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De retour à l’hippodrome de Longchamp un mois après les 20 ans des solidays, on retrouve la disposition spécifique au Lollapalooza, qui nous est maintenant bien familière. Seul changement, l’inversion des main stage 1 et 2 par rapport à l’année dernière. Inversion qui nous laissera confus tout le week-end.
Dès 15h30, les anglais de Nothing But Thieves doivent investir l’alternative stage. Dû à un problème technique, ils ne jouent finalement qu’un set écourté de 30 minutes. Alternant entre leur deux albums, « Nothing but Thieves » (2015) et le très bon « Broken Machine » (2017), le groupe fait preuve de détermination pour donner le maximum pendant le court temps restant. Leur performance se clôture avec un enchaînement explosif de Sorry et Amsterdam, deux puissants singles de leur dernier album. On quitte donc l’alternative stage avec un goût de « pas-assez » pour retourner vers les main stages. Il faudra revenir voir le groupe au Bataclan en novembre prochain pour mesurer leurs progrès depuis leurs shows en première partie de Muse en 2016.
Après un passage en retrait de la scène des Black Rebel Motorcycle Club, où la puissance des guitares et de la batterie du trio fait toujours autant d’effet à la foule rassemblée, nous sommes fin prêts pour écouter le rock tout droit venu d’Islande de Kaleo. Le show commence doucement, avec la version live de Broken Bones, plus lente que son alter-ego sur l’album et Automobile. L’entrée en matière est hypnotisante; et si les guitares ne rugissent pas encore, l’intensité dégagée par le chant de Jökull Júliússon emporte tout le public dans les vallées islandaises le temps de la chanson Vor í Vaglaskógi. Le duo Hot Blood/No Good élève finalement le rythme, et avec lui, le volume des guitares et du chant rauque du leader. Le concert se termine sur un magistral Way Down We Go, accompagné par le public, le titre le plus populaire du groupe. Une prestation classe, équilibrée et maîtrisée.
Alors que les dernières notes de guitares raisonnent toujours du côté de Kaleo, les fans de Bastille trépignent déjà. La seule date française du groupe londonien rassemble beaucoup de monde, côté foule et côté photographes. Pas de période d’observation pour Dan, le leader anglais, qui dès le premier titre Good Grief, bouge, saute et interagit avec le public, qui n’attend évidemment que ça. Le rythme ne ralentira pas de tout le set, et le groupe délivre avec une régularité impressionnante un best-of efficace de leurs deux premiers albums « Bad Blood » (2013) et « Wild World » (2016). Seule indication que le très attendu troisième album est en cours de préparation, leur dernier single Quarter Past Midnight est interprété et aussitôt repris par le public, enchanté. Finalement, leur performance très intense, mais sûrement trop courte au goût des fans se conclue sur le classique et rassembleur Pompeii.
Sans perdre de temps, il faut rapidement retourner du côté de la main stage 1 pour écouter et photographier Kasabian qui attaque pied au plancher avec III Ray (The King). L’ultra-connu Club Foot est introduit au son des « mosh pits, mosh pits, mosh pits, … » encouragés par le chanteur et aussitôt repris par le public. Le ton est donné. Les tubes du groupe anglais s’enchaînent dans une ambiance survoltée, à coups de pogos, de personnes montées sur les épaules et de sauts. Le déchaînement se termine sur Fire, chanson à deux vitesses. Rien à dire, les chansons de Kasabian sont toujours aussi jouissives à entendre en live. On est fatigués, fracassés, mais comblés.
On s’éloigne quelques temps des main stages, le temps pour Travis Scott d’atteindre un nouveau niveau de chaos lors de son set. Les fans en sortiront épuisés mais ravis. De notre côté, on est donc parti vers l’alternative stage pour voir le début du concert de Portugal. The Man. Après une entrée sur deux cover successives (From Whom the Bell Tolls de Metallica et Another Brick in the Wall Part 2. des Pink Floyd), le groupe enchaîne sur leur titre Purple Yellow Red and Blue. Après quelques titres tirés de leur longue discographie interprétés à la perfection, nous sommes repartis du côté de la main stage sur les notes de leur tube planétaire Feel it still pour la grosse tête d’affiche de la soirée : Depeche Mode.
Sur scène à 21h50 précises, le groupe anglais est prêt à donner leur énième show de l’été. Programmés dans la plupart des festivals français, ils sont les têtes d’affiches incontournables de cette année. Néanmoins, la lassitude ne se fait pas sentir et Dave Gahan montre encore une fois qu’il reste un phénomène de scène. Distillant leurs tubes dans une setlist sans surprise, les anglais prennent le temps d’installer différentes atmosphères, de jouer avec le public et Dave Gahan de nous montrer quelques pas de danse. Apothéose du concert, le duo Personal Jesus/Never Let me Down again permettent au public de chanter à tue-tête. Après une petite pause, le concert se conclut, pour de vrai cette fois, sur Enjoy the Silent et Just Can’t Get Enough.
Bon, après une telle journée, on ne vous cache pas que l’on est comblés, mais prêts à rentrer pour recharger les batteries.
