"> Interview de Noisy Fate - Indiepoprock

Interview de Noisy Fate

Rencontre avec Erwan Kernevez et Olivier Quesada, la section rythmique de Noisy Fate, à l’occasion de leur concert au Divan du Monde à Paris, en compagnie de Mobil Session Team et eNola.

La plupart des gens ont découvert Noisy Fate grâce à un sampler Rock Sound avec le titre La TN’O Lover qui n’est pas du tout révélateur de votre musique. Est-ce que ce n’est pas un peu risqué ?
Erwan Kernevez : En fait, ce qui s’est passé dans le Rock Sound qui était spécial rock français et qui est sorti pendant l’été 2000, c’est qu’ils nous réclamaient une chanson qui représentait Nowhere et il s’est avéré que celle-là était peut-être la plus aboutie, elle avait un côté fun et du coup on a décidé de la mettre. Mais si tu regardes sur le sampler, il y a marqué Nowhere, il n’y a pas marqué Noisy Fate. On ne voulait pas qu’il y ait marqué Noisy Fate, on ne voulait pas être connu pour cette chanson qui n’a rien à voir avec le style qu’on fait, même si cette chanson est sur notre album. Là, c’était plus pour dire : voilà, c’est comme si Nowhere était un groupe. C’est Noisy Fate qui a composé cette chanson mais, par contre, chaque chanteur de Nowhere a apporté son texte. Donc c’est vraiment une chanson qui représente bien le délire Nowhere. Mais effectivement ce n’était pas une chanson de Noisy Fate, il y a juste marqué « jouée par Noisy Fate », mais il n’y a pas marqué que c’est du groupe Noisy Fate.

Pourquoi avoir choisi d’inclure ce titre sur l’album qui est vraiment différent ?
E : A la base dans Nowhere, on était parti sur le principe que sur chaque album, chaque groupe de Nowhere devait faire une chanson avec le collectif. Nous, au début, on ne savait pas du tout comment ça allait sonner. On a fait une petite musique un peu espagnole avec une petite guitare mais on ne savait pas du tout ce qui allait se passer. Les autres ont improvisé.
Olivier Quesada : Pour rassembler un peu tout le monde, tous les chanteurs de tous les groupes de Nowhere, il fallait aussi faire une chanson un petit peu hip-hop pour que tous les chanteurs s’y retrouvent et qu’il y ait une cohésion entre tous les groupes.
E : On s’est posé la question « est-ce qu’on doit la mettre sur l’album alors qu’elle est différente des autres ? ». on a pris parti de ne pas la mettre en chanson cachée pour bien montrer qu’on fait partie de Nowhere, même si on est beaucoup plus pop que les autres groupes, et aussi parce qu’elle nous plaisait. Même en étant différente, elle nous représentait un peu.

Pour ceux qui ne vous connaissent pas encore, comment définiriez-vous votre musique ?
E : En fait, c’est de la pop à grosses guitares, c’est ça, maintenant je vais laisser Olivier développer cette idée.
O : Je ne sais pas, c’est assez difficile. C’est pop mais ça reste assez péchu.
E : La formule classique de Noisy Fate, c’est en fait un couplet assez rentre-dedans, pas métal parce qu’on est pas du tout un groupe de métal à mon sens, mais c’est quand même des grosses guitares, et un refrain plus pop, plus accrocheur. C’est souvent comme ça que ça se passe. Par exemple, « Avoir l’air », c’est ça, un couplet assez soutenu au niveau grosses guitares et un refrain beaucoup plus pop.

Est-ce qu’il y a un terme, une étiquette qui pourrait éventuellement définir votre musique ?
E : On n’a pas l’impression d’appartenir à un mouvement comme la pop/rock, le néo-métal. On n’est peut-être pas très objectif, on a du mal à définir notre musique. On a l’impression, par exemple, qu’en France, il n’y a personne qui fait ce genre de musique, ce côté pop mais à la fois péchu. On a l’impression qu’on est un peu les seuls sur ce créneau.
O : On a un peu le cul entre deux chaises, entre les groupes pop qui font vraiment de la pop…
E: Entre la pop à la Dolly et les groupes un peu plus énervés comme ceux de Nowhere. Mais s’il faut un mot… je ne sais pas… La power-pop peut-être. Les magazines parlent de néo-pop mais on ne sait pas trop ce que sait. On n’aime pas trop les étiquettes. C’est plus un truc de journalistes qui aiment bien inventer un terme et faire en sorte qu’il se développe. Nous, on fait de la pop à grosses guitares.

