"> Festival Internacional de Benicàssim 2004 - Live Report - Indiepoprock

Festival Internacional de Benicàssim 2004


Cette année, pour les 10 ans du X Festival Internacional de Benicàssim, qui avait lieu du 5 au 9 août, l’accent était mis sur les vieux de la vieille du rock et de l’électro : Lou Reed, Brian Wilson, Love, Kraftwerk? Parmi les bonnes prestations scéniques, on notera les américains de Kings Of Leon, avec […]

Cette année, pour les 10 ans du X Festival Internacional de Benicàssim, qui avait lieu du 5 au 9 août, l’accent était mis sur les vieux de la vieille du rock et de l’électro : Lou Reed, Brian Wilson, Love, Kraftwerk?

Parmi les bonnes prestations scéniques, on notera les américains de Kings Of Leon, avec leur son country-garage qui dépote, les écossais de Snow Patrol, avec une pop mielleuse mais efficace (gros succès sur le public espagnol), Migala, entre ballade folk épurée et post-rock ; Scissor Sisters (dont les chansons ont eu le mérite de faire bouger 10.000 personnes, avec une chanteuse qui finit le concert à poil !) ; Lou Reed qui, comme ses musiciens, a assuré et nous a gratifié d?excellentes interprétations de Perfect day et Walk on the wild side en rappel ; Belle & Sebastian rendirent hommage au poseur de lapin Morrissey en chantant un de ses titres. Bravo donc à Morrissey pour l’annulation de son concert 2 heures avant en arguant des problèmes d’avions puis des soucis de santé… On ne saura de toute façon jamais la cause de cette soudaine flemme. The Dandy Warhols, sympa, un peu moins mou que Belle & Sebastian (qui font tout de même salle comble sur la grande scène). Les anciens Einsturzende Neubauten, entre Nick Cave et musique industrielle, offrirent un concert étonnant (quoique passionnant), à grands coups de chaînes de vélos sur barres de fer.

Voici quelques comptes-rendus de concerts qui ont ponctué le Festival, en commençant par les « vieux ».

Kraftwerk
Pfff, c’est fatigant d’attendre Kraftwerk agglutiné au milieu de 20.000 personnes en sueur. Le changement de plateau dure au moins 45 minutes (contre 20 minutes pour les autres groupes). Résultat : la foule, impatiente de voir les dinosaures de l’électro, siffle allègrement ; d’autant qu’il est plus de 3h du matin et que les jambes commencent à être lourdes. On comprend d’ailleurs mal toute cette préparation quand on sait que les shows des Kraftwerk se limitent à 4 stewards statiques en costard, debout devant des pupitres surmontés d?ordinateurs portables. Sur l?écran, derrière eux, passent des images plus ou moins virtuelles.

Kraftwerk, c?est le règne de l?homme-machine, et c?est quand-même bien ennuyeux à regarder. Heureusement que les images sur l?écran sont jolies : oh ! le clip de « Tour de France » ! et là, le mot « Machine » synchronisé avec les paroles de « Man-Machine » ! et, oh ! des pilules de toutes les couleurs !?

Enfin, bon, que ce soit chez un amateur ou chez un des groupes les plus créatifs et expérimentés du monde, faire un live derrière un Mac, ce n?est malheureusement pas bien passionnant. Le groupe passerait un cd, ce serait la même chose.

Love
Un des groupes précurseurs du rock flower-power fin 60?s était Love et son emblématique leader Arthur Lee. Celui-ci passera ensuite pas mal de mois en prison et sera ravagé par toutes formes de produits illicites. Enfin bon, rien que du très classique?

Love est désormais composé de jeunes musiciens entourant Arthur Lee (ou ce qu?il en reste). Celui-ci arrive sur la scène Fiberfib de Benicassim (contenant entre 5.000 et 10.000 personnes ce soir-là) en titubant, fort maigrichon, le visage masqué par un chapeau enfoncé sur le crâne et des lunettes noires. Il entame sa première chanson après quelques phrases hésitantes et essoufflées. Au milieu du morceau, n?arrivant plus à tenir debout, Arthur part s?asseoir sur un ampli au fond de la scène. Les musiciens essayent de maintenir l?attention du public en reprenant le chant là où Arthur l?avait arrêté.