A peu près remis des concerts de la veille, nous sommes revenus de bonne heure pour écouter la révélation britannique Tom Walker. Particulièrement en vue sur les ondes de radios françaises avec son single Leave a Light on, il est programmé en premier sur la main stage 2. Peu de monde est rassemblé devant la scène. Pourtant, le set est efficace et entraînant. Une reprise de Took a Pill in Ibiza de Mike Posner attire un peu de monde, monde qui reste sur place pour la conclusion du concert avec son single hit. Une bonne entrée en matière.
Quelques temps plus tard, retour sur la même scène pour le retour de Catfish and the Bottlemen en France. Trois ans après leur dernier concert, les britanniques sont prêts à en découdre dès les premières notes. Tout comme le public. Avec un super set, court mais intense, majoritairement constitué par les singles des albums des dernières années comme Kathleen, Soundcheck et Twice, le groupe a choisi un programme sans surprise pour combler les fans. Un petit pogo, au centre, démarre dès les premiers titres, les sing-alongs sont quasi-systématiques. Bref, tout le monde est emporté par leur fougue.
Le temps d’une pause repas/balade dans le festival pour constater que Vald a rameuté une bonne partie du public, il est temps de revenir vers les main stages où on passe vraiment la majorité du festival. Dua Lipa donne un show à l’américaine : choristes, chorégraphie synchronisée avec les danseuses, tout est là. Avec beaucoup d’aplomb, la queen de la pop anglaise enchaîne entre ses features et cover (One Kiss, No Lie) avec ses propres compositions (IDGAF, New Rules). Le rappel est triomphal et l’anglaise ravie d’un tel accueil.
Seul regret côté organisation, avoir mis Rag’n’Bone Man exactement en même temps que Stereophonics. Ne possédant pas encore le don d’ubiquité (on y travaille, on y travaille), le choix se portera sur Stereophonics, ayant déjà écouté l’anglais plus tôt dans l’année à l’occasion du festival Musilac Mont-Blanc.
Les Gallois jouent donc sur la scène jouxtant celle de Dua Lipa, juste après. Le rock des britanniques continue de bouleverser les foules depuis plus de 25 ans. Malgré la sortie de leur nouvel album en 2017, Scream above The Sounds, Kelly Jones et sa bande ont surtout joué des titres de l’album Keep the Village Alive (2015). L’intensité live de l’interprétation de Caught by the wind nous fera regretter le manque de nouveaux titres sur la setlist, mais cela ne vient pas pour autant gâcher une performance assurée avec beaucoup de classe.
Noel Gallagher investit ensuite la scène, avec ses musiciens. Le mancunien livre une performance assurée, débutant avec trois titres de son dernier album « Who built the Moon ». Peu convaincant en studio, les titres ne décollent pas non plus en live. Enchaînant avec des singles des précédents albums, plus appréciés, il ralliera définitivement le public en reprenant des tubes d’Oasis. Même si le contexte n’est assurément plus celui des années 90, on ne boudera pas notre plaisir en chantant avec la foule Whatever, Don’t Look Back in Anger ou Wonderwall. Un moment fédérateur et toujours émouvant.
Dernier artiste avant les grosses têtes d’affiche, Years and Years a livré un show impressionnant sur l’alternative stage. Avec des chorégraphes extrêmement travaillées et une spontanéité rafraichissante, Olly Alexander chante, danse et communique avec le public. Très apprécié des fans pour son accessibilité, il montre encore ce soir sa générosité sur scène. L’univers de leur dernier opus « Palo Santo » est séduisant, Sanctify le titre d’ouverture du show et de l’album prend une nouvelle dimension en live. If You’re over me et Palo Santo seront également interprétés. L’électro-pop de l’anglais colle particulièrement à l’ambiance festive joyeuse de cette fin de journée.
Alors que pendant ce temps là Nekfeu est censé finir son set sur la main stage 1, il décide de jouer les prolongations, emporté dans son élan. The Killers, prévus sur la scène en face, décident de sortir l’artillerie lourde pour mettre un terme au concert du rappeur français. Entamant un rugissant Mr Brightside dès l’entame de leur set, bruyamment repris par le public qui n’attendant -évidemment- que ça, les Américains ont lancé un duel improbable. Égrenant les hits –Somebody Told Me, The Way It Was, Smile Like You Mean It- les Américains livrent sûrement l’un des meilleurs concerts du festival. Terminant par un Mr Brightside repris de bout en bout par le public, le show se conclut sur une pluie de confettis.
Gorillaz peut enfin entrer en scène pour une ultime performance. Ici encore, c’est la prestation d’une machine à tubes à grand renforts d’animations sur écrans géants, bandes sons et guests. Noel Gallagher vient même sur scène le temps de l’interprétation de We got the Power. Une réunion Blur/Oasis qui peut surprendre, même si l’essentiel n’est pas là. Gorillaz assure un show XXL, une belle façon de clôturer cette belle deuxième édition du Lollapalooza Paris.
Le festival a cette année gagné en maturité, qualité d’organisation et de programmation. En dehors des têtes d’affiches ronflantes, des artistes de différents horizons musicaux se sont succédé sur les quatre scènes parisiennes, avec plusieurs prestations inédites en France. On espère que l’évolution continuera dans cette direction. On vous dit donc à l’année prochaine !