Justement, n’avez-vous pas peur que l’on vous colle une étiquette néo-métal du fait de votre appartenance au collectif Nowhere ?
E : En fait, à l’origine, Nowhere, c’était des potes, ce n’était pas du tout un collectif de néo-métal. Il s’avère que effectivement il y a plus de groupes de néo-métal que pop, vu qu’on est les seuls à faire de la « pop ». Effectivement, ça a d’abord été connu pour être un truc de métal parce que ce sont Pleymo et Enhancer qui sont arrivés les premiers. Du coup tout le monde a assimilé ça à un collectif de néo, ce qui n’est pas le cas, vu qu’on est dedans. Est-ce que c’est dangereux ? Ça nous apporte un public qui est en général assez réceptif. On a fait beaucoup de concerts avec les autres groupes de Nowhere et d’autres groupes du même style et ça s’est toujours très bien passé. Peut-être parce que le public de néo-métal est assez ouvert. Peut-être qu’à la sortie de notre album, les gens pensaient qu’on était un groupe de néo. Maintenant, du fait qu’il commence à y avoir un peu de diffusions sur les radios sur Paris, avec la sortie de l’album, les gens commencent à comprendre que Nowhere ce n’est pas qu’un collectif de néo.
O : On y a pas mal participé en essayant de dire qu’on n’était pas un groupe de métal par le biais des médias. On commence à avoir quelques articles dans la presse nationale et on essaye bien de spécifier qu’on ne fait pas du métal et que ce n’est pas parce qu’il y a marqué Nowhere que les gens vont venir à notre concert et sauter partout.
E : Le but, à l’origine de Nowhere, c’était que chacun ayant son public, de faire découvrir par exemple au public de Noisy Fate les autres groupes et les groupes de néo-métal peut-être, de la musique que les gens n’auraient pas écoutée. Ils pourront ouvrir leur esprit à un nouveau type de musique. En l’occurrence, c’est plus le contraire qui se passe étant donné que c’est d’abord Pleymo et Enhancer qui sont sortis mais on espère que nous, justement, on va leur attirer un public qui, à l’origine, n’aurait pas écouté du néo-métal.

On sent qu’à travers ce collectif, en lisant aussi les remerciements sur l’album, vous êtes vraiment attachés à l’amitié qui vous lient aux autres groupes.
E : Oui, c’est vraiment ça. Nowhere, c’est à la base un collectif d’amis. On était tous amis, il s’est avéré qu’on avait des groupes, on s’est dit qu’on allait s’entraider. Il n’y a pas eu de choix vraiment musicaux. C’est vraiment parce qu’on était potes. Il y en a un qui avait vu un film qui s’appelait Nowhere et on s’est appelé Nowhere. C’est tout con à la base.
O : Je pense que c’est assez nouveau. Je sais qu’il y a une dizaine d’années, quand j’ai commencé la musique, c’était vraiment chacun pour soi.
E : On a l’impression qu’il y a plein de collectifs qui arrivent. Je ne sais pas si Nowhere a été un des premiers mais en tout cas ça a été un des plus médiatisés dans le rock. Effectivement, c’est un truc qui semble assez nouveau.
O : C’est peut-être aussi pour ça que les jeunes ont voulu s’identifier à ce mouvement, qu’il y a plein de groupes qui écoutent les groupes de Nowhere et qui disent « Tiens, pourquoi pas, finalement l’entraide ça peut marcher, c’est peut-être la meilleure solution pour arriver à quelque chose ».

