Interview de Milky Chance

Il y a quelques semaines nous avons rencontré Clemens Rehbein du groupe allemand Milky Chance, signé chez PIAS. Un petit échange en toute simplicité !
Vous êtes un duo (même si tu es seul face à moi aujourd’hui), donc qui est qui et qui fait quoi ?
Moi j’écris les chansons, je crée la musique avec ma guitare, je pose des paroles dessus, je commence à faire quelques arrangements, je rajoute quelques rythmes. Après on se retrouve avec Philipp et lui il fait tout le travail de studio, pour que ça sonne bien, le mixage, il rajoute quelques sons, etc…
Comment décrirais-tu Milky Chance, est-ce que vous êtes juste « deux garçons avec des coupes de cheveux bizarres qui jouent de la musique ensemble » ?
Ouais c’est exactement ça en fait (rires). On s’est rencontré au lycée, on a commencé à jouer dans un groupe ensemble, et on a juste continué ce qu’on avait lancé au lycée. À ce moment on n’avait jamais eu l’idée de faire une carrière, on a juste enregistré l’album parce qu’on voulait tenter quelque chose, on était curieux d’avoir cette expérience. On a commencé à penser à faire quelques concerts. Mais bon c’était pas un rêve au départ, quand on était gamins on ne se disait pas: « Je veux être une rockstar ! » ou des trucs comme ça. Quand on a fini le lycée, on voulait partir voyager, on avait un petit bus et on voulait faire un tour d’Europe pendant six mois. On a quand même toujours eu la musique dans nos vies, mais de là à rêver d’en faire notre métier et planifier les choses non… On a juste saisi une opportunité avec cet album.
Pour toi quelle est la différence entre le live et le studio ?
C’est très différent, j’aime les deux, au studio c’est plus comme si on cuisinait. On fait un gâteau et sur scène on fait goûter le gâteau (rires). Sur scène y’a plus de place pour l’improvisation aussi. Quand tu enregistres un album, tu captures un instant, mais sur scène les instants changent constamment. Après, si tu veux être un musicien il faut les deux donc les deux me plaisent !
Ton meilleur souvenir de concert ?
C’est dur d’en choisir un… C’est toujours différent, des fois tout va bien, des fois tu joues mal parce que t’es malade, mais c’est quand même cool, donc c’est pas facile de choisir. Paris et Londres c’était vraiment bien ! Après au Luxembourg c’était vraiment spécial parce que c’était un public très calme, très attentif, ils écoutaient vraiment la musique, sans parler ou quoi que ce soit, j’ai adoré. Ils étaient là pour écouter notre musique pas pour nous voir nous.
Qui sont les artistes qui ont façonné ta vision de la musique ?
Ils sont nombreux ! Quand j’ai commencé à jouer de la guitare, j’ai écouté beaucoup de Jack Johnson, de Jimmy Hendrix, etc… Après j’ai joué beaucoup de blues et de jazz, puis du reggae, vraiment plein de choses, c’est un mélange. Si tu écoutes en détail tu vas découvrir beaucoup d’influences différentes.
Si je prends ton iPod qu’est-ce que je vais trouver dedans ?
Oh, je n’ai pas d’iPod (rires). Je me sers de mon iPhone, ça marche aussi ?
Ça marche, peut-être que tu peux me donner trois morceaux:
– Celui que tu préfères jouer en live ?
En ce moment j’aime bien jouer les nouveaux morceaux, c’est assez excitant de montrer de nouvelles choses et de voir comment les gens réagissent. Bien sûr j’aime les anciens aussi, mais là ça change un peu c’est cool.
– Celui que tu aimes bien mettre à fond dans le tour bus ?
Bold As Love de Jimi Hendrix. Qu’est-ce que j’ai d’autre dans mon iPhone, le nouvel album de Ben Howard, quoi d’autre ? J’ai le dernier album de Bobby Womack aussi, cet album est génial !
– Et enfin un morceau que tu écoutes en secret parce que c’est un peu honteux ?
(rires) Hum… En fait, euh, je ne sais pas si j’ai des trucs dont j’ai honte… Si c’est ce que t’aimes pourquoi avoir honte ? Peut-être quand on fait des fêtes à la maison on écoute du Brithney Spears ! (rires)
Si tu prends mon iPod, tu y trouveras sûrement du Milky Chance, qu’est-ce que tu penses de ça ?
C’est cool, c’est vraiment bien, on est reconnaissant parce qu’on peut jouer la musique qu’on aime et les gens aiment ça eux aussi… Tout ça a tout de même changé nos vies. Enfin, chez nous, dans notre ville d’origine ça n’a pas changé, on a toujours les mêmes amis, la même façon de vivre, etc.. Le plus gros changement c’est que nous sommes musiciens maintenant, donc on doit partir en tournée, faire des concerts, des choses comme ça.
C’est important pour vous d’être sur un label indépendant ?
Oui bien sûr ! C’est important de pouvoir faire la musique qu’on veut, et qu’on aime. Mais aujourd’hui, je connais beaucoup d’artistes qui sont sur des labels indépendants, enfin des labels qui étaient indépendants et qui maintenant son sous Universal ou autres, tout est un peu mélangé maintenant. Je n’ai pas l’impression qu’il y a une si grande séparation. Par exemple Ben Howard est signé sur un label d’Universal et pourtant il fait ce qu’il veut, il n’a pas changé de musique avec son deuxième album, c’est même encore plus « indie ». Il y a plein d’idées reçues qui disent que quand t’es sur une major tu ne peux plus faire ce que tu veux, mais c’est plus compliqué que ça.
Avec Stolen Dance vous avez touché un public très large, certains critiquent cette idée d’artiste grand public, comment tu ressens les choses toi ?
Moi je le vis bien (rires). Je n’aime pas cette façon de penser qu’ont beaucoup de gens. Les hipsters, notamment, pensent que ce qui est mainstream est mauvais ! Il y a deux ans, quand on a commencé, on était indépendants, autoproduits, et il y avait beaucoup de gens qui disaient « oh c’est cool, c’est underground, bla bla bla… ». Maintenant les mêmes disent que c’est mainstream, et nous critiquent, alors que c’est toujours la même musique, y’a un problème quelque part non ?! (rires)
Avant la musique, quels étaient tes projets ?
Je n’avais pas de projet ! (rires) La musique a toujours été importante pour moi, des fois je jouais au lieu de bosser à l’école, mais voilà, ce n’était pas un projet bien arrêté.
Et maintenant ?
On a une grosse tournée en Amérique et un peu partout jusqu’au mois d’août. Après on prend une pause, et continue à travailler sur le prochain album et on le sortira l’année prochaine.
Merci Clemens, et bonne fin de tournée alors !
Merci à toi.
Interview réalisée à Lyon, février 2015.
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