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Interview de SAGE

Interview de SAGE

Tu étais avant dans le groupe Revolver. Comment es-tu passé d’un projet en trio à un projet en solo, en changeant aussi totalement d’univers musical ?

Ça faisait déjà quelque temps que j’avais l’envie de faire une musique un peu différente. Je sentais que ce n’était pas forcément quelque chose que j’allais pouvoir faire avec le groupe.

Sur la fin de la deuxième tournée en 2012, on a tous décidé de faire un break. On ne savait pas si ça allait être un break ou un arrêt. Ce n’était pas pour des raisons personnelles puisqu’on est toujours très bons amis, mais plutôt pour préserver cette amitié qu’on a depuis qu’on est enfant. L’un est parti faire un tour du monde, l’autre est retourné vers la musique classique et moi j’avais envie de continuer à écrire des chansons et d’explorer de nouvelles directions. Je ne savais pas exactement que je voulais faire. Je voulais essayer de mélanger des textures électroniques à d’autres vraiment très acoustiques.

Pendant la dernière tournée, le jour du dernier concert de Revolver à Sydney, je reçois un message de mon manager pour me dire que mon studio avait été cambriolé : on m’avait volé toutes mes guitares. J’étais hyper choqué. C’était bizarre : symboliquement c’était la fin du groupe, je n’avais plus de guitare et quand je suis rentré à Paris je me suis retrouvé comme un con.

Finalement ça s’est révélé être un mal pour un bien : je me suis mis à écrire au piano. Je ne suis pas pianiste à la base : j’ai une approche du piano qui est plus celle d’un guitariste comme John Lennon ou Neil Young. J’avais l’impression d’écrire des chansons hyper différentes de ce que j’aurais pu faire à la guitare. Cette espèce de sentiment d’être un peu perdu, frais ou complètement naïf devant cet instrument-là m’a fait écrire plein de chansons différentes.

 

Tu préfères maintenant le piano à la guitare ?

Je suis dans une phase où je fais beaucoup de piano et presque plus de guitare. Mais j’y reviendrai c’est sûr. C’est vrai que le piano est en train de devenir mon instrument en ce moment, même en étant moins à l’aise qu’à la guitare. Je prends énormément de plaisir à m’accompagner au piano, à écrire au piano. J’ai l’impression d’être plus libre quelque part.

 

Ton EP « In Between » est sorti fin 2014. Tu peux nous raconter l’histoire de cet EP ?

Cet EP a été réalisé avec Benjamin Lebeau de The Shoes. On s’est croisés à plusieurs reprises, en particulier sur le projet de Woodkid où il produisait et où je faisais des arrangements avec l’orchestre. À chaque fois qu’on se croisait, on se disait que ça serait cool de faire de la musique ensemble. On est à la fois hyper différents et hyper proches. Lui vient d’abord du garage/rock puis de l’électro. Moi je viens plutôt de la musique classique et de la folk. Du coup, ça créait quelque chose de vraiment spécial.

On voulait faire un disque ensemble, mais on avait du mal à finir les choses parce qu’on lançait plein de pistes. J’arrivais souvent avec une maquette presque définitive. On travaillait dessus et à la fin ça ne ressemblait plus du tout à ce que j’avais fait. C’était une autre chanson. Lui travaillait sur son coin dessus et ça donnait autre chose. J’avais du mal à me dire que c’était encore mes chansons.

Il y a eu tout un travail pour essayer de faire fusionner les morceaux qu’on avait et y trouver une synthèse. C’était difficile au début. J’ai failli laisser tomber parce que j’avais l’impression qu’on n’y arriverait pas. J’avais parfois l’impression de faire des remix de mes propres chansons avant même de faire les chansons d’origine. On a commencé à trouver ce point de rencontre sur In Between et c’est à ce moment-là qu’on s’est dit qu’il fallait qu’on fasse les autres. Ça nous a rassurés et on s’est dit qu’on pouvait continuer.

 

 

Où les morceaux ont-ils été enregistrés ?

À Paris. La plupart des morceaux ont été enregistrés chez moi, sur mon piano, mais aussi chez Benjamin ou chez Julien Delfaud. C’était assez nomade comme enregistrement.

 

Tu parles de l’EP comme d’un projet très expérimental.

C’est complètement expérimental ! Et ça continue de l’être. J’ai presque l’impression d’être un scientifique dans un laboratoire. Ce qui me plaît c’est d’être dans des zones que je ne maîtrise pas et Benjamin aussi, sans savoir ce que ça va donner à la fin. On a envie de faire quelque chose de nouveau et d’inédit. Ça nous pousse à éviter tout ce qui est convenu. Souvent j’ai tendance à écrire des chansons qui partent d’une base traditionnelle : des accords, des structures de chansons. C’est assez facile de les imaginer de suite dans un style très pop/rock. C’est vraiment ce qu’on essaie de fuir au maximum.

 

Avec Last Call Couples, vous en êtes arrivés à réécrire complètement le morceau de zéro.