Vous avez signé sur un label indépendant (Timer Records), est-ce un choix totalement volontaire ?
E : Au début, on avait enregistré notre album avec notre argent, on avait tout autofinancé et c’est vrai qu’on est d’abord allé voir les majors, on a eu de très bonnes accroches avec plusieurs majors qui étaient super motivées. Le problème, c’est que ce sont des structures énormes qui mettent énormément de temps. Il y a aussi des problèmes d’ego au niveau des directeurs artistiques. Vu qu’on arrivait avec un produit fini, ça les dérangeait. Ils veulent pouvoir dire « J’ai découvert ce groupe, c’est moi qui l’ait amené là où il en est maintenant ». Ce qui n’était pas le cas pour nous étant donné qu’on arrivait avec un produit fini. Le directeur artistique n’avait rien à faire et ça le gênait donc souvent. Dans les grosses majors, on nous a dit « votre truc, c’est vraiment bien, ça nous intéresse mais on veut réenregistrer l’album ». Ils nous le disait pas ouvertement mais c’était pour poser leurs griffes sur le truc. Ça nous a un peu pris la tête.
O : On n’avait pas de temps à perdre.
E : On a perdu pas mal de temps avec ça et, au final, on s’est dit qu’on allait le sortir chez un indépendant. On a eu plusieurs plans et on s’est très bien entendu avec Timer. En fait, on est content, même si ce ne sont pas les mêmes moyens de promotion, de distribution qu’une major, c’est travaillé comme un premier album doit être travaillé. Disons que les majors ne savent pas travailler les premiers albums. Elles ne font pas le travail qu’un indé fait. Chez un indé, il y a peu de moyens mais il se donne à fond.
O : Tout ce qui est tracts, des choses comme ça, c’est vrai qu’une grosse maison de disques s’en fout. C’est soit de la grosse pub, soit rien du tout.
E : Effectivement, on aurait été content de signer chez Sony pour notre premier album mais au final, c’est moins bien parce que si tu n’es pas une priorité pour la maison de disques, tu restes au placard. Pour un indé, tu es une priorité parce qu’il a cinq groupes, il croit en tous les groupes parce qu’il les signe autant humainement que musicalement et il se défonce. C’est le cas d’Olivier de Timer. On est très content d’être chez lui.

Vous avez des relations très amicales avec les groupes du collectif Nowhere. Est-ce qu’il y a les mêmes affinités avec les groupes du label ?
E : On a joué une fois avec Mobil Session Team, avec qui on joue aussi ce soir, parce qu’ils sont chez le même tourneur que nous. Effectivement, on s’est très bien entendus, ça colle très bien au niveau des plateaux, c’est assez pop/rock aussi, c’est dans la même lignée que nous. On a rencontré aussi un autre groupe, lorsqu’on est allé faire des concerts dans le coin du label, c’est-à-dire Angoulême-Bordeaux, et ça s’est aussi très bien passé. Mais c’est vrai qu’à cause de la distance, on se voit beaucoup moins souvent. On s’entend très bien mais on n’est pas les meilleurs amis du monde non plus car on ne s’est pas rencontré souvent. Alors qu’avec les mecs de Nowhere, on se fait tout le temps des soirées ensemble. Quand il y a un concert, il y a tous les autres qui viennent. Ce soir, il y a tous les mecs de Nowhere, on se voit vraiment souvent.

Vous avez partagé la scène avec Mass Hysteria, ce soir c’est avec des groupes plus pop (Mobil Session Team et eNola), dans quelles circonstances vous sentez-vous davantage à l’aise ?
E : Jusqu’à présent, nous avions beaucoup joué avec des groupes de métal parce qu’on avait des plans comme ça. Ca nous déplait pas, en général il y a un très bon accueil mais c’est vrai qu’à terme, faire uniquement ce type de plateaux, ce n’est pas notre but.
O : En tout cas, pour les derniers concerts qu’on a pu faire, c’est-à-dire avec des groupes un peu plus pop, dans notre lignée, c’est beaucoup plus agréable.
E : Le public est vachement différent. C’est plus un public qui écoute, qui bouge moins parce que, sur notre musique, on ne fait pas de gros jumps. C’est assez nouveau pour nous et c’est très bien.
O : Quoique j’étais aussi content de jouer avec Mass Hysteria devant mille personnes à chaque fois.
E : Surtout que Mass Hysteria, vu l’évolution qu’ils ont prise sur leur nouvel album, ça s’est vachement bien passé et en fait, ça collait assez bien. Ce n’est plus vraiment du vrai métal. ils sont ouverts, plus vers notre style, donc ça passait très bien. Bon, on a déjà joué avec Dolly, c’est génial. Pour nous, c’est vrai que ce sont les concerts idéaux, c’est jouer avec un groupe de notre style. Par exemple, l’affiche de ce soir est géniale, c’est une des premières fois qu’on fait une affiche aussi cohérente, avec Mobil, eNola et nous, trois groupes qui sont à peu près au même niveau. Maintenant, si on nous proposait de faire une première partie de Dolly sur toute la tournée française, on serait très content. Mais on ne cracherait pas sur une tournée avec Pleymo, ça nous ferait aussi plaisir, même si on pense que notre place est plus avec Dolly qu’avec Pleymo mais tous les publics sont bons à conquérir. On a envie de faire écouter notre musique à un plus large public.

