">
Mais surtout, tous les codes d’un concert tel qu’on le conçoit sont écartés. Le groupe ne communique pas avec le public, les membres communiquent même très peu entre eux, il n’y a pas de « jeu de scène » à proprement parler, chacun dans l’assistance est dans sa bulle, comme prisonnier d’une gangue imposée par l’intensité insensée de la musique et le pouvoir hypnotique des images – tantôt des visages anonymes, des textes manuscrits, des suites de chiffres, de longs tunnels sans fin…- qui défilent sur l’écran. Alors bien sûr, certains peuvent parler de messe, d’expérience mystique, de transe, railler l’austérité du contexte. Pourtant, l’essentiel est ailleurs : Godspeed est un groupe qui a tout mis dans sa musique pour s’exprimer, transcender ses colères, et le grand tour de force de ce concert est qu’il parviennent à happer entièrement le public dans cet univers, plus rien ne relie les gens présents au même endroit ce soir-là à part cette musique, justement, faisant de ce moment une expérience personnelle partagée dans un contexte collectif.
Autre tour de force, à aucun moment l’intensité ne retombera, le groupe ne se laisse aucune respiration hormis celles inhérentes aux morceaux, et ce pendant 2h30 ! Dresser une playlist devient alors inutile, même si les grands moments du groupe sont là, de Rockets fall on rockets fall à BBF3, qui clôturera la prestation avec son final en apothéose. A d’autres moments, certains passages auront paru moins familiers, au point qu’on se met à espérer avoir entendu de nouveaux morceaux, et alors… Mais ça, c’est une autre histoire. En 2011, Godspeed était là, devant nous, et on n’est pas près de l’oublier.