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C’est toujours avec une certaine fébrilité et impatience que l’on va voir Blonde Redhead en concert, tant les prestations scéniques du trio marquent les esprits en atteignant des sommets d’intensité et de beauté. Cependant, pour une majorité des aficionados du groupe, la direction musicale du dernier album "23" génère quelques réticences légitimes, et provoque surtout deux craintes principales : celle d’être déçus de la transposition scénique et celle qui nous ferait affirmer laconiquement que « Blonde Redhead, c’était mieux avant ». Forcément, quand le degré d’attente est très élevé, on risque d’être facilement déboussolés. Soit. Il fallait donc se détacher de ces idées critiques et essayer de garder tant bien que mal son objectivité.
Constance Verluca (photo n°1) est la première à devoir affronter la chaleur étouffante de l’Elysée Montmartre, accompagnée par Julien Hirsinger et sa guitare. Venue présenter son premier album "Adieu Pony" cette jeune chanteuse parisienne d’apparence sage et timide cache en fait sous ses dehors angéliques un goût inné pour la provocation. Constance Verluca peut être vue comme un mélange détonnant entre Carla Bruni et Didier Super, le folk/pop soyeux de l’une avec les textes irrévérencieux de l’autre (en plus subtils). De Je Simule à C’est Le Moment de Mourir sans oublier Les Trois Copains et son célèbre refrain : « Vive le chocolat, l’héroïne et la vodka », le répertoire de la parisienne aborde des thèmes divers et variés mais ne laisse pas insensible. Pas sûr que tout le monde ait adhéré à cet univers particulier.
Blonde Redhead, trio formé de jumeaux italiens (chant, guitare – batterie) et d’une japonaise (chant, guitare, claviers) entame ensuite son concert devant un Élysée Montmartre plein à craquer et complètement moite. Kazu, apparemment pas au mieux de sa forme, semble un peu malade et se fait apporter de l’eau à plusieurs reprises entre les morceaux.
Blonde Redhead enchaîne la majorité des morceaux de « 23 », très pop et bien plus lisses que le reste de la discographie du groupe (aussi bien musicalement que vocalement). Aussi, le concert sera très "linéaire", sans fioritures, et finalement un peu (trop) plat. De beaux moments sont bien évidemment appréciables, avec les titres les plus réussis de l’album, comme SW, chanté impeccablement par Amedeo ou bien The Dress en premier rappel. Quelques morceaux de "Misery Is A Butterfly" viennent émailler le set (Melody, Falling Man, Equus). Surtout, quelques trop rares piqûres nerveuses viennent réveiller le public et ravissent les nostalgiques qui se manifestent sur Melody Of Certain Three ou In Particular.
Avant le premier rappel, Kazu, visiblement très émue, précise au public qu’elle est très excitée de jouer à Paris et que c’en était presque trop pour elle. Après un set principal de cinquante minutes, cinq rappels se suivent.
Malgré quelques moments de grâce, le concert a manqué d’intensité, d’électricité, celle qui fait se hérisser les poils et qui fait toute la différence entre un bon concert et une véritable claque. La "magie Blonde Redhead" n’était pas au rendez-vous cette fois-ci…
Merci à Robert Gil pour les photos.
Par Christophe et