingé-son pour l’autre et vice versa… C’est un fonctionnement qui nous va très bien pour le moment….

Ta carrière musicale correspond à la naissance, l?avènement et la reconnaissance de trois labels : EVENEMENT!, Clapping Music et Active Suspension. Peux-tu nous expliquer ces relations ?

Nous avons lancé EVENEMENT! et Clapping Music en même temps avec Ernesto Carnaval. EVENEMENT! en réaction aux difficultés qu’implique aujourd?hui la création et la vie d’un label comme Clapping Music. De son coté, Active Suspension avait déjà sorti pas mal de 45 tours, dont O.Lamm (un des piliers d?EVENEMENT!) ou le premier 45 tours de Encre… C’est donc assez naturellement, et parce que humainement on était sur la même longueur d’onde, que tout le monde s’est rapproché avec l’envie de travailler ensemble…

Pour ma part, j?ai sorti mes premiers disques sur EVENEMENT!, mon premier 45 tours sur Active Suspension et aujourd?hui mes albums plus « pop » sur Clapping Music. Mais encore une fois tout ça se fait si naturellement pour nous, qu’on oublie parfois que ça peut brouiller les pistes.

Tant mieux cela dit ! Mais, les trois labels existent toujours, et même si certains musiciens font des allers retours entre les différentes entités, il me semble qu’artistiquement, ils ont tous les trois une pertinence et une singularité qu’il serait dommage de perdre.

Tu vas sortir ton nouvel album toujours chez Clapping Music. Est-ce que tu peux nous en dire un peu plus ?

C’est un album qui a été prêt assez rapidement après la sortie de « Sada
Soul »… Plus low-fi et plus brut que « Sada Soul », je le vois plus comme un disque folk, même si certains morceaux sont plus électroniques qu’acoustiques? On y retrouve aussi des morceaux plus anciens mais il me semble que l’album est très cohérent peut être plus que son prédécesseur…

D?autres choses de prévu pour la fin de l?année ?

L’album « I insist » sort à la rentrée, certainement quelques concerts avec My Jazzy Childs Duo et une tournée avec My Jazzy Child / Encre dans plusieurs pays d?Europe (Suisse, Allemagne, France, Espagne, Autriche, Italie..).

Sinon la ?Section Amour? nouveau collectif d’improvisation issue d’EVENEMENT! All Stars et de Concertmate fera ses premières armes aussi en novembre pendant une semaine a Bruxelles aux Halles de Schaerbeck avec Erich Zahn, Noak Katoi, King Q4, Domotic, O.Lamm, Davide Balula, MJC, Minifer, Organ… Un gros atelier d’improvisation continue avec une interface informatique en guise de chef d’orchestre… La Section Amour by people from EVENEMENT!, Clapping Music and Active Suspension.

Chroniqueur
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