Vous remerciez énormément de groupes sur le livret du CD, ça va d’Axel Bauer à Korn ou Deftones en passant par Radiohead ou Fiona Apple.
E : Il y a tout une partie de groupes qu’on connaît parce que c’est notre premier album et ça fait longtemps qu’on existe, ça fait bientôt huit ans, on a rencontré beaucoup de groupes. C’est notre premier album, du coup on avait beaucoup de groupes à remercier. Sur le prochain album, il y aura moins de remerciements parce qu’on a déjà remercié tout le monde, tous les gens qui nous ont aidés. Mais il y a une autre partie des remerciements qui sont les groupes qu’on a écoutés.
O : Qui nous ont influencés en fait.
E : Axel Bauer, en l’ocurrence, ce n’est pas ça puisque c’est quelqu’un qu’on connaît. Mais à la fin, ce sont les groupes qui nous ont influencés. Chacun a mis ses influences. A la base, quand on était plus jeunes, on écoutait tous du métal, du grunge. Les goûts de chacun se sont diversifiés. Olivier écoute beaucoup de trucs comme Fiona Apple, beaucoup de trucs indés. Moi, j’aime beaucoup les trucs comme Brigitte Fontaine, j’adore Air. Pierre, le guitariste, est plus pop anglaise, les Beatles, musique électronique, électro. Et Franklin est assez métal. Nos influences sont très larges.

Est-ce qu’il y a un groupe ou un artiste que vous admirez particulièrement, que ce soit au niveau musical, ou bien au niveau de l’esprit, de la carrière ?
E : Pour la carrière, j’apprécie énormément le travail fait par Daft Punk. Je trouve ça assez monstrueux ce qu’ils ont réussi à faire, créer un mouvement gigantesque sans montrer leurs têtes. Je trouve ça très fort.
O : Je pense qu’on est tous d’accord aussi, au niveau de la musique, sur Muse. C’est un groupe jeune, ils ont à peu près notre âge.
E : Par exemple, l’évolution des Aston Villa, je trouve que c’est génial ce qu’ils ont fait, ils se sont ouverts à un plus large public sans se compromettre du tout, ils ont refait leurs chansons en acoustique, ils ne se sont pas du tout compromis là-dessus et ça marche trop, c’est génial. C’est écoutable par un public très large de variété mais ils restent eux-mêmes. Ils permettent de faire découvrir aux personnes qui n’écoutent que NRJ ou que les radios très grand public que le rock existe, que ça peut marcher. Ils font quelque chose de très bien pour la musique rock française.

