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Les Ardentes, le festival liégeois dont l’intitulé provient de la ville dans laquelle il se déroule… Liège, c’est la Cité Ardente ! Les Ardentes, c’est aussi 18000 festivaliers (maximum) par jour dans un parc arboré longeant la Meuse, à quelques 5 minutes en transports en commun du centre-ville.
Habituellement, aux Ardentes, le jeudi est le jour le moins fréquenté. Diverses raisons en sont la cause et la principale, selon les organisateurs, est que bon nombre de festivaliers travaillent de bonne heure le lendemain et hésitent donc à se déplacer. Pour faire face à ce manque de fréquentation, la programmation a aligné plusieurs têtes d’affiche en une seule soirée, comme Morissey, Patti Smith, White Lies, The Ting Tings ou encore Dionysos.
A 14:40 suivra sur la même scène BirdPen (photo 4), composé des compères que sont David Penney (Archive) et Mike Bird, dont on sent dès les premières notes l’envie et la joie de nous présenter leur deuxième album « Global Lows ». On appréciera l’interprétation de Only The Names Change où les guitares débouleront toutes devant, ne laissant place à aucun scepticisme. La ressemblance avec Archive ne se limite pas au timbre de voix partagé de David Penney, on appréciera, ou pas c’est selon, la longueur de certains morceaux.
16:10 : Shearwater entre en piste. Avec un album ravageur paru début 2012 (« Animal Joy »), les Texans ont attiré la foule, non pas grâce à ce dernier opus mais à cause de la pluie qui vient de faire son apparition à Liège. On appréciera l’application du groupe à reproduire White Waves ou Rooks mais nos sensations seront au plus haut lors de You As You Were, magnifiquement interprété.
17:40, Soko arrive sur scène et au bout de 5 minutes, on comprend que la Bordelaise est dans un jour sans ou n’est absolument pas faite pour le live. Elle ne maîtrise pas le larsen de sa guitare, se la joue rock’n’roll en nous gratifiant d’un rot non contrôlé… Bref, nos oreilles nous supplient de les épargner, ce que nous exécutons sans rechigner.
Après avoir arpenté la Route des Saveurs (comprenez par là, le chemin pavé qui sépare les deux scènes principales où sont alignés les différents points de ravitaillement), retour au HF6 à 19:20 pour Warpaint (photos 5 et 6). Le quatuor de ladies californiennes jouera successivement et à merveille Bees, Stars, Composure, Undertow, Elephants et Baby. On ne pourra que regretter la durée de leur prestation qui n’excèdera pas une grosse trentaine de minutes au lieu des quarante prévues…
20:00 : direction l’Open Air pour The Ting Tings (photo 7)… le duo mancunien commence d’entrée de jeu avec son titre très porteur, Great DJ. La première demi-heure du concert invite l’assistance à sautiller sur We Walk ou Shut Up And Let Me Go. Cependant la seconde demi-heure perd en intensité, avec de trop longs solos électros…
Retour peu après 21:00 au HF6 où Patti Smith n’a pas attendu notre arrivée pour débuter les hostilités. La Dame du rock est en forme et en impose sur scène, tant par sa voix que par son interprétation, comme sur Banga qu’elle agrémente au final d’un regard troublant tout en nous assènant : believe or explode ! Eh bien nous, nous avons explosé tant l’icône légendaire du rock féminin a livré un set plein mélangeant le neuf (April Fool ou This Is The Girl) avec les anciens et toujours aussi prenants Because The Night ou Gloria. Il est à parier que le passage aux Ardentes de la sexagénaire restera à jamais gravé dans la mémoire des festivaliers présents.
