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Theo Clark
L’Ecossais d’origine mais Liégeois d’adoption Théo Clark a la lourde tâche d’ouvrir le festival sur la scène de la place des musées. Après avoir aidé plusieurs groupes de la scène rock belge à la composition et l’écriture, il se consacre enfin à son projet solo et son premier album Terror Terror Everywhere Nor Any Stop To Think, sorti l’année dernière. Devant la foule qui se rassemble lentement, il assure une prestation solide. Le découvrir en live est d’autant plus une belle claque musicale et scénique. Vous en entendrez sûrement parler dans peu de temps sur le site.
Atome
Habitués de la scène pop-rock belge dans d’autres groupes, les deux musiciens se sont associés en 2016. Bien leur en a pris, deux ans après, on les retrouve sur la scène de La Madeleine pour une performance que l’on qualifiera de spatiale. Emportant les spectateurs dans une ambiance stellaire, le duo a délivré une pop moderne, dansante, hypnotique et francophone. Les lumières, le synthé et la guitare ont installé une bulle temporelle dans la salle, le temps d’aller visiter la Voie Lactée avec leur single de 2017 et Cameleon de 2018. Une belle aventure.
Therapie TAXI
Sans transition, nous ressortons rapidement pour remonter les marches du Mont des Arts. Le phénomène pop-rock parisien bobo politiquement incorrect continue sa tournée par un passage chez le BSF. Devant un bon nombre de fans rassemblés devant les barrières de la scène et bien connaisseurs des paroles, les 5 musiciens déroulent les titres en grande majorité extraits de Hit Sale. Mention particulière à Coma Idyllique, Pigalle et Hit Sale. Si le début du concert montre surtout des musiciens et chanteurs qui récitent les titres de leur dernier album à succès, la suite s’est vite débridée. Le concert se termine sur la désormais habituelle distribution de rhum au premier rang suivi du refrain bien trash de Salop(e), repris en cœur par le public. Normal.
BirdPen
Deuxième passage de la soirée dans l’écrin de la Madeleine. Cette fois-ci nous venons découvrir le projet BirdPen. Association de Dave Pen et Mike Bird, chanteurs et guitaristes du groupe de rock Archive, le groupe continue la tournée de O’Mighty Vision, sorti en 2016. Au programme, du rock alternatif que nos voisins anglais savent si bien composer et une ambiance feutrée pendant des titres longs mais viscéraux. Si l’aspect répétitif de titres de 12 minutes peut parfois rebuter, une fois happés par l’univers particulier des Anglais, le voyage est total.
Après avoir regardé de loin le show complètement déjanté des Soviet Suprem – un savant mélange entre les Fatals Picards et NTM, version communisme – , on retourne dans la belle salle de La Madeleine.
Sonnfjord
Accompagnée d’Aurelio Mattern et François de Moffarts, Maria-Laetitia Mattern est la voix du projet Sonnfjord. Une pop-électro anglophone séduisante et dansante, avec des mélodies qui restent en tête et une harmonie toujours présente. A la façon d’un Tim Dup en France, on retrouve une association réussie entre électro, pop et beats de hip-hop. Sur scène, c’est aussi un succès. La chanteuse Maria-Laetitia a ce charisme qui apporte une belle présence sur scène. Coup de cœur pour Lights, Fresh Heart et Dust and Shapes.
Après une belle journée pleine de découvertes, on se quitte sous les chants de Négresses vertes.
Lylac
Début de journée tout en douceur sur la place des musées avec le chanteur de pop-folk belge Lylac. Accompagné par une violoncelliste, un spécialiste des percussions et un violoniste, Amaury Massion de son vrai nom nous propose un vrai voyage dans l’ouest américain. The Buffalo Spirit, sorti en mars dernier, est un carnet de voyage entre San Francisco et Los Angeles, le long de la côte. La générosité et l’harmonie musicale sont au rendez-vous, l’ambiance est douce et accueillante, mais le public manque un peu à l’appel. Une perle musicale en studio certaine, pas forcément sublimée dans un contexte de festival, en extérieur.