Vous chantiez, au début de la carrière de Noisy Fate, en anglais. Pourquoi avoir abandonné le chant en anglais au profit du français ?
E : A l’origine, on était jeune, on a commencé au lycée et on idolâtrait les stars d’outre-atlantique, de Seattle. A l’époque, on faisait des reprises. On se disait, le rock c’est en anglais. Je ne me rappelle pas, dans mon enfance, avoir été marqué par des groupes de rock français. Je n’écoutais vraiment que des groupes outre-atlantique et outre-manche donc c’était assez naturel pour nous de chanter en anglais. Mais au final on a commencé à se dire qu’il fallait qu’on ait notre propre identité et même c’est venu assez naturellement. On a fait une chanson en français. Au début, on pensait que ça n’allait pas du tout marcher, que ça n’allait pas sonner, qu’on n’allait pas être à l’aise en français. Puis on s’est rendu compte que ça faisait vachement bien, que les gens comprenaient ce que tu disais en concert. C’était une toute autre approche. Il y a un aspect qu’on avait totalement négligé auparavant, en ne faisant que de l’anglais, c’est que les gens puissent comprendre ce que tu dis et donc puissent être touchés par tes textes. Alors qu’avant, les compos en anglais, c’était du yahourt, ça ne voulait rien dire. Pour nous et pour marcher en France, il faut chanter en français pour toucher le public. Pour nous, c’est devenu tellement naturel, c’est beaucoup mieux de chanter en français.
O : On ne fera jamais le chemin inverse.

Quelle importance accordez-vous aux textes de vos chansons ?
E: Malheureusement le chanteur n’est pas là.
O : Je sais que j’aime beaucoup ses textes.
E : En fait c’est Franklin, le chanteur, qui écrit tous ses textes. En gros, ce sont plus des constats de la société. On n’est pas du tout engagés.
O : Ca parle beaucoup d’amour.
E : Mais pas dans le genre « Love Boat ». Plutôt les chutes à cause de l’amour, les trahisons. Ca parle de self-control. Ca parle aussi d’un de nos amis qui a été malade, le regard des gens par rapport à lui. Ca parle de plein de choses. On pense que les paroles, dans Noisy Fate, sont assez importantes mais par contre on n’a pas de messages à faire passer, on n’est pas du tout le genre à dire « Fuck le Front National » même si on est totalement pour. Mais on n’est pas du tout pour le dire, ce n’est pas du tout notre rôle. On n’a pas un discours politique à tenir, c’est juste parler de choses qui nous touchent et qui reflètent nos sensibilités.

Quel est le processus de compositions dans le groupe ?
O : C’est essentiellement Pierre, le guitariste, qui arrive en répétition avec une ou deux idées, une chanson presque bien définie.
E : En général, couplets et refrain. Ensuite, on bosse ça en répet.
O : On change ensuite en fonction de nos envies.
E : C’est essentiellement de la guitare que l’idée arrive et ensuite on brode autour de ça. On construit la chanson.

En fait, quelle a été la date de l’enregistrement de l’album ?
E : En fait, il a été enregistré en deux fois. On a fait un premier enregistrement en janvier 2000. Tout a été enregistré en autoproduit. On a commencé à chercher des deals avec les maisons de disques. C’et là qu’on a mis pas mal de temps avec les majors. On nous avait assez souvent dit que c’était bien mais qu’il manquait une chanson ou deux, que c’était un peu court. Du coup on est retourné là-bas pendant à peu près dix jours et on a enregistré trois chansons. Donc cette deuxième session s’est terminée en octobre 2000 ; ça fait donc à peu près un an et quatre mois qu’on a fini de l’enregistrer. Quand on avait vu Enhancer pour qui un an s’était écoulé entre l’enregistrement et la sortie de l’album, ça nous paraissait vraiment trop long. En fait, on s’est rendu compte qu’il y a tellement de trucs à faire, à partir du moment où tu signes, faire un travail avec tous les magasins de distribution, pour les précommandes. En fait, un an ça nous semble tout à fait correct.

Timer n’a pas du tout retouché l’album ?
E : Non. Au niveau du mastering, de la pochette, on a tout fait de A à Z. On avait investi de l’argent, c’était assez intime donc on voulait le rendre tel quel.

Donc vous gardez un contrôle total au niveau artistique.
E : Pour l’instant oui. Maintenant sur un deuxième album, on ne sait pas comment ça va se passer mais sur celui-ci, c’est exactement ce qui a été fait.

