"> Les Nuits Belges (1/2) - Live Report - Indiepoprock

Les Nuits Belges (1/2)


Même si ces Nuits Belges furent plutôt des soirées belges, même si le concert de Tom Barman vs Magnus a été annulé et même si les bières n’avaient pas changé d’origine pour l’occasion, les cœurs et les corps du public parisien venu en masse auront vibré pour le plat pays ce lundi 16 octobre.   […]

Même si ces Nuits Belges furent plutôt des soirées belges, même si le concert de Tom Barman vs Magnus a été annulé et même si les bières n’avaient pas changé d’origine pour l’occasion, les cœurs et les corps du public parisien venu en masse auront vibré pour le plat pays ce lundi 16 octobre.

 
Coup d’envoi des festivités à 19h20, ça commence tôt mais ça commence fort avec Hollywood Porn Stars (photos n°1, 2, 3, 4), fausses stars de porno mais vrai look d’acteurs de Hollywood, tous très classe en rouge et noir. Ils sont impressionnants de calme et de maîtrise. Anthony Sinatra apparaît de manière évidente en tant que leader, chantant entièrement sur la quasi totalité des morceaux. On remarque, à son avantage, que sa voix se prête mieux au style rock qu’auparavant. Redboy reste beaucoup plus discret, s’accordant à l’occasion quelques poses rock n’roll avec pied sur l’ampli et regard inspiré, ou deux-trois rugissements bien sentis. Plusieurs nouveaux morceaux : Zouk 3000, qui comme son nom l’indique va plus chercher du côté zouk que du côté rock ou Robert, sont de très bonnes raisons de se réjouir d’un futur album des belges. Love Idol ou Hollybody produisent leur effet: direct, accrocheur et efficace, du Hollywood Porn Stars type. La set list annonçait plus de titres, dont l’excellent Starwest, mais il n’en sera rien, l’heure tourne et il faut céder sa place. C’est donc avec Actarus que les Belges finiront cette prestation fort appréciée et extrêmement convaincante. 

À présent voici le moment d’accueillir Sharko (photos n°5, 6, 7, 8), bien connu du public parisien pour son humour décalé, sa bonne humeur et ses tenues farfelues. Or, au premier abord, on ne reconnaît pas le groupe, tenues sombres, air sérieux et atmosphère mystérieuse caractérisent ce Bug d‘ouverture. Mais dès les premières notes de Excellent, c’est parti pour un concert de folie ! Métamorphosés en Chippendales rock n’roll, les belges savent mettre de l’ambiance. Motels, premier extrait du nouvel album de Sharko "Molecule", qui sort en Belgique à la fin du mois, amène David Bartholomé à tomber la chemise et à se contorsionner dans tous les sens, tel un elfe électrocuté. C’est physique, éprouvant pour les nerfs, mais on en redemande! Vers la fin du concert, David se saisit de son indispensable ukulélé, mais non pas pour une version acoustique de Excellent mais pour un tout nouveau titre intitulé No contest. « No contest, I am the best » se vante le chanteur mais personne ne peut le prendre au premier degré, tant on sait les belges férus d’autodérision (une spécificité nationale?). Enfin, sur le dernier morceau, un nouveau, intitulé Rock1, l’habituel bain de foule en slip de bain est remplacé par un pogo bien senti, Sharko n’a jamais été aussi proche de son public… et ce dernier le lui rend bien : comme un seul homme, le public a chanté, dansé, et montré son enthousiasme. Ce soir, Sharko s’est fait de nouveaux amis.
 
La ravissante An Pierlé (photos n°9, 10, 11), accompagnée de quelques musiciens, s’annonce comme un entracte. En effet, difficile de rivaliser avec l’énergie et l’électricité des deux premiers groupes. En attendant Venus, elle nous propose de rejoindre Jupiter. Telle une princesse, elle apparaît dans sa robe couleur crème et charme avec ses moues d’enfant timide et ses grands yeux bleus. Pour ce set acoustique, elle a laissé son piano de côté et troqué son gros ballon contre un siège plus conventionnel. Elle reste avec nous le temps de cinq chansons. Le superbe How does it feel? fait sensation. Et lorsque la belle se prend pour Blanche Neige, le public se fait doux comme un agneau et admire d’un air béat. Pour son dernier morceau, elle nous bluffe avec une reprise très réussi du C’est comme ça des Rita Mitsouko. Le début est tout en douceur, la demoiselle susurre les paroles de sa voix sensuelle avant d’exploser de manière totalement inattendue sur le refrain, bondissant sur scène avec une énergie qu’on croyait réservée à David Bartholomé. Opération séduction réussie, tous les hommes (et les femmes aussi) ont été subjugués par la jolie An Pierlé. La Cigale, gonflée à bloc, est prête à accueillir la tête d’affiche de la soirée.

Moins glamour que glam rock, un peu gothique mais surtout baroque, voici Venus (photos n°12, 13, 14, 15). Le décor est planté : rideau cramoisi en velours, lustre en cristal posé à même le sol, costumes stricts, Venus met de la distance entre ses chansons et le public. Le quatuor impressionne et joue avec un professionnalisme à glacer le sang. Beautiful Days voit la voix de Marc Huyghens s’élever d’une belle manière et le public reprendre en chœur le refrain avec un grand enthousiasme, à croire qu’ils ne sont venus que pour ce titre. Il faut l’avouer, peu de personnes reconnaissent les titres de "Welcome to the Modern Dance Hall", dans ces nouvelles versions, apaisées certes, mais ne se singularisant ni par leur originalité, ni par l’émotion qu’ils procurent. Royalsucker, par exemple, véritable petite bombe rock il y six ans, est tout à fait méconnaissable. Ballroom et Out of Breath par contre, en ressortent grandis. Cette fin de soirée est en demi-teinte il faut l’avouer. Même si les trois derniers titres (Kallenovsky joué en ultime rappel est superbe) distillent une émotion palpable, cela ne suffit pas à effacer l’impression forte de monotonie, la noirceur est plus belle quand elle est rare. Pas assez de couleur lasse l’auditeur.

Crédit photos : Robert Gil, Maddy Julien

Kim
Chroniqueur
  • Publication 185 vues16 octobre 2006
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