"> Benicassim, Jour 1 :: 16 juillet 2009 - Live Report - Indiepoprock

Benicassim, Jour 1 :: 16 juillet 2009


150 000 spectateurs, programmation alléchante, la Méditerranée, 30°C minimum… Benicassim 2009 s’annonçait idyllique, mais un incendie, une tempête, des anglais saouls et de nombreuses annulations ont fortement chamboulé le festival.   Commençons par le commencement en cette chaude journée de jeudi ; entre la découverte du chemin de la plage, la difficulté de se motiver […]
150 000 spectateurs, programmation alléchante, la Méditerranée, 30°C minimum… Benicassim 2009 s’annonçait idyllique, mais un incendie, une tempête, des anglais saouls et de nombreuses annulations ont fortement chamboulé le festival.
 
Commençons par le commencement en cette chaude journée de jeudi ; entre la découverte du chemin de la plage, la difficulté de se motiver à en partir et l’interminable queue pour les accréditations, assister aux premiers concerts de la journée s’approche de la mission impossible. On va donc se contenter de supposer que les Naïve New Beaters ont été aussi fun que d’habitude et que Los Coronas ont autant défendu l’honneur espagnol que leurs quasi homonymes de The Coronas ont su défendre celui de l’Irlande.
 
Les Mystery Jets ont la lourde tâche de précéder Oasis sur la grande scène et on ne peut pas dire que le groupe ait emballé la foule, plus occupée à comprendre le fonctionnement des tickets pour la bière ou à passer en revue les membres du sexe opposé ; il faut dire que malgré une réputation assez flatteuse, le groupe n’a rien su proposer de bien intéressant, se contentant d’un pop-rock bateau teinté d’électro, moins intéressant que celle d’une bonne partie de la concurrence.

Bien que le festival se déroule en espagnol, 80% du public de Benicassim est anglais ; autant dire qu’Oasis joue à domicile, le beau temps en plus. A peine F**king in the Bushes commence-t’il à retentir que c’est l’hystérie collective, difficile d’entendre la musique du groupe lorsque vous êtes encerclés par une horde d’anglais hurlant à tue-tête les moindres paroles de ce qui s’est apparenté à un best-of. La fratrie Gallagher ne se foule pas spécialement mais enquille les classiques à la pelle avec nonchalance et maîtrise, rappelant au monde que son répertoire est plus dense qu’il ne pourrait y paraître. Le public est ingérable, tout point en hauteur est pris d’assaut : échafaudages techniques (photo 1), toit des toilettes, local électrique, tout est bon pour mieux voir le concert, au point que la sécurité doit intervenir et Oasis interrompre son Wonderwall pour la sécurité de tous.
 
Au même moment, c’est devant un public restreint que The Walkmen opèrent sur la scène Vodafone pour un concert tout en classe et élégance. Les quelques chanceux présents  apprécient à leur juste valeur les morceaux de ce groupe toujours aussi doué pour écrire des chansons ingénieuses et subtiles dont l’inévitable The Rat (photo 2).
 
Pendant ce temps-là, le DJ El Goma se sent bien seul…(photo 3).
 
Beaucoup de groupes à l’affiche de ce festival auraient pu passer pour d’anciennes gloires démodées  qui n’ont plus leur place sur la scène actuelle. La plupart  clouent pourtant le bec à tout détracteur avec des sets irréprochables : c’est Gang of Four, dont l’influence est aujourd’hui palpable aussi bien à travers l’électro-rock de The Rapture que la pop de Franz Ferdinand ou les riffs assassins des Rakes, qui donne l’exemple avec un set irrésistible où il est difficile de ne pas sauter et danser, notamment sur l’excellent Damaged Goods qui n’a décidément pas pris une ride.

Emmené par une basse et une batterie martiales à souhait, le groupe renvoie les successeurs autoproclamés à leur bac à sable. Les deux frontmen délivrent larsens de guitare et paroles scandées avec morgue et agressivité. Sur le dernier morceau, un four à micro-ondes est amené sur scène. Le chanteur s’approche, menaçant, armé d’une batte de base-ball, et on imagine ce qui va arriver quand un assistant place un micro à proximité. Dommage que la destruction électro-ménagère soit, comme on pouvait s’y attendre, plus un gimmick visuellement amusant qu’une innovation musicale, le pauvre four n’émettant pas de bruits particulièrement révolutionnaires. En tout cas, la performance (peut-être cancérigène pour les premiers rangs ?) enchante le public qui salue la mort de l’appareil par des hourras (tout ceci catalysant probablement un fantasme collectif de destruction).

Un passage rapide devant Glasvegas, le temps de se rendre compte que l’on n’a décidément pas envie d’en voir plus ni de supporter plus longtemps les synthés sirupeux et la voix pseudo-émotionnelle du chanteur ; et le concert de Telepathe commence. Il commence assez lentement d’ailleurs, les premiers morceaux étant trop arides pour que la sauce prenne mais petit à petit, sans grande rationalité, le charme opère et le groupe entraîne un public de plus en plus dansant sur un territoire inconnu, quelque part entre Animal Collective et The Knife. Les derniers morceaux s’avèrent ainsi obsédants et hypnotiques et les corps n’arrêteront pas de bouger avant la dernière seconde de So Fine (photos 4 et 5).

Sur la grande scène, on découvre les espagnols de We Are Standard, visiblement attendus de pied ferme par des fans arborant des T-shirts du groupe. Gagnants d’un concours de "nouveaux talents" à Benicassim il y a quelques années, ils reviennent cette fois-ci dans la programmation officielle après avoir consolidé leur réputation scénique en Espagne. Deux batteries, deux guitares, un chanteur-bassiste délivrent un cocktail électro-rock de facture classique mais efficace, dans la lignée de The Faint, !!! ou The Rapture. Le coté festif et dynamique du set remporte facilement l’adhésion du public, qui saute, danse, exhibe des torses encore exempts de coups de soleil, tout cela étant favorisé par la chaleur caniculaire.

Après cette performance vitaminée, les sets électro qui terminent la soirée (sur différentes scènes : Justus Köhncke, Kevin Saunderson, Four Tet, Christian Smith) paraissent bien ennuyeux ; les morceaux sont trop répétitifs et basiques pour vraiment faire bouger le public. Dix ans après les folles expérimentations d’Aphex Twin, difficile de croire que la scène électro ait régressé à ce point. On commence à se demander si le genre n’est pas moribond, ou plutôt s’il ne survit pas uniquement sous sa forme électro-rock. Sans attendre la fin des sets, on décide de garder nos forces et nos tickets boissons pour le lendemain.

Par Benoit et

Chroniqueur
  • Publication 203 vues16 juillet 2009
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