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Le bonobo est un chimpanzé des forêts de la rive gauche du fleuve Congo, moins corpulent que le chimpanzé commun mais au comportement social plus affirmé. C’est Larousse qui le dit. Mais c’est également le curieux sobriquet du britannique Simon Green, DJ de son état. Il se produisait le 6 juin sur la scène du Trianon ; un concert joué à guichets fermés. Récit d’une soirée passée avec un singe.
Dix années de carrière bien tapées et la moyenne d’un album sorti tous les deux ans ; un parcours salué par la critique, agrémenté d’apparitions rares mais soignées, il n’en fallait davantage pour nous convaincre d’en être ce soir. D’autant que le cinquième disque de Bonobo, « The North Borders », s’avère être un excellent cru.
C’est d’ailleurs un morceau tiré de celui-ci qui inaugure le concert : Cirrus. Et déjà, le souci du détail de Simon Green saute aux oreilles. Le son est d’une finesse inouïe, comme un travail d’orfèvre où la place de chaque note serait méticuleusement étudiée. Il est à l’image de la vidéo tirée du titre, réalisée par l’artiste britannique Cyriak, à savoir scrupuleusement décortiquée, travaillée et détaillée. Suivent également Sapphire et Ten Tigers sur lesquels Bonobo fera office de bassiste, accompagné d’abord de son génial batteur puis de trois violonistes. Divers solos viennent briser la linéarité des titres initiaux et offrir un vrai moment de musique.
Ne nous y trompons pas, c’est bien un véritable orchestre qui l’accompagne ce soir, avec son lot de bois, de cordes, de cuivres et de percussions… arrosé bien sûr de moults beats électroniques ! À mille lieux du cliché du dj inaccessible camouflé derrière ses platines, Bonobo fait figure, au contraire, de maître de cérémonie. Il laisse le champ libre aux nombreux musiciens qui l’accompagnent, préférant opérer depuis le fond de la scène, en retrait. Il les présente et invite les chanteuses Szjerdene (Transits et Stay The Same, entre autres) et Cornelia (Pieces) à entrer dans la danse, proposition qu’elles honorent volontiers en électrisant tout le parterre avec leurs voix suaves et leur chant aérien. Le son est limpide, coule de source, révélant la richesse des arrangements.
Autre bon point : les titres issus de ses précédents albums, pas en reste pour autant. Kiara, Ketto et Kong réjouissent les auditeurs de la première heure et rappellent les riches heures du bonhomme. À n’en pas douter, Bonobo a fait le boulot, livrant là une prestation de presque deux heures à la hauteur de nos espérances. La production de ses albums est tellement travaillée que le passage à la scène aurait pu être décevant. Il n’en a rien été. C’est là tout le talent de Simon Green.