"> Les Nuits De l'Alligator @ Le Big Band Café 20 février 2015 - Live Report - Indiepoprock

Les Nuits De l’Alligator @ Le Big Band Café 20 février 2015


Une nuit d'étreinte musicale...

Faire l’amour à la musique le temps d’une soirée, voilà ce qui nous attendait ce soir-là, le temps d’une nuit de l’alligator inoubliable…

En guise de préliminaire, Bloodshot Bill, sourire malicieux en coin, s’est installé dans un recoin de la salle, petit micro, petit ampli, gomina à foison. Délivrant un micro set de 4 – 5 titres dans la plus pure veine rockabilly 50’s, le Billy va nous mettre l’eau à la bouche, un charme espiègle transpirant de tous ses pores. Un jeu s’installera très vite entre la salle et ce grand bonhomme entre friponnerie et faux airs de jeu du chat et de la souris. Tout restera dans une distance ludique, son intervention restant dans un style des plus agréables sans jamais le révolutionner, le but affiché étant le fun à tout prix.

Une fois les sens subtilement mis en éveil, les Duck Duck Grey Duck lancent la première vague de frissons. Chevelure hirsute, rythmiques frénétiques, le trio délivre un fourre-tout rock (garage psyché pop) débordant de moiteur. Dans une interprétation très charnelle, invoquant la soul la plus prenante, les joyeux drilles nous annoncent les choses sérieuses, on n’en est plus à la parade nuptiale, nous avons allègrement franchi un palier. A la mesure des coups de boutoirs aux fûts comme aux cordes, on s’est abandonné à des rapports bien plus physiques. Les Suisses, une fois l’atmosphère bien installée, s’emploieront sans mal à maintenir ce lien. Il serait presque vulgaire d’aborder le style musical, les helvètes se situent clairement à la croisée d’influences les plus classiques possibles. Mais entre le charisme du chanteur, ses solos enflammés à la guitare, le batteur en feu et le bassiste presque en décalage constant, les Duck Duck Grey Duck enflamment littéralement l’oxygène. Notre rythme cardiaque et notre endurance au désir vont bientôt avoir besoin d’un flux plus langoureux et aspirent à un moment de sensualité…

Après cette première bandrille des plus alléchantes, Bloodshot Bill reprend instantanément le flambeau, entretenant nos sens le temps de l’entracte, toujours dans son style caractéristique. Entrent alors deux « petits » bouts de femme, Sarah McCoy et sa « best friend ». La dénommée « best friend » assurera la partie bulles et xylophone. Pour le reste, Sarah, une fois les doigts posés sur le clavier et les premiers couplets entonnés, nous dresse d’emblée le programme. Un  rhythm’n’blues/soul à tomber nous happe instantanément, subjugués que nous sommes par la puissance de la voix et du personnage. L’image étant des plus faciles, on ne peut tout de même s’empêcher de la décrire comme la fille rêvée de Tom Waits et Aretha Franklin : c’est profond et chaleureux. L’interprétation de la dame fait écho à de nombreuses choses enfouies, et bien que gardant un détachement constant par l’humour, on perçoit sans mal les cassures qui ont jalonné son chemin jusqu’à nous. Plongés dans un océan de sensualité, on se situe plus dans une atmosphère de chaleur, de proximité des corps, l’expérience se veut plus calme, mais l’intensité monte. Le rythme s’est apaisé, mais nos sens sont plus que jamais en émoi et l’heure est venue de les libérer.

Le moment est donc des plus propices à l’entrée de Heavy Trash. Si la musique est  un désir, alors Jon Spencer fait figure d’un puissant aphrodisiaque. Tout chez cet homme « pue le rock », du style, à la posture, au phrasé et j’en passe. Et comme une évidence, Heavy Trash va tout exploser, comme une jouissance d’1h30, sans pause entre les titres, dans une furie très Presley pré-obésité, 90 min qui n’auront durée qu’un instant. L’expression « musique du diable » n’a jamais eu autant de légitimité. Pour l’occasion, les deux compères (Spencer et  Matt Verta-