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Un peu plus d’une semaine après la sortie de son nouvel album "Armchair Apocrypha", Andrew Bird se produisait dans le cadre intime de la Maroquinerie devant un parterre composé majoritairement de journalistes. Concert tranquille et non fumeur, pas étonnant de la part de celui qui mange bio et dont le tour bus roule à l’huile de colza. Si la prestation fut inégale, l’impression d’ensemble restera toutefois positive.
L’affiche annonçait Andrew Bird et Martin Dosh (alias son "nouveau" batteur depuis un an, succédant à Kevin O’Donnell). Il fallait bien sûr voir cela comme une double affiche, Martin Dosh (photos n°2 et 3)assurant la première partie du spectacle. Seul au milieu de ses instruments : batterie, claviers, machines diverses, Dosh construit devant les yeux des spectateurs des morceaux complexes où les sons s’entremêlent, se superposent et se confondent, bref de véritables trouvailles d’inventivité dont les influences vont du jazz à l’électro. Au bout de six titres, Dosh quitte la scène sous des applaudissements généreux.
La tension monte, le public s’impatiente puis le voici enfin, celui que tout le monde attendait : Andrew Bird, fringué comme l’as de pique ou comme Annie Hall si vous préférez. C’est avec un instrumental à mi chemin entre des ébauches de morceaux et de l’improvisation que commence le concert. Prévisible certes, presque autant que la couleur de ses chaussettes, le début de concert est pourtant tendu, Andrew Bird joue de malchance, ratant le premier coup de guitare sur The Nervous Tic Motion of the Head to the Left, puis accumulant les problèmes techniques, mais il s’en sortira de manière honorable.
Au bout de trois morceaux Martin Dosh quitte la scène pour laisser Mr Bird seul avec son violon interpréter Why ? un titre relativement ancien. C’est un moment hypnotique, d’une beauté à couper le souffle, du grand Andrew Bird qui torture son violon pour en tirer des sons déchirants, et dont la voix résonne dans une salle d’un silence assourdissant. Suit Heretics, le très bon premier extrait d’ "Armchair Apocrypha" dans une interprétation des plus simples, et d’autant plus émouvant. Puis il se déride, raconte des petites histoires, "Are we not having fun?" demande-t-il d’ailleurs au milieu d’une chanson. L’ambiance est bon enfant et les nouveaux morceaux défilent: Armchair, Scythian Empire ou encore Darkmatter, tous superbes.
Pour le rappel, nous avons droit à deux titres Oh Sister, reprise de Dylan dont les sifflements évoquent fortement Spare Ons de son propre cru entendu précédemment et une surprise, Glass Figurine entièrement défigurée pour l’occasion. Ce titre de dix ans d’âge dont la version originale aurait pu être composée par Django Reinhart est ici complètement retravaillée, absolument méconnaissable si ce n’est pour les paroles. Andrew Bird dont la devise est "chaque soir, je réécris les chansons pour le public" a fait une belle démonstration de son savoir faire : magistral.
Crédit Photos: Robert Gil