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La soirée démarre avec Mermonte. Sur scène, le groupe semble être démultiplié, il y a quatre guitaristes, deux batteurs, des violons et violoncelles, une claviériste et percussionniste et au milieu de tout ça, un bassiste qui semble se sentir un peu seul. Mermonte a du volume, et quand ces compositions un brin emphatique se mettent à décoller, on se retrouve là, face à ce déluge de notes, un peu comme un jour de grand vent du côté d’Etretat …
Des publicités pour une marque de voiture et un quizz organisé par une plateforme de streaming succèdent à ses envolés lyriques et on se dit que notre temps de cerveau disponible est une fois de plus bien utilisé. Puis la lumière s’éteint et Daughter arrive sur scène. Ils sont juste trois, les atmosphères sont plus posées, il y a plus de silence, des arpèges cristallins sont joués en accord mineur, la basse est mélodique, la guitare pleine de delay pour créer une nappe vaguement ambiante. Le groupe fait penser à The XX par moment. On se dit aussi que la mélancolie anglaise se retrouve une fois de plus dans la voix frêle et touchante de la chanteuse Elena Tonra.
Sur le dernier album de Lambchop , « Mr M », on peut voir un hommage à la mémoire de Vic Chesnutt. Ce soir, on retrouve un peu de cette tristesse dans la discrétion pudique de Kurt Wagner. Le groupe démarre doucement, prend son temps, laisse installer tranquillement cette country mélancolique, et cela malgré le brouhaha incessant en provenance du bar. Il valait mieux être proche de la scène, à regarder comment Kurt Wagner joue de l’émotion, nous montre de son art de jouer de la syncope, cette tension portée par une guitare discrète et une fabuleuse voix grave, une voix de whisky, assurément. Le reste du groupe suit, à l’aise, allant parfois du côté du jazz, avant de partir vers quelques passages atmosphériques, il est alors aisé de se laisser porter par cette musique. Les morceaux joués proviennent essentiellement de « Mr M » et le set ne dure qu’une heure. On aurait aimé plus, on aurait aussi aimé des titres plus anciens, mais la beauté de ce set suffit largement pour effacer cette légère frustration.
On se souvient encore des titres de Tindersticks que l’on pouvait entendre en voyant les premiers films de Claire Denis. Il y avait là une certaine noirceur, en particulier sur « Trouble Every Day », et on se demande si le groupe allait en jouer ce soir, au risque de plomber la soirée. Tindersticks nous sort plutôt ses titres les plus soul, en particulier issus du dernier album, « The Something Rain ». Il ne faut pas trop s’étonner de la soudaine hausse de température dans la salle à l’écoute des premières mesures de Show Me Everything, This Fire Of Autumn ou encore Frozen. Stuart Taples joue de cette voix grave pleine de classe, porte plutôt bien le gilet et esquisse quelques pas de danse tout en tapant dans un tambourin ou bien en jouant de son immense guitare demi-caisse. Une fois de plus, on aurait aimé que ça dure plus longtemps, et aussi quelques vieux titres de « Curtains », mais on fait un peu la fine bouche, car on ressort de la salle, heureux d’avoir pu assister à cette belle soirée.