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Bientôt deux semaines… une semaine… puis ça y est, Kurt Vile, c’est tout à l’heure ! L’excitation est à son comble, c’est la première fois que nous verrons l’ancien membre de War On Drugs se produire sur scène. Il est 20h, direction la Gaîté Lyrique.
La porte de la salle tout juste poussée, nos oreilles bourdonnent déjà sous un effet des plus annihilant : celui du son revendiqué « stone-gaze » de True Widow, à la fois shoegaze et stoner, ce qui consiste en une série de riffs tous aussi lourds les uns que les autres, jetés pêle-mêle sur une rythmique pesante. Une esthétique sombre, parfois contrebalancée par la voix de la bassiste Nicole Estill, qui dégage une telle épaisseur qu’elle en devient étouffante. On attend fermement la tête d’affiche.
Le bar de la Gaîté Lyrique désemplit, signe qu’il faut filer vers la salle. En effet, Kurt Vile s’y est déjà installé, accompagné des Violators qui forment tous une sacrée bande de chevelus – la mèche d’or revenant inévitablement à Kurt, capable de tenir un concert le visage mangé par une tignasse à faire pâlir d’envie tout adepte de hair metal – et entament d’emblée le titre phare de son dernier album : Wakin’ On A Pretty Day. Une entrée en matière qui inaugure la brochette de morceaux issus de celui-ci qui va suivre : Girl Called Alex, etc. Et tant mieux parce que voici un excellent disque qui prend là une ampleur nouvelle.
Le tempo ralenti, le son paraît davantage étiré, toujours puissant mais plus propice à l’épanchement. Surtout lorsqu’il décide de changer de registre et de tabler sur un ton sobre et dépouillé. Les Violators quittent la scène et Kurt Vile occupe maintenant toute la place avec sa guitare pour seule compagne. Une osmose palpable, une maîtrise parfaite, avec entre autres le tout récent Feel My Pain ou encore Peeping Tomboy, mais l’étoffe du héros se fait toujours attendre.
Enfin, ça explose et le show prend la hauteur qui lui manquait jusque là. Plongée en pleine période « Childish Prodigy » avec Hunchback et Freak Train, compositions exaltantes et fiévreuses qui réconcilient le conformisme (relatif) des deux derniers albums avec un répertoire plus expérimental, typique des débuts de Kurt Vile en solo. Une prestation close sur une note joyeuse et bordélique, en quasi apothéose, suspendue au saxo de Jesse Trbovich.
Crédit photo : Alexandre Zimmermann