La soirée se clôturera sur la scène principale avec White Lies (photo 8) et Morissey (photo 9). Les premiers nommés offriront une sorte de concert version mini best-of à leurs fans. Morissey, quantà lui, décevra un peu nos espérances malgré quelques bon moments lors de certaines reprises des Smiths :
How Soon Is Now?, Meat Is Murder et I Know It’s Over
A 17:40 sur l’Open Air, Gareth Michael Coombes, aka Gaz Coombes, se souvient probablement de son passage en 2009 où, avec Supergrass, il avait marqué les esprits avec un set intense et sincère. « Here Come the Bombs », son premier album solo est tout frais et pourtant, on dirait que le quarantenaire d’Oxford le connaît déjà sur le bout des doigts. On regrettera un son dégueulasse et un public amorphe qui se demandait qui était ce gars dont la voix lui disait bien quelque chose, mais sans pouvoir l’identifier. Il nous faudra une autre occasion pour mieux profiter de l’Anglais et du style qu’il impose.
Retour à 18:20 au HF6 pour suivre le nouveau phénomène belge qui commence à bien s’exporter : Great Mountain Fire. Les Inrocks ont comparé GMF à Phoenix… Alors, autant dire qu’après pareil clin d’oeil, la pression est sur les épaules des Bruxellois dont les plus pointus attendent une prestation digne de ce nom. Et cette fois encore, le groupe est à la hauteur des attentes du public venu en masse, comme pour resserrer l’unité nationale qui commence à sérieusement s’effriter.
A 19:30 c’est au tour de Twin Shadow. Personnellement, on est très impatients de découvrir sur scène George Lewis Jr. Nous n’avons eu que 3 jours pour nous imprégner de « Confess », le deuxième album du New-Yorkais. Le sympathique sourire de l’artiste est communicatif, le concert le sera tout autant avec une setlist peu conventionnelle alternant de nouveaux et d’anciens morceaux : Shooting Holes, Tyrant Destroyed, Five Seconds, When We’re Dancing, Patient, At My Heels, Run My Heart, Slow, Castles In The Snow, Golden Light, Forget.
Dès la fin de Twin Shadow, on se rend à l’Aquarium pour y apercevoir le nouveau phénomène Carbon Airways… La claque est immédiate, avec l’électro hardcore proposée par le duo familial composé d’Eléonore et de son frère Enguérand. On se demandait si Prodigy pouvait avoir une descendance. La réponse est positive. Nous espérons simplement que le duo deviendra groupe et que les ordinateurs seront remplacés par des humains avec des instruments de musique.
21:00 : Pas le temps de s’en remettre que déjà Housse De Racket monte sur scène. Histoire de détendre l’atmosphère, Pascal Leroux lâche au public assez clairsemé : « Vous connaissez toutes nos chansons non ? ». Au travers d’une pop énervée, Housse De Racket se sent un peu à Liège comme chez lui : « Trois ans que nous n’avions plus joué à Liège, ça fait plaisir de revenir… » Kitsuné ne veut pas les lâcher et on comprend pourquoi.
23:30, c’est au tour de Marilyn Manson… Si ce n’est que la ‘star’ se fait attendre, voire carrément désirer… Car personne ne peut se trouver sur son trajet entre son hôtel et la loge de la scène. Au total, nous devrons patienter 45 minutes, avec à notre gauche des fans espagnols invectivant ‘hiro de p’ en direction de la scène et à droite, des Allemands qui ne cessent de cumuler les allers et retours vers le bar car il fait chaud dans la foule. On sera tout de même récompensé, car si le chanteur gothique à l’égo excacerbé ne fait pas l’unanimité, ses prestations live, elles, sont impeccables et (trop?) bien rodées et les reprises de Depeche Mode (Personal Jesus)ou Eurythmics (Sweet Dreams) font toujours plaisir à écouter en concert.
Sur l’Open Air, Dan San, groupe local, a le privilège de pouvoir constater que son tissu d’inconditionnesl ne diminue pas, bien au contraire avec la sortie toute récente de son premier album « Domino ». Le groupe a évolué, pas seulement en nombre, mais en qualité scénique. La pop-folk proposée nous invitera à danser et d’ici peu, nul doute que le quintet trouvera une reconnaissance internationale digne de Wilco à ses débuts.
On court… Mais cela ne sert à rien, car Absynthe Minded a débuté son set avec près d’un quart d’heure d’avance sur l’horaire initial… pour terminer plus tôt que prévu… N’étant pas adepte des Gantois, force est de reconnaître que sur scène le groupe maîtrise son sujet et arrive à emmener les spectateurs dans son univers, tantôt jazz, tantôt pop.
