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Gros effet d’annonce et public en conséquence, le Triptyque a dévoilé en dernière minute une soirée exceptionnelle : Pete Doherty, Hushpuppies, As Dragon et Vegomatic, une programmation qui aurait peut-être pu remplir un Zénith, si elle avait été préparée dans des délais convenables… mais le public devra se contenter de se tasser dans la petite cave du quartier de la Bourse, pour un show plus intimiste que médiatique.
Comme à chacune de ses apparitions, la présence de la tête à claques préférée des tabloïds anglais est au centre des discussions dans la file d’attente. Une inquiétude justifiée puisque Pete Doherty ne viendra pas. Quelques minutes avant l’ouverture des portes, on annonce que l’ex-Libertines a eu un souci à la douane (tiens donc) et ne jouera pas ce soir. Le prix d’entrée est revu à la baisse, certains fans venus spécialement pour Doherty repartent, déçus. Les autres commentent cette anecdote, vénérant encore plus leur idole invisible, donnant du crédit à ses aventures. Clairement, Pete Doherty n’est pas plus que la fade image qu’il se construit à travers la presse people et ses fans. Des fans dont il se fout totalement comme il se fout du rock. Mais, puisque son absence est devenue son seul fond de commerce et son argument promotionnel, on peut dire que ce soir Pete Doherty a été sublime, excellent et brillant.
C’est Vegomatic qui ouvre le bal, devant un public encore occupé à discuter du rendez-vous manqué. Exit les machines et gadgets qui font le succès des morceaux du quatuor; ce soir, c’est lifting complet et arrangements allégés : Thierry à la guitare, Eric à la basse, la séduisante Macha Kouznetsova au chant. La version acoustique (Bleu Rose Rouge Jaune, GI Joe) donne aux compositions un côté très bucolique qui n’est pas sans rappeler les Littles Rabbits. Le groupe joue très détendu, s’autorisant quelques petites blagues et dérives. Le trio semble apprécier l’intimité de la salle et boucle le set en vingt minutes. Thierry s’offre un petit final sympathique, parodiant les déboires de Pete.
Les Hushpuppies enchainent très rapidement. Le Korg si cher aux habituelles embardées du groupe et la batterie sont restés dans les cartons ce soir. Le quintet aborde ce set comme une balade de santé, mettant à nu leurs mélodies, habituellement envoyées dans un déluge de sons et de lumière, et qui gagnent ici en intimité. Automatic 6, I Can’t Tell You How, I’m Not Like Everybody Else, emprunté aux Kinks, You and Me, Comptine, les chansons s’adaptent assez bien à l’acoustique malgré quelques petits problèmes de son. Le set s’achève sur l’excellent Pack It Up face à un public conquis. Maintenant, on le sait, les Hushpuppies peuvent faire des concerts sans slam et sans sueur.
Place à As Dragon qui s’installe tranquillement dans une formule ultra-simpliste, guitare et maracas. Natacha, qui regrette l’absence de Pete, attaque sur Your Fame, revue à la sauce Doherty ; décidément, les blagues vont bon train sur le non-événement de la soirée. Natacha, d’habitude si excentrique, tempère pour une fois son jeu de scène et la joue plutôt intimiste. Il est dommage qu’elle s’arrache la voix sur ses chants excessifs (notamment Spankled). Après une reprise des Moderns Lovers, le trio conclut sur Pas Chez Toi, certainement le titre le plus réussi de ce concert, et le plus adapté à la relecture acoustique.
Les derniers espoirs de voir Pete sont définitivement anéantis et le public se presse vers les portes de sorties. On a au moins vu trois bons groupes de rock, qui eux savent respecter leur public. Et si c’était ça le rock’n’roll ?