Avec le recul, êtes-vous encore satisfaits de l’album ?
O : Complètement.
E : Tout à fait. On est très content du son.
O : J’ai vraiment eu peur. Je me suis dit que s’il ne sortait pas rapidement, on allait vite s’en lasser alors qu’à chaque fois que je l’écoute, je suis assez content du résultat. Je pense qu’on a fait un travail assez efficace.
E : Déjà, Stéphane Kraemer, qui nous a enregistré en Belgique, a fait un très bon travail, autant au niveau des prises qu’au niveau de la production artistique. Il nous a un peu guidé vers des voies qu’on n’aurait pas oser prendre. Un autre truc, c’est que nous ne faisons pas de la musique qui est vraiment à la mode, comme le néo-métal par exemple : dans ce style il faut sortir tout de suite parce que dans cinq ans… Notre album aurait pu sortir il y a deux ans comme il pourrait sortir dans deux ans. Il n’est pas vraiment dans l’air du temps, ce n’est pas forcément ce qui marche en ce moment. Du coup, on est content de notre album. Je ne l’ai pas énormément écouté pour ne pas m’en lasser donc, quand je le réécoute, il y a des trucs que j’avais oubliés. On est très content du son qu’il peut avoir. Avant de l’enregistrer, on pensait que certaines chansons allaient vachement bien sonner et d’autres allaient passer comme ça. On a eu des surprises sur certaines chansons.
O : Je suis assez surpris, vraiment, parce que je trouve qu’il n’a pas pris une ride alors que d’habitude, un musicien, lorsqu’il écoute, ne serait-ce que deux mois après avoir fait toutes les prises dix fois dans le studio, il en a marre.
E : Bien sûr, ça fait deux ans qu’on joue ces chansons. On ne les jouent donc plus forcément de la même façon en concert. Mais si on devait réenregistrer, je garderais les mêmes chansons. On est très content du disque qui est sorti.

Quelle est votre chanson préférée et celle que vous aimez le moins ?
E : C’est dur comme question.
O : Je peux répondre. Ma chanson préférée, c’est « Destin Bruyant ».
E : « Destin Bruyant » oui. C’est la plus spontanée.
O : En fait, c’est une chanson qui est sortie en une répet’, chose que l’on fait rarement. D’habitude il y a Pierre qui amène une idée et on travaille autour de ça. Là, on faisait un peu n’importe quoi et c’est parti là-dessus. Elle n’a jamais été retravaillée.

C’est celle qui sonne le plus brut d’ailleurs.
E : C’est ça. On le sent assez bien qu’elle est spontanée. On n’a pas pris longtemps à l’enregistrer, on voulait qu’elle soit le plus naturel possible.
O : C’est un peu pour ça que c’est ma préférée.
E : Ma chanson préférée, je crois que c’est « Loin des flammes », ce n’est pas forcément une chanson que le public accroche. Je trouve qu’il y a un passage que Stéphane Kraemer a rendu magique, c’est le bridge. Je trouve que c’est le meilleur moment de l’album. C’est bizarre, c’est moi en tant que musicien parce que le public nous parle plus souvent de chansons comme « Le piège », « Destin Bruyant », « Au jour d’aujourd’hui » ou « La cohérence » comme étant les chansosn qu’il préfère. Pour nous, ce ne sont pas forcément les mêmes. Maintenant, une chanson qu’on aime moins…
O : On peut répondre aussi (rires).
E : Je vais dire « Pluies acides » parce que c’est peut-être celle qui est…

La moins puissante ?
E : Oui, voilà. Même si, à chaque fois que je la réécoute, je suis agréablement surpris mais c’est vrai que…
O : Je trouve qu’on n’a pas pris la bonne direction.
E : Elle sonne peut-être un petit peu trop variété alors qu’on voulait à l’origine qu’elle sonne acoustique, sans rien autour. Au final, on a rajouté des percus, une basse, une deuxième guitare, un solo. Ca sonne bien mais c’est peut-être moins cohérent avec le reste de l’album.

Quels sont vos projets ?
O : A court terme, c’est plein de concerts.
E : On veut vraiment jouer partout. Et être diffusé à la radio.
O : En fait on veut tout (rires).
E : On veut présenter notre musique au plus large public possible, par le live, on veut tourner vite. Sinon, on a un style de musique qui peut passer à la radio, plus qu’un Pleymo qui est quand même assez énervé. On est plus, pas formaté, mais plus accessible à un plus large public. Notre but est d’être diffusé le plus possible.

