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Interview de Pethrol

Interview de Pethrol

Pethrol, c’est un groupe français de musique pop électronique éclectique. De l’électro pop de Chess à la pop dark de Robotic Narcissus en passant par la pop tribale de Ouroboros, le groupe nous transporte dans un univers plein de force, de poésie et parfois de froideur.

Pourtant c’est sous la chaleur d’un début de soirée, sur une terrasse parisienne, qu’Héloïse, Cédric et Guillaume ont accepté de répondre à quelques-unes de nos questions. Un groupe fort sympathique qui a sorti en ce début d’année l’EP « Golden Mean ».

 

Bonjour Pethrol. Pouvez-vous vous présenter ?

Héloïse / H : Alors le groupe Pethrol c’est 3 personnes : Guillaume qui est parolier et manager, Cédric qui est batteur, et moi qui suis chanteuse. On est 2 sur scène, Cédric et moi, et on partage la composition.

 

Pouvez-vous chacun présenter un autre membre du groupe ?

H : Je vais présenter Guillaume qui est à la base parolier et qui écrit des poèmes et de courts récits. Je le connais depuis très longtemps. De formation, je suis graphiste et je designais ses textes. Il est devenu parolier de Pethrol super naturellement, il n’y même pas eu de question qui se soit posée.
Le fait qu’il soit manager, pour lui ça a été un truc tout simple. Il a toujours porté la double casquette. Il a fait un master à Lyon, qui est le seul d’ailleurs en France à porter l’intitulé de management d’artistes.
Ça va, j’ai bien présenté ?

Guillaume / G : C’est la première fois que tu le fais, c’est bien. (Rires)
Du coup je vais présenter Cédric Sanjuan qui est le batteur de Pethrol. Qui est le musicien le plus expérimenté du projet. Qui a un gros passif : 20 ans déjà de métier et d’intermittence. Qui a déjà tourné dans le monde entier. Qui a déjà fait des tournées en Afrique. Qui a déjà accompagné de grands blues man. Qui vient du jazz à la base. Qui a expérimenté beaucoup de styles différents. Cédric, qui du coup est un peu le métronome du show.

 

Comment vous connaissez-vous Cédric et toi ?

G : En fait on s’est rencontré sur le projet Pethrol. Je connaissais Héloïse avant. Héloïse a rencontré Cédric sur un bœuf musical. Du coup Héloïse m’a présenté Cédric. Ça s’est fait très spontanément. Et naturellement on s’est rendu compte qu’on avait monté un groupe.

 

Cédric, tu nous présentes Héloïse ?

Cédric / c : Alors Héloïse Derly, de multiples casquettes : graphiste, designer, chanteuse, multi-instrumentiste. Qui a commencé le piano. Qui joue de la guitare. Qui joue du saxophone. Qui se débrouille très bien en MAO. Qui participe à l’esthétique de Pethrol. Et qui assure aussi sur scène, il faut le dire.

 

Ça vous entraîne à vous présenter les uns les autres. (Rires)

H : C’est la première fois qu’on fait ça, c’est drôle. (Rires)

 

Le groupe existe depuis combien de temps ?

H : Le projet en soi a commencé au moment où on a mis des musiques sur SoundCloud. Si on part de là, c’est toute fin 2012. Sauf qu’il y a eu 6 mois où on a commencé à créer des chansons. Les premiers sons qui ont été mis sur SoundCloud étaient en fait des démos.
Mais Pethrol a vraiment commencé quand on a rencontré Grégoire (Potin) qui est le bookeur. C’était il y a un peu plus d’un an, en avril 2013. Il a monté une tournée qui a commencé fin août 2013.

G : Une tournée d’une quarantaine de dates.

 

C’est ce qui a donné l’arrivée de l’EP «Black Gold» ?

G : En fait l’EP était déjà en cours. Grégoire est arrivé juste avant que l’EP sorte.

H : L’EP est sorti en juin 2013.

G : Grégoire est arrivé en avril. On a monté une tournée sur l’automne qui se continue toujours.

H : Et on a sorti un 2ème EP qu’on a enregistré pendant l’hiver 2013 et qu’on a sorti janvier 2014, « Golden Mean ». Là on enregistre un 3ème EP qui sort à la rentrée.

 

Pas envie de faire un album ?

