"> Drahla au Badaboum - Live Report - Indiepoprock

Drahla au Badaboum


Avant de s’envoler à la fin du mois pour une tournée américaine, le trio Drahla passait le temps d’une soirée au Badaboum pour défendre son premier album «Useless Coordinates ». L’occasion était donc belle de découvrir en live cette pépite portée par les critiques flatteuses provenant de la perfide Albion.

C’est un fait Drahla, trio tout droit venu de Leeds, est entouré d’une hype grandissante. Art Rock, Post Punk Noisy, No Wave… les étiquettes pleuvent quand il s’agit de décrire l’univers musical du groupe, des étiquettes certes aguicheuses mais au final assez éculées.

Clairement ce groupe vaut beaucoup mieux que ces formules boursouflées ou l’emballage quelque peu prétentieux qu’on pourrait lui prêter. La prestation d’hier soir en est le parfait exemple : le groupe a livré une performance solide, dense et humble.

Drahla c’est avant tout un ensemble d’excellents musiciens où chacun fait ce qu’il a à faire sans pose, sans fioritures et le fait très bien. C’est corrosif et chirurgical ; la précision du batteur (Mike Ainsley qu’on dirait tout droit sorti de Whiplash) y est certainement pour beaucoup. D’ailleurs la qualité de la rythmique basse /batterie – qui envoie sévère – ne laisse aucune place à l’imposture.

Un leader à la tête d’un tel groupe se doit d’être à la hauteur. Et ce leader, c’est la mystérieuse Luciel Brown. Cette dernière pourrait tomber dans la facilité, minauder, provoquer, haranguer la foule comme d’autres le font :  il n’en est rien.  A l’image de ses acolytes, elle ne transige pas, elle est avant tout au service des compositions qu’elle délivre en disséminant çà et là des mélodies à l’os, construites sur deux cordes, des arpèges minimalistes, et un chant proche du spoken word.

Tout au long du set, le groupe tisse sa toile, l’audience (qu’on aurait espéré un peu plus nombreuse) se laisse prendre au piège avec plaisir, les fils se tendent au son d’élégantes dissonances (Stimulus for living), les lignes de basse sont froides comme des lames de rasoir (Fictional Decision, Gilded Cloud). De victime consentante, le public se fait alors témoin assisté des visions cauchemardesques ou anxiogènes du trio. L’absence de saxophone permet à certains titres de gagner en ampleur.

Au final, le concert durera une heure, un timing maîtrisé, suffisant pour entretenir la frustration, mais également le plaisir. Celui d’avoir notamment enfin entendu Silk Spirit dans sa version live. Non, Luciel, tu n’es pas la seule à marcher dans le désert.

Chroniqueur
  • Publication 2 144 vues19 septembre 2019
  • Tags Drahla
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