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Drôle de date pour une rencontre que ce soir du 26 décembre 2003. Rare déjà de trouver des lieux qui programment en cette période de l’année, lendemain de fête. Peu nombreux sont alors ceux qui se sont déplacés dans cette salle de la Cartoucherie de Vincennes, qui répond au nom poétique de Théâtre de l’Epée de Bois.
Le lieu a un cachet certain. Le hall avec bar et cafétéria, habillé de bois, a des allures de saloon avec ses coursives. La salle ressemble, quant à elle, à une chapelle orientale. Egalement en bois, elle est éclairée par de fausses lampes à huile. Les portes sont ornées des vitraux, entre hublot et cible. Le cadre est donc des plus agréables pour une soirée placée sous les couleurs de l’Arménie.
Philippe Chahbazian & Vartan Arslanyan, duo saz/peloul (sorte de luth et de flûte), font une prestation de musique traditionnelle assez envoûtante, sous des lumières extrêmement tamisées. Le public (familial) prend alors un certain plaisir à redécouvrir ces morceaux, héritage culturel.
Après nous avoir largement séduit par son deuxième album (par ici la chronique), les quatre membres de Deleyaman entrent sur scène, vêtus de couleurs sombres. Une flûte s’élève de l’obscurité pour un début des plus prometteurs.
On retrouve ainsi les éléments de l’album qui nous ont séduit. Un savant dosage entre tradition et modernité, à l’instar d’un Dead Can Dance dont la « parenté » est renforcée par la voix d’Aret Madilian, proche de celle de Brendan Perry. Béatrice Valantin, plus fragile, devient par une certaine timidité encore plus touchante.
Mais on a clairement senti que les concerts étaient encore trop rares pour le groupe et certaines imperfections sont venues entacher l’ensemble. En premier lieu la structure même du concert, enchaînement de pièces plus ou moins longues qui perdent souvent l’auditeur et laissent de grands blancs entre la fin du morceau et le premier applaudissement. Cet effet est accentué par un jeu de lumière quasiment inexistant qui a permis de (ne pas) voir Gérard Madilian (doudouk, shêvi), plongé dans le noir du début à la fin du concert. Dernier reproche enfin l’utilisation sans doute abusive du double-clavier Korg aux sonorités parfois un peu trop new-age. Un clavier ne remplacera jamais un quatuor à cordes…
Pour contrebalancer cela, la bonne surprise fût sans aucun doute la prestation de la batteuse Mia Björlingsson dont les idées de rythmiques sont assez innovantes, en tout cas dans le milieu du rock. Notamment ce changement de baguette au sein du même beat pour accentuer l’impact de la caisse claire.
Si la qualité d’écriture de Deleyaman est quelque chose d’acquis sur album, ses prestations scéniques sont encore très perfectibles. Peut-être faudrait-il tenter d’avoir un peu plus de musiciens sur scène pour donner du relief à une musique sensible et au potentiel certain… Bref, à méditer.