Les festivaliers ne s?y trompent pas : sifflets et éclats de rire fusent. Plusieurs milliers de spectateurs quittent la scène ; et il reste, pour le 3e morceau, moins de fans du groupe que de badauds exorbités attendant qu?Arthur casse sa pipe en direct. Après un solo d?harmonica digne d?un insuffisant respiratoire, je me dirige vers la grande scène pour voir Brian Wilson (l?ex-leader des Beach Boys). Ca me fait penser que les films de morts-vivants ont grave la côte en ce moment. Sur le chemin, mort de rire, j?achète un T-shirt ?Love?.

Brian Wilson
Donc, dans la série des vieilles gloires du rock claudicantes ressuscitées, Brian n?est pas en reste. Il arrive sur la grande scène, accompagné par son orchestre surtout composé de jeunes musiciens. Au moins 20.000 personnes acclament Brian qui s?installe au milieu de la scène, assis sur un tabouret de bar, les mains posées sur les genoux, devant un synthé (qui n?est sans doute pas branché).

A sa gauche et à sa droite, deux petits moniteurs sur lesquels semblent défiler les paroles des chansons ; Brian ne les lâchera pas du regard durant tout le show. Donc pour ceux qui attendaient un triple salchow ou un moonwalk, c?est pas pour ce soir. Il faut dire que depuis l’album avorté « Smile » en 1967, Brian Wilson a sombré dans une sorte de léthargie (due à des substances diverses, des problèmes mentaux et familiaux).

Mais le brave Brian parvient à chanter assez juste et à garder le tempo. Les choristes le soutiennent aux bons moments (les fameuses harmonies vocales sont là) et les musiciens rajoutent quelques solos bien placés. Après quelques morceaux des 70?s et 80?s, le public se prend au jeu. Puis s?enchaînent une demi-douzaine de tubes interplanétaires de la grande époque Beach Boys, et là, toute la foule reprend de plus belle : « Good, good, good, good vibrations ! ! ! ! Round, round, get around, I get around ! Houhouhouhooooooou ! ! ! ! »

Bref, la sauce prend et les spectateurs en redemandent encore après le rappel . Brian Wilson – Arthur Lee : 1 ? 0.

Tindersticks
La programmation aura quand même commis une petite erreur : programmer Air et Tindersticks quasiment à la même heure. D?ailleurs la grande scène, sur la quelle jouent les Tindersticks, est à moitié remplie ; tandis que la scène où joue Air est pleine à craquer, soit 15.000 personnes environ pour chaque groupe.

La ballade anglaise commence : chaque morceau joué pourrait être une page d?un livre d?images que l?on feuillette avant de s?endormir (il n?y a pourtant ici rien de soporifique). Hormis les problèmes de son rencontrés par le violoniste (un souci de retour), il est difficile de déscotcher.

Pourtant, épris de remords, je cours voir la fin du concert de Air.

Air
Après avoir loupé au moins 20 minutes, je me retrouve assez loin, parmi les 10.000 spectateurs agglutinés dans la scène Fiberfib. Le public est à fond dans le spectacle donné par les Versaillais, même sur les morceaux les plus ?mous? type « Virgin Suicides ». Deux musiciens entourent Godin et Dunckel : un claviériste et un batteur ?énorme?; le son de batterie est très mat, typé fin 60?s-début 70?s, of course.

On sent que le show est rôdé : transitions super chiadées ; jeux de lumières également dans l?esprit 70?s ; manipulations en temps réel et sans filet des synthés vintage (rare pour être signalé) ; et quelques entorses au règlement avec des Dunckel/Godin plutôt communicatifs (mais on n?en est pas encore au coussin péteur).

Un Sexy Boy obligatoire, puis un Kelly watch the stars qui arrive même à faire danser l?assistance, et on aimerait bien que le spectacle donné ne s?arrête pas. D?ailleurs le morceau de rappel durera environ 7-8 minutes avec des montées planantes et des reprises très dynamiques.

Finalement, Air pourrait bien devenir un vrai bon groupe de scène.

Yann Tiersen
Beaucoup de monde attendait l?homme orchestre français. Et il va tenir en haleine les 5.000 aficionados comblant la ?petite? scène Kane Fib Club. Un guitariste électrique l?accompagne. Tiersen change d?instrument toutes les 5 minutes : du violon à l?accordéon, en passant par le piano et la guitare électrique.

Etonnant : Quelques sourires et quelques remerciements audibles ponctuent certains morceaux. Le public joue le jeu et, sur les titres les plus rapides, bouge comme si on assistait à un concert de garage. Il faut dire que la guitare électrique sera assez présente lors de ce concert ; il n?y aura pas de place pour la valse d?Amélie Poulain.