G : En fait c’est une question qui nous est souvent posée. On réfléchit à ça énormément. On aime beaucoup le format court. Ça nous permet d’avoir une ligne directrice assez forte et de pouvoir s’y tenir sans avoir le morceau en trop. Sur des projets de 10-12 titres, il y a souvent dans les albums, un morceau ou deux qu’on aime moins à l’écoute.
Et c’est aussi parce qu’on est en phase de développement du projet et on aime bien avoir une actualité qui est régulière. Les EP permettent d’avoir plus de sorties sur l’année, donc plus de régularité et plus de visibilité.

 

Où puisez-vous vos influences ?

H : Certainement du fait qu’il y a une assez grosse différence à la base de culture entre Cédric et moi, en terme de jazz, et même ethnique. Cédric est tout le temps en train d’apprendre des rythmes différents de cultures différentes. Ça l’intéresse. Moi je vais avoir plutôt une écoute un peu plus électronique, mais aussi inspirée de grands classiques comme Robert Wyatt. C’est un peu un mélange de tout et j’pense qu’on se complète. C’est ce qui fait que ça rebondit sans cesse et c’est pour ça que c’est très éclectique comme influence.
On joue des contraires et des contrastes en général quand on compose une mélodie, quand on ajuste un rythme.

G : Ce qui apporte aussi un univers assez nordique dans la voix et dans l’univers.

 

Pourquoi avoir choisi de chanter en anglais ?

H : Déjà Guillaume aime écrire en anglais. C’est vrai qu’à un moment on s’est posé la question. Si un jour on le fait en français, ça serait magique de faire ressentir en français la sensibilité qu’on veut dégager dans cette musique. Et il y a aussi une volonté de toucher plus de gens à l’international.

G : Je ne me suis pas posé la question. C’est venu comme ça. Peut-être qu’inconsciemment, comme j’écris beaucoup en français, je me suis dit que si je n’écris pas en anglais sur une musicalité pareille je ne le ferai peut-être jamais. J’avais cette envie-là. Je voulais voir ce que j’étais capable de faire en anglais. J’ai été content que ça fonctionne.

 

Peut-être un titre en français dans prochain EP ou dans un live peut-être ?

G : Pourquoi pas. Peut-être un jour un clin d’œil, une reprise. On le voit plus comme ça.

 

Le clip de Robotic Narcissus est sorti il y a quelques jours. Dans ce clip et dans les précédents, on sent la force de vos métiers artistiques qui viennent s’engranger dans ces clips. Pour vous c’est ça aussi Pethrol, un concept musique / vidéo / image ?

H : On essaie de créer une entité visuelle en terme de print ou d’image fixe. Il n’y a personne dans l’équipe de base qui était de la vidéo. Du coup on a fait des rencontres et on a travaillé avec des gens qui ont proposé des univers. On sait où on veut aller, mais l’idée pour l’instant c’est plutôt d’expérimenter sur chaque vidéo et de se trouver au fur et à mesure afin de créer plus tard une vraie identité forte aussi en image en mouvement pas qu’en image fixe.

 

 

Vous pouvez nous parler un peu plus du tournage du dernier clip Robotic Narcissus ?

H : Celui qui a réalisé la vidéo s’appelle euh… Ah non faut pas dire son nom, il s’appelle… Ben c’est un symbole. Vous verrez. C’est un mystère.

G : Le tournage s’est effectué sur le lieu du tournage du premier clip, Chess, à Villeurbanne, dans un studio qui s’appelle le Culbuto. C’est là où Cédric et Héloïse se sont rencontrés. C’est assez symbolique. C’est une espèce de retour aux sources. On a fonctionné avec une petite équipe. On voulait vraiment faire ça en intimité avec quelque chose d’assez basique : un jeu sur les noirs et blancs, un univers assez froid. On a tourné pendant 3 jours.

H : Il y a une volonté d’intégrer des images d’archives qui appartiennent au vidéaste. Il a joué de ça. Il n’y a pas de volonté de narrer ou de créer une lecture linéaire, mais plutôt de débloquer des formes et des images.

 

Ça veut dire qu’il y aura d’autres clips à venir ?

H : Le clip de Summer Rise a déjà été tourné et est en cours de montage.

G : Il sortira à la rentrée. Et puis on a plusieurs pistes de tournage de clip. On veut collaborer avec d’autres cinéastes aussi. Ça fait partie de l’identité.

H : C’est vraiment quelque chose qu’on a envie d’explorer. On n’a pas envie de se poser sur un style particulier, mais proposer des choses différentes. La musique fait déjà le lien.

 

Vous avez fait les Nuits Sonores il y a peu. Comment ça s’est passé ?

