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Personne ne l’avait vu venir. Et pourtant ! Lorsque sort « Forever Dolphin Love » en 2011, quelques oreilles avisées ont été intriguées par ce mec un peu en marge et étrange ; le monde halluciné de Connan Mockasin faisait figure d’ovni quand la pop enlevée de M83 et Metronomy compilaient éloges sur éloges. Lentement, la musique du néo-zélandais a gagné du terrain et l’enthousiasme du public parisien ce soir a eu tôt fait de le démontrer.
Connan Mockasin est barré. Il suffit de jeter un coup d’œil à ses vidéos pour s’apercevoir que ce néo-zélandais affirme et tient à cultiver sa différence. La mise en scène chiadée justifie à elle seule le personnage complètement baroque que s’est inventé le musicien néo-zélandais. Une esthétique sophistiquée qui agrémente aussi sa musique, joyeux méli-mélo de bidouillages sonores au magnétisme certain et à l’orchestration savamment travaillée.
Ces images en tête, le live a fait drôle d’impression : nous nous attendions à un concert théâtral et la sobriété l’a emporté. La scénographie était dépouillée. Nul décor insolite, nulle tenue extravagante. Aucune mise en scène, à l’exception d’un intermède scénarisé. Les morceaux ont été livrés sans détour, presque à l’état brut, et l’univers singulier de Connan Mockasin a alors gagné en authenticité. Nul doute que ce soir l’excentrique galaxie du garçon a été appréciée à sa juste valeur. Un fantasque sans accessoire pour une prestance qui n’en a été que plus impressionnante.
Les structures éclatées et dissonantes, pour ne pas dire hors-norme, des compositions de Connan Mockasin ont toujours eu un effet langoureux, se rapprochant très souvent d’une musique d’ambiance à la texture molletonnée et à l’onirisme affranchi. Là, ses compositions sont d’un coup apparues teintées d’un groove que nous leur connaissions moins – et qui a échauffé l’assemblée en un rien de temps -, conséquence de l’album « Caramel », le bien-nommé, qui, entre une curieuse série de collages audio à la structure vacillante et hypnotique intitulée It’s Your Body, enrobe les titres d’une constitution presque soul, chaude et élastique quand les nappes envoûtantes de ses expérimentations sonores confirment l’aura surréaliste du bonhomme.
Arrivés avec nos certitudes, repartis avec l’idée qu’on est jamais sûrs de rien, nous sommes au moins certains d’avoir passé une jolie soirée en compagnie d’un type pas si fou que ça mais expert ès originalité.
Crédit photo : Alexandre Zimmermann