On avait une version qui était presque super, mais qui était complètement différente. On s’est acharné dessus pendant 2 mois en pensant que ça allait être énorme. On a passé vraiment beaucoup de temps dessus.

Au bout de 3 jours de mixage, on n’y arrivait pas. On s’est posé au piano dans une autre pièce du studio. Juste avec une boîte à rythmes et un piano, on a commencé à improviser une version complètement différente du morceau. C’était 2 fois mieux et c’est ce qu’il fallait faire. On a alors tout jeté. C’était vraiment horrible.

Il y a eu énormément de tentatives et d’exploration avant d’arriver à ces 4 morceaux finis. On en garde pour l’album.

 

Tu parles d’un album prochainement. Tu sais désormais vers quoi tu te diriges musicalement ?

Au début, ça se jouait beaucoup sur la place du piano. Ça me faisait bizarre d’être tout le temps à en jouer et puis c’est devenu complètement naturel. Sur l’album, je pense qu’il n’y aura pas beaucoup de guitare parce que maintenant c’est vraiment devenu un projet autour du piano et de la voix.

J’ai fait pas mal de premières parties aussi. Ça m’a permis de jouer de nouveaux morceaux et de savoir comment les faire sur scène. Ça donne plein d’indications.

Tout me paraît encore vertigineux. On a mis un an pour faire 4 morceaux, j’espère qu’on ne va pas mettre 3 ans pour en faire 12. (rires)

 

Tu as collaboré précédemment avec Woodkid. Ça t’a aidé dans ton projet ?

Au départ, je l’aidais à écrire des chansons. J’étais au piano, lui chantait, je faisais des accords. Il m’a demandé de faire les arrangements de son orchestre. Puis, sur son album, on est partis sur de gros orchestres avec des cordes, des cuivres, etc. Ça m’a appris à faire des arrangements. J’en ai fait aussi après pour d’autres artistes.

Jérémie (Arcache) de Revolver a créé un orchestre qui s’appelle c o d e. Ça m’a permis de rencontrer plein de musiciens classiques. Maintenant quand j’écris des arrangements je pense à écrire pour des quatuors ou des orchestres. Ça apporte une ampleur incroyable.

 

Il y aura des clips pour cet EP ?

Un clip sort d’un jour à l’autre (NDLR : sorti le 20 janvier) pour In Between. C’est vraiment le premier morceau que j’ai écrit au piano et qui a été un peu l’acte de naissance de SAGE. Je suis dans le clip. Je me cache la plupart du temps (rires). Il y a 2 danseurs. C’est un clip simple qui se passe en studio avec 2 danseurs qui génèrent des formes abstraites. C’est une métaphore autour de ce que raconte la chanson.

 

 

Tu accordes une place importante au visuel ?

Ça faisait un peu partie des frustrations que j’avais dans Revolver. C’était dur de se mettre d’accord sur notre image alors qu’en musique on y arrivait vraiment bien. Je trouve que GUM, le label sur lequel je suis, est de loin le plus intéressant en terme d’image. Je suis super content du travail d’Ismaël Moumin, le photographe de la couverture.

À mes débuts, je me foutais du visuel. Je n’ai pas été sensible à ça. De plus en plus, ça me paraît indissociable. Certainement parce que j’ai pas mal écrit de la musique de film.

Ça ne me dérange pas qu’il y ait peu de visuels, mais j’aime que ça soit précis et vraiment pour appuyer la musique et le projet.

 

Tu es en concert le 29 janvier au Café de la Danse. Comment sera le visuel sur scène ?

C’est assez simple. J’ai fait construire un meuble qui est un peu un instrument de musique, à cheval entre un piano droit et une boîte à rythmes. Mon piano et toutes mes machines sont posés dessus. Il n’y a pas d’ordinateurs : ce ne sont que des samplers, des boîtes à rythmes. Tout est en direct. Je voulais vraiment une approche un peu « roots » du concert.

Il va y avoir exceptionnellement pour ce concert un quatuor à cordes.

 

Comme tu as bossé sur différents styles musicaux, tu écoutes quoi en ce moment ? Des influences ?

J’écoute un anglais qui s’appelle Douglas Dare. C’est vraiment très beau ce qu’il fait. Il a sorti un premier album il n’y a pas longtemps.

Je dirais que mes 3 influences majeures sont Neil Young, Elton John et James Blake.

 

Pour toi 2015, c’est quoi ?

C’est l’écriture de l’album. J’en suis à peu près au milieu. J’aimerais bien le sortir à l’automne prochain.

Je pars aussi en tournée aux États-Unis pour des concerts à New-York et à Los Angeles.

 

Et maintenant si on te vole ton piano, tu fais quoi ?

Je suis moins inquiet parce que c’est plus chiant à voler. J’ai pris un instrument volontairement un peu lourd et un peu intransportable. (rires)

 

L’EP est sorti le 27 octobre 2014 sur le label Gum.

Interview réalisée le 15 février 2015.

Remerciements : Ambroise, Jérémy.

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