H : Je t’avoue qu’avec Cédric on était à la fois impatient et un petit peu stressé parce que ça faisait un bout de temps qu’on n’était pas revenu sur Lyon. C’est notre ville natale, là où le projet a commencé. Du coup, on avait une espèce d’anxiété à se dire : « Est-ce qu’on est vraiment attendu ? » , « Est-ce qu’il va y avoir du monde ? »
C’était le jeudi en ouverture, en première partie de Discodéine. C’était une belle soirée. On avait peur et c’était l’un de nos meilleurs concerts. Il y avait vraiment de l’attente. Les gens étaient là dès le début et attendaient même devant la scène. Dès la première chanson, les gens commençaient à danser et connaissaient les paroles. C’était la première fois qu’il y avait autant d’émotions. Ça fait du bien.

 

Vous êtes venus plusieurs fois à Paris. On vous y retrouvera bientôt ?

G : On est venu plusieurs fois : au 114, au centre Georges Pompidou, au Bus Palladium, aux Trois Baudets, au Café Charbon, à l’International. Il y aura d’autres dates à la rentrée.

 

Sur quel label est sorti « Golden Mean » ?

G : l’EP « Black Gold » est sorti en indépendant. Le deuxième EP, « Golden Mean », est sorti en édition sur Jarring Effects, un label historique lyonnais, qui existe depuis plus de 20 ans. L’EP a été enregistré dans leur studio. On a eu un vrai soutien de leur part et c’est une super belle aventure.
Mais dès le départ on avait des velléités de créer notre propre structure et du coup, pour la rentrée, on monte un label. C’est un peu la surprise, on ne peut pas tout dire. En gros, Pethrol a toujours eu la volonté d’être très indépendant. Malgré une grosse équipe, on a formé une espèce de famille. Et maintenant, on voudrait avancer tous ensemble et garder la main mise sur les propos artistiques. Avec Grégoire, qui est bookeur mais qui est bien plus en faisant vraiment partie du management, on montre notre propre structure avec plusieurs artistes. Pethrol fait évidemment partie de l’aventure. C’est le fer de lance de ce projet.

 

C’est curieux que vous me parliez de ça parce que j’ai rencontré un groupe angevin qui s’appelle Thylacine

H : Il faudra leur faire des bisous de notre part.

G : On se connaît parce qu’on était au Printemps de Bourges ensemble dans la catégorie des iNOUïS. On était dans la même promo on va dire. On a de très bonnes relations avec Ruben, William et Laetitia. On s’est vus à Lyon. On se voit à Paris.

 

Je parle d’eux parce qu’ils montent aussi leur label, Intuitive Records. C’est compliqué en France de s’associer à des labels existants ?

H : C’est une volonté de rester indépendant et de ne pas se faire « bouffer ».

G : Il y a aussi maintenant une grosse pression de la part des artistes qui veulent garder le contrôle sur leurs propos artistiques. Depuis l’avènement d’Internet, il y a eu un tel basculement qu’on se rend compte qu’en s’entourant des bonnes personnes, on peut avoir les mêmes compétences qu’une grosse structure. Le problème des grosses structures c’est qu’ils peuvent te signer, mais s’ils n’ont pas essayé de mettre le paquet sur toi, tu es en fond de catalogue. Je pense que plus personne ne veut être dans un fond de catalogue même s’il y a une belle étiquette. Il y a beaucoup de structures qui créent leur propre équipe, leur propre structure de management ou de booking et qui veulent protéger les éditions, les droits d’auteur.

 

Les projets pour Pethrol cette année ?

H : Il y aura plein de surprises à la rentrée. On a fait une collaboration avec un autre collectif qui s’appelle HASTE. Ils sont 3/4 à la base et ont sélectionné 9 artistes qui ont repris nos 9 premières tracks en version électro.

G : On a aussi l’opportunité de jouer au Fusion Festival qui est vraiment une référence en Europe, à la fois énorme et alternatif. Plus de 70 000 personnes. C’est notre première date à l’international.
Il y a également la sortie du nouvel EP qui va s’appeler « Gold Mund » pour clôturer une trilogie : « Black Gold », « Golden Mean », « Gold Mund ».

H : Ensuite on passe déjà un autre cap. On pense déjà au 4ème EP où on va parler d’autre chose. C’est un nouveau chemin qu’on prend.

 

Vous pouvez retrouver Pethrol sur SoundCloud et Facebook.

 

Interview réalisée le 23 juin à Paris.
Remerciements : Marika.

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