Adam Naas
Retour dans la salle de la Madeleine pour aller applaudir le chanteur parisien de soul et de pop Adam Naas. Avec une voix chaude dans les graves et virevoltante dans les aigus, le jeune artiste a beaucoup à offrir. Ici encore, on retrouve une ambiance feutrée, lente et douce dans l’écrin intimiste de la salle. La qualité vocale et musicale est bien présente, il faut toutefois accrocher au style hybride à la croisée du jazz, de la pop et du rock alternatif pour pleinement profiter du spectacle, très posé. Sans connaître précédemment l’artiste, il est difficile d’appréhender son univers dans son entièreté. A revoir, donc, en connaissance de cause. Son premier album sortira prochainement, il a également plusieurs dates prévues en France à la rentrée.
Clara Luciani
Deuxième phénomène pop-rock français de l’affiche de ce festival après Therapie TAXI, Clara Luciani assure sur la scène du Mont des Arts. Avec un charisme certain, elle a enchainé les titres de son album Sainte-Victoire et deux reprises (La Baie de Metronomy et Jean Bleu de Lana del Rey) devant un public aux premiers rangs déjà conquis. L’accompagnement musical guitare – basse live est parfait, donnant une note pop-rock dansante hyper-efficace. On savoure, tout simplement, même si l’ambiance n’est pas encore là.
Scène principale, place des palais, enfin. Jusque-là l’ambiance était charmante, gentille, les gens venant discuter, voir des gens et profiter d’une ambiance sympa. Ok, super. Cela manquait cruellement de cette étincelle jouissive habituellement présente en festival apportée par les fans des groupes et les amoureux de la musique.
Matmatah
Le groupe de rock breton historique Matmatah a rapidement dynamité les spectateurs rassemblés devant la scène. Il était temps, le rock avait mis du temps à se faire entendre dans les rues de Bruxelles. Les riffs de guitare efficaces et festifs sont toujours aussi précis, la voix toujours aussi rugissante et même après autant d’années d’absence, cela fait toujours autant plaisir de danser sur Lambé An Dro.
Shaka Ponk
Aller voir Shaka Ponk, c’est la promesse de finir sur les rotules, crevée, mais euphorique. Encore une fois, la recette magique des monkeyz n’a pas loupé. 1h30 d’un show qui n’a pas changé d’un iota depuis le premier show de la saison au Musilac Mont-Blanc, mais toujours aussi grandiose. Le spectacle visuel, les riffs de guitare jouissifs du dernier album, l’énergie folle de Frah et de Sam, tout y est. Dès les premières notes de Killing Hallelujah, on est dedans.
On finit épuisés, mais heureux. RDV demain pour une nouvelle journée, on espère aussi réussie.
Hollydays
Encore un duo français, fier représentant de cette nouvelle vague de french pop (Feu! Chatterton, Tim Dup, …). Elise et Sébastien, deux parisiens, ont déjà sorti deux EP adoubés par la critique : Les Insatisfaits en 2015 et L’Odeur des joints. En live, on retrouve la dimension décomplexée et libre de leur création. On passe sans transition de la pop réaliste, à l’électro planante, mais le tout est fait avec beaucoup de virtuosité. Mais là encore le constat est le même, la foule est clairsemée en ce début de troisième journée et pas réceptive. Dommage, parce que le talent est là.
Cette troisième journée était ensuite placée sous le signe du rap francophone sur la scène du palais. On a donc assisté coup sur coup aux prestations de La Smala, groupe de rap belge et de Roméo Elvis, rappeur bruxellois avant qu’Orelsan ne clôture la journée. Premier constat, le public est bien présent et réceptif. Les jeunes (parce que oui, le public est beaucoup plus jeune) donnent de la voix et de l’énergie pour déclencher pogos et mouvements de foule. De notre côté, pas de découverte musicale, le rap francophone actuel grand public d’Orelsan ou celui un peu moins connu de Romeo Elvis et de La Smala ne restera pas gravé dans nos mémoires.
A noter, la scénographie très réussie d’Orelsan qui a sorti les grands moyens lumineux et visuels.
Le Brussels Summer Festival édition 2018 est plutôt un bon cru. Les découvertes musicales belges et françaises étaient au rendez-vous ainsi que les grosse têtes d’affiche qui ont confirmé. Le décor est assez exceptionnel, le festival se transforme autant en marche touristique dans le centre-ville qu’en évènement musical. La salle de la Madeleine est un super ajout dans le dispositif des 4 scènes. Le petit manque de ces trois beaux jours vient du manque d’ambiance musicale. Le public vient pour sortir, voir et se faire voir mais peu sont là vraiment pour saluer les groupes. En tout cas, on surveillera de près la programmation de l’année prochaine.
Merci au BSF, donc, pour une organisation sans accroc et une belle programmation !