18:20 Hr et le premier grand moment de la journée débarque. Jonathan Wilson semble décontracté et décidé à communiquer avec le public… Après le premier morceau, il se présente, demande comment le public se sent avant de le gratifier d’un bon vieux «fuck you», histoire de rappeler que sa musique est en parfaite adéquation avec son attitude. Le set est plein, énergique et nous apporte de bons moments de psychédélisme.
Sur l’Open Air, la soirée débute pour un trio français composé de Pony Pony Run Run, Brigitte et Joeystarr. On apprécie le show minimaliste des Brigitte soutenu par de ‘vrais’ musiciens qui donnent une autre dimension à la musique édulcorée du duo féminin. Il se dit que Joeystarr viendra les rejoindre sur scène pour Ma Benz mais il n’en fut rien. En effet, le rappeur nous semblera un brin fatigué et surtout amer de ne pas être la vrai ‘starr’ du soir, vu qu’il précise qu’il fait le ‘warm-up’ pour 50cent…
Mais point de demi dollar pour nous puisque nous terminerons la soirée en compagnie de Death In Vegas. Toute la journée, on s’est posé la question de savoir comment avait évolué le groupe puisque entre le dernier album (« Trans-Love Energies ») et son prédécesseur (« Satan’s Circus »), il s’est écoulé pas moins de sept ans pendant lesquelles le meneur-compositeur-producteur Richard Fearless s’est exilé à New-York pour s’adonner à la photo et former un autre groupe (Black Acid)… Death In Vegas passera tout son répertoire en vue, y compris Rekkit paru sur « Dead Elvis » en 1997. Entre électro et rock, les sons du groupe britannique virevoltent sans jamais glisser dans l’excès.
Notre journée commencera donc par une grande salve d’applaudissements à l’attention de la chanteuse de Brooklyn que nous voyons passer en backstage… Snif, snif !
On se rabat dès lors sur François & The Atlas Mountains mais le Charentais ne nous séduit pas sur scène, au contraire du soleil qui refait son apparition…
A 16:30 Hr, nous prenons la direction de l’espace presse pour la conférence des organisateurs… On y apprendra en vrac qu’il y aura eu environ 67000 festivaliers, que le jeudi a été le meilleur jeudi depuis la création des Ardentes… Et enfin que Marilyn Manson impose des contraintes plus importantes/folles que les rappeurs (sans parler de son record de retard, quelques 45 minutes). Mais le plus important est que l’édition 2013 aura bien lieu sur le même site, mais probablement pour la dernière fois dans le Parc Astrid.
Au HF6 à 17:00 Hr, I Blame Coco n’a pas que des traits communs avec son père (Sting), son timbre de voix s’en rapproche également. On a apprécié sa pop dansante aux mélodies variées et l’intégration dans la setlist de The Wall des Pink Floyd.
La découverte du festival vient de Michael Kiwanuka, cet Ougandais qui a eu les faveurs d’Adele pour sa dernière tournée. Il n’y a d’ailleurs pas que son single Home Again qui vaut la peine. Kiwanuka et son groupe font preuve de simplicité pour dérouler les morceaux, et ça paie.
A 21:30 Hr, Yeasayer envahit le HF6 et nous tenons là le meilleur concert du festival. Au vu de la grande qualité des précédents, autant vous dire que la prestation des New-Yorkais a été impressionnante. Le groupe ne refuse rien, est énergique. Sa pop expérimentale nous enchante et le public, même s’il n’est pas très nombreux est conquis.
M83 (avant Cypres Hill), c’est un peu la tête d’affiche inattendue aux Ardentes, voire un peu prématurée… Car oui, tout le monde connaît Midnight City, une plus petite partie Graveyard Girl mais qui dans le public a déjà entendu Teen Angst ? Personne et M83 le sait, car il nous déroule presque exclusivement des morceaux de « Hurry Up, We’re Dreaming ». Qu’importe, l’apothéose est à son summum en cette fin de dimanche et on espère que l’édition 2013 sera de la même trempe.