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Un mois avant la sortie de son nouvel album « Redemption » prévu pour le 3 octobre, Jude nous fait le plaisir de venir jouer tout seul sur la scène du Divan du Monde devant un public de connaisseurs. « Je l’ai déjà vu », confie une fillette de 6 ans à peine. Comme quoi il n’y pas d’âge pour apprécier la musique de qualité !
C’est très décontracté que l’américain fait son entrée. Quelques notes de guitare et le public reconnaît sans mal I know, le titre qui l’avait révélé il y a presque 10 ans, et dont les paroles légèrement modifiées mettent un peu plus l’accent sur la solitude et la sensation de manque : poignant. Sans transition, il passe à un You mama you au rythme enlevé et au débit accéléré.
Puis il s’empare de sa guitare électrique pour un nouveau morceau et lorsque vient le moment du solo de guitare, Jude le surjoue de façon théâtrale. Pour compenser l’absence de batteur, il mime un ‘drum solo’ : ‘dum, dum dum…’. Cet humour, cette spontanéité, cette manière d’être naturellement proche de son public, voilà ce qui le rend si attachant car rares sont les artistes aussi sincères envers eux-mêmes et envers leur public. Suivent deux morceaux au piano, tout simplement magnifiques. Ce qui frappe ici, c’est cette mise à nu dans les textes, ainsi que la justesse de la voix.
À mi-chemin, Jude se trouve volontairement face à une situation périlleuse : répondre à la demande du public. Ainsi, un fan arborant fièrement un T-shirt du chanteur aura droit au titre de son choix tiré du répertoire du chanteur, ce sera Indian Lover et ses envolées lyriques à donner la chair de poule. Puis vient LE moment le plus intrigant de la soirée, une réelle curiosité, puisque pour relever un défi lancé par des fans juste avant le concert, l’américain se lance sans filet, dans une reprise de Crazy, le tube inter planétaire du duo excentrique Gnarls Barkley. «I think they’re crazy in their minds » nous prévient-il. Mais c’est un succès! Le public, s’il n’avait pas eu de sièges aussi confortables, se serait levé comme un seul homme pour danser, tellement cette chanson pourtant fort éloignée de l’univers de « chansons tristes » de Jude semble lui aller comme un gant.
Pour garder le groove et un rythme d’enfer, il enchaîne avec Rick James avant de conclure sur The Asshole song, aux paroles improvisées mais toujours aussi mordantes, dédiée à mes deux voisines qui, ne comprenant pas l’anglais vu leur très jeune âge, ne sauront pas que Jude est un ‘asshole’. Et finalement, il décide de rajouter un morceau, ce sera Love, love, love, premier single extrait de « Redemption », titre assez plaisant mais sans grande surprise. Pour le rappel, il nous gratifie de Madonna, interprété à merveille avec cette voix d’ange, cristalline et incroyablement maîtrisée. Le public écoute dans un silence quasi religieux, ébloui par tant de beauté.
Enfin, pour les adieux, Jude fait une dernière proposition: « Would you like to sing? », et au « Oui » massif qu’il reçoit, il répond par un On the dance floor dans une version piano. Peu convaincu par le rendu, il s’interrompt au milieu du morceau et saisit sa guitare pour la seconde partie. Puis il clôt ce show avec un medley de Out of L.A de son propre cru et Ain’t no sunshine de Bill Withers, passant sans cesse de l’un à l’autre d’une manière si naturelle qu’on pourrait croire qu’il s’agit d’un seul et même morceau: impressionnant ! Ce soir, Jude a été le roi de la soirée.