C?était bien bon ; d?ailleurs, j?en suis sorti dégoulinant de sueur.

Electrelane
Ça y est, je suis amoureux : Les 4 jeunes anglaises d?Electrelane sont craquantes (surtout la petite avec la SG). Elles envoient grave et elles ont une dégaine de vieux cow-boy macho. Le son en façade détonne par rapport aux autres concerts : c?est extra sourd, avec une batterie très mate (type fin 60?s, début 70?s). Les guitares sont ultra tranchantes et laissent très peu de place au chant.

Car Electrelane, c?est avant-tout instrumental, avec des montées et des descentes, des moments de tension avec des ponts planants et des reprises avec une patate énorme. Et, souvent, quand un morceau retombe pour s?arrêter, il repart en fait de plus belle : chez Electrelane, ce n?est pas cliché, c?est jouissif. Un peu comme si la musique de Queen Of The Stone Age était jouée par un groupe de garage des bas-fonds new-yorkais. Petit rappel : Steve Albini s?est chargé de leur son en studio.

Bref, un concert qui fait du bien. Dommage que la bassiste quitte le groupe ; snif?

Primal Scream
Juste énorme.
Trop dur de trouver des superlatifs tant le spectacle est prenant et efficace. Des lumières, au son des distos, en passant par le jeu de scène des musiciens de My Bloody Valentine, tout est carré et surpuissant.
Donc : Juste énorme.

The Chemical Brothers
25.000 personnes qui bougent leur corps sur la grande scène comme s?ils étaient à Ibiza, ça a de la gueule. Mais bon, il ne faut pas leur en demander de trop aux Chemical Brothers : en guise de live, on a droit aux gros tubes avec le son du cd, comme si celui-ci était diffusé dans les hauts-parleurs.

C?est cool de tripoter des potards de console ou de synthé, mais si c?est juste pour envoyer des effets sur des séquences toutes faites, autant mettre un disque. L?écran géant, lui, diffuse des images de synthèses en rythme avec la musique (ça fait quelque chose à regarder).

Aux Chemical Brothers, on leur demande surtout que la musique ait la patate et que ça en jette un minimum, surtout pour se finir après une après-midi de concert. Après une bonne demi-heure de spectacle, je vais me coucher pas vraiment convaincu, repensant à cet excellent moment qu?était le concert de Franz Ferdinand, 4 heures plus tôt.

Franz Ferdinand
Voilà les Ecossais les plus attendus du festival ; peut-être même ?le? groupe le plus attendu (au tournant ?). Car c?est vrai que les prestations scéniques des 4 jeunots n?ont pas laissé de traces dans les annales. On dirait que tout Benicàssim s?est donné rendez-vous sur la grande scène : elle est pleine à craquer et la foule déborde sur les côtés (environ 30000 personnes). Forcément, on attend Take me out pour pouvoir hurler : « I say, don?t you know ! You say, you don?t know ! I say?Take me out ! La-la-lalala-la-la ! ! ! »

Les Franz se pointent sur scène, tout étonnés, par la densité de l?assistance et l?ambiance surchauffée qui règne. Ils branchent leurs guitares, sans effets, dans des petits amplis Fender peu puissants (comme on trouve partout). La batterie est assez fine avec peu de cymbales, et la basse ultra chaleureuse. Attention : leur son est ultra simple mais travaillé ; et le résultat est excellent : grosse patate 60?s sans fioritures ; avec quelques notes de synthé de temps en temps (un Juno 106, pour le côté piano électrique dynamique et old school).

Dès le premier titre, on voit que le quatuor est vraiment content de jouer ce soir ; c?est visible sur leurs visages ; et cette patate qu?ils donnent se répercute dans le public qui est à fond dedans. Alors quand le chanteur (Alexander) dit « I think you know this one » et que le le groupe entame les premières mesures de l?énorme single tant attendu, quasiment toute l?assistance saute à pieds joints, l?index en l?air, chante Take me out et son refrain entêtant. Il y a même des slams dans le public.

Quelques autres morceaux de l’album puis une nouvelle chanson démontrent toutefois que Franz Ferdinand n?est pas le groupe d?un seul tube ; en plus, ils ont montré qu?ils pouvaient être carrés : une vraie bonne surprise. Putain, ça fait du bien !

Chroniqueur
Festival Internacional de Benicàssim 2004