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Depuis plusieurs années, la gothique et majestueuse Eglise Saint Eustache se fait une spécialité (un devoir) d’accueillir ponctuellement la fine fleur de la scène Indé. A notre grande satisfaction, le lieu s’ouvre à de nouveaux horizons et de nouveaux publics, on ne peut qu’encourager une telle initiative…(avis aux hommes d’église mélomanes de France et de Navarre). Dans cette froide soirée de Novembre, il revenait ainsi à deux représentants de la scène folk canadienne de réchauffer nos cœurs et nos oreilles voire de convoquer l’esprit saint, soirée Spiritus Sancti oblige (vous me suivez ?).
C’est à Jennifer Castle qu’incombait la difficile tâche d’ouvrir la soirée. Chaudement recommandée par Matthieu Turon (Patron du Pingouin Alternatif, haut lieu béarnais de la promotion de la musique indé – spéciale dédicace et soutien absolu) la demoiselle nous a proposé durant 45mn une prestation dépouillée de tous ornements et artifices, nous délivrant ça et là quelques vibratos maîtrisés, amplifiés par la parfaite acoustique de Saint-Eustache, sa guitare électrique venant habiller très légèrement les compositions par l’entremise d’arpèges (trop) discrets. Ce choix de la quasi nudité -peut-être imposé par la majesté du lieux – s’est avéré quelquefois déconcertant et nous a, il faut bien le dire, sur la durée quelque peu lassé : il est toujours difficile de tenir un public en haleine armé de sa seule guitare et de sa pédale reverb…
Cette petite déception a rapidement été éteinte à l’arrivée d’Andy Shauf et ses musiciens. Ce dernier ayant effectivement fait le choix pour cette tournée de s’entourer en plus d’une configuration classique basse/batterie/seconde guitare d’un duo de clarinettes loin d’être anecdotique. ils étaient ainsi 6 à occuper la nef sous l’imposant regard du grand orgue de l’église parisienne : le concert pouvait dès lors débuter.
S’il a fallu environ deux titres pour apprivoiser le son de la batterie (gérer une grosse caisse dans une église pour un ingé son, on a fait plus facile), le public fut rapidement emballé, voire conquis. Au regard de la performance proposée, le contraire aurait été difficile à comprendre, Andy et ses acolytes ayant décidé de nous offrir la crème des deux derniers albums : de Drink my rivers à Quite like you en passant par Jenny come home.
La musique du Canadien est humble, fragile, humaine, sans pose, réconfortante, elle sent la galette au beurre et le feu de cheminée, elle donne envie d’aimer son prochain à l’instar d’un magnifique Martha Sways, certainement le point d’orgue de la soirée. Et que dire de sa voix…un nectar, du miel qui prend une ampleur jusque-là inconnue grâce à l’acoustique du lieu. On frôle la soirée parfaite ? Elle l’a été, sublimée par un jeu de lumières à l’unisson et l’offrande finale de 3 titres inédits annonciateurs d’un nouvel album pour le printemps prochain.