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Après 15 ans d’existence, le festival Beauregard s’est installé dans le paysage des festivals d’été. Eclèctique, dans un cadre magnifique et dans une ambiance toujours très bonne enfant, le festival ne dérogera pas à sa règle cette année, tout en nous offrant une programmation un peu plus dans nos standards indé, pour notre plus grand plaisir.
De ce premier jour, pour nous qui n’avons pas participé au dancefloor géant de David Guetta au day before du 3 juillet, nous visons les Idles, Justice et Bombass X Etienne de Crecy X Dj Falcon. Les trois nous aurons gratifiés de ce que l’on attendait, shows habités, pros et communicatifs. Emprunts d’énergie, de références pour les plus anciens, à divers degrés, chaque set aura ravi l’auditoire, conquis d’avance. Si les punk rockeux auront poussé leurs cordes, vocales ou pas, à leurs limites devant un public survolté, Justice ou les papys de la french touch auront eux délivré show visuel et sonore, allègrement nostalgique.
Le Vendredi humait « moyennement bon » le vocoder d’une scène rap française en perdition. Néanmoins, la présence de The prodigy, Parcels, Etienne Daho voire Bigflo et Oli, allait amplement suffire à notre bonheur. Le dandy français se targuait d’un show suave, tout en élégance, appuyé par un line up de premier ordre. Une prestation en miroir du set sportif et bondissant de la fratrie la plus célèbre de la scène rap française. Les Toulousains auront ravi les plus jeunes notamment avec leur énergie communicative et le sourire qui découle naturellement de leurs mesures. La disco pop de Parcels aura quant à elle transformé la scène John en dancefloor géant, pour un public en quête de fête et de bonne humeur en cette période grisâtre, au prix d’un show brûlant de sons synthétiques imbriqués avec pour seul objectif de faire monter la température. Et, il faut bien l’avouer, en termes de température dans cet étrange été, il y avait de la marge… Malgré tous ces sets parfaitement assurés, c’est bien The Prodigy qui aura clos le débat. 5 ans après le décès de Keith Flint, nous avons avancé vers le show tout en observation … Il n’aura pas fallu plus de 15 secondes pour reprendre des appuis solides pour ne pas nous laisser happer par la performance violemment animale des British. « The Fat Of The Land » aura eu la part belle dans la setlist au plus grand plaisir du public de quadras aux avant-postes. Furieux et habités, nos amis auront livré une vraie bataille, poussé les watts et mis à mal la condition physique d’un public qui ne demandait que ça. Agrémentant leur live de rock, de punk et d’éléctro survoltée, nos amis nous auront gratifiés également d’une prestation visuelle de premier ordre avec un jeu de lumières qui restera dans les annales du festival, au même titre que leur prestation en elle-même.
Si sur le Samedi suivant, les prestations de Zaho De Sagazan ou des Black Pumas, nous aurons laissé de marbre, une journée où se cotoient Fat White Family, LCD Soundsystem ou encore Archive annonçait tout de même de quoi, une nouvelle fois, passer un bon moment. Comme attendu, les premiers auront lancé les hostilités avec un rock bouillant et habité face à un public quelque peu clairsemé en ce début de journée. On aurait aimé pouvoir profiter d’un show tel que celui-là avec un public plus massif et survolté, mais nos amis auront tout de même maintenu la tension permanente. A l’autre extrémité de la journée, Archive aura très concrètement donné ce que l’on attendait d’eux, un jeu de lumières et un show hypnotisant, envoyant notamment les Fuck You et Again de base. Encore une fois un set très pro où le public acquis aura profité d’un moment joussif. Mais sur cette journée, c’est bien les LCD Soundsystem qui auront marqué l’assistance. Si l’on pouvait craindre un show très carré qui aurait pu, si l’on en juge à leur discographie, s’avérer peu dynamique, les Américains ont dépassé les bornes de leurs productions studio. Un show qui aura oscillé entre punk contenu, funk viscéral et cordes vocales à toute épreuve. A l’image de Prodigy la veille, on pourra clairement placer la prestation de LCD comme un show particulièrement marquant et emballant de cette édition du festival.
Nous achevons cette belle édition sur une journée où vont se croiser Baxter Dury, Yodelice, Massive Attack et quelques autres qui nous sembleront plus dispensables. Si par rapport à sa première venue, Baxter aura troqué la bouteille de vin rouge par un verre, le dandy anglais aura reproduit le même type de show, sensuel et animal. Difficile de situer le personnage dans un style à proprement parler si ce n’est qu’il est clairement une bête de scène qui aurait pu profiter d’un horaire plus tardif. Néanmoins, il aura animé la scène, déroulant son élégante discographie sans un seul moment non maîtrisé. C’est un Yodelice surprenant qui lui emboitera le pas. Ceux qui attendaient sa folk et sa voix fébrile intiales auront été soit ravis soit déçus mais pour le moins surpris. Faisant partie de la première catégorie, la new wave « depeche modienne » du français sur son heure de prestation aura eu claiement le privilège de nous scotcher pour ce qui aura été le live le plus inattendu de ce long week-end. S’en suivra une litanie d’artistes qui n’auront pas éveillé en nous un entrain démesuré, Beauregard vise large et il faut l’accepter. Et ce sera cette année aux Anglais de Massive Attack que reviendra la tâche de clôturer cette édition 2024. D’emblée, le choix de programmation nous avait laissé perplexe, et nous aurions certainement était plus enjoués, par exemple, d’intervertir le set introspectif de nos amis avec la folie furieuse d’un Prodigy. Malheureusement, même si les premières minutes ont pu fonctionner, la trip-hop n’est juste pas le bon style pour clôturer un festival aussi varié et nous nous voyons inévitablement plus proche de la sortie que des premiers rangs, très très vite…
Malgré ce final juste mal évalué, ce Beauregard 2024 aura bien plus résonné à nos oreilles que les précédentes éditions. De manière générale, aucune attente n’aura été déçue, certaines auront même été magnifiées, toujours dans une excellente ambiance, dans un cadre magnifique. Vivement 2025!