Est-ce qu’il y a déjà un deuxième album en préparation ?
E : Il y a déjà des titres. Le problème, c’est qu’on se force à ne pas trop composer.
O : Etant donné qu’on n’est pas encore parti en tournée.
E : Quand on compose des nouvelles chansons, on les trouve un peu mieux que celle que l’on a fait avant. C’est normal parce qu’il faut toujours évoluer. Du coup, on ne veut pas être lassé de nos chansons qui sont sur cet album. On s’interdit un peu la composition. Parfois on n’y arrive pas donc on fait quand même des chansons (rires).
O : Ca commence quand même à nous démanger sérieusement.
E : Il y a par exemple une chanson (« Ca recommence ») qu’on joue ce soir et qui n’est pas sur l’album.
O : On l’a faite un peu spécialement pour la scène , c’est une chanson un peu plus speed.
E : En faisant des concerts ici et là, on a acquis un petit peu d’expérience et on s’est rendu compte qu’on a maintenant une autre approche de la composition. On pense vachement à la scène quand on compose. Certains passages sont donc un peu plus péchus. Je pense qu’on a gagné un peu en mâturité même si on a encore énormément à apprendre.

Est-ce que vous avez une idée de la façon dont va sonner le second album ?
E : Je pense que ça va prendre une tournure plus énergique.
O : Je pense aussi.
E : Pas plus bourrin mais un peu plus noisy, un peu plus entrainant je pense.
O : On a un peu tous envie de s’y mettre au niveau de la composition. Peut-être que ça sortira plus spontanément, comme « Destin Bruyant » justement.
E : Maintenant, on ne peut pas vraiment dire, parce que, entre le moment où on compose une chanson et le moment où on l’enregistre, ça peut sonner complètement différemment. Ca été le cas lors de l’enregistrement du premier album. Mais bon, la tournure est plus rentre-dedans, sans être bourrin.

Est-ce que les membres de Nowhere vont encore se retrouver sur ce second album ?
E : Je ne pense pas. Ce serait dommage de faire « La TN’O Lover » bis. L’intérêt de ce truc, c’était effectivement la spontanéité. On a énormément de projets avec Nowhere, dont un est de faire un album Nowhere, où il n’y aurait pas de groupe, il n’y aurait pas Noisy Fate invite untel. Tous les musiciens seraient réunis.
O : Chacun joue avec qui veut.
E : Toutes nos futures associations seront plus dans le cadre de ce projet. Sur le nouvel album de Pleymo, il n’y a pas d’autres membres de Nowhere. Par contre, il y a des invités extérieurs (le chanteur de Stereo Typical Working Class, il y a Pop de Watcha). Le but aussi, c’est de s’ouvrir à d’autres participations que celles de Nowhere. Nous, par exemple, on adorerait inviter le chanteur d’Aston Villa.

Est-ce qu’il y a d’autres groupes qui vont émerger de Nowhere ?
O : Ca ne se passe plus vraiment comme ça. On rencontre plein de gens, plein de groupes avec qui on a plein d’affinités. Mais on ne peut pas prendre 30 groupes dans Nowhere. Il n’y aurait plus d’esprit. Mais on essaye quand même, par le biais de Nowhere, de faire découvrir des groupes, comme Stereotypical Working Class avec qui on a joué à Lyon.
E : On les a présenté à Pleymo et à notre ingénieur du son. Du coup, il les a fait découvrir à Paris, à Rock Sound. C’est un peu les chouchous de Rock Sound. Même si on ne prend pas à proprement parler des groupes dans Nowhere, l’entraide n’est pas du tout limitée à Nowhere.
O : Je pense qu’il n’y a essentiellement que comme ça qu’on pourra aider les groupes.
E : Il y a effectivement plein de groupes qui nous demande pour rentrer dans Nowhere. Ca ne veut rien dire de rentrer dans Nowhere..
O : Il faut être franc, Nowhere n’est pas un label, on ne peut pas sortir de CD, on ne peut pas donner d’argent pour sortir un CD donc ça n’apporte pas grand-chose, si ce n’est de très bonnes soirée beuveries (rires). On aide comme on peut, en donnant quelques numéros de téléphone, mais c’est tout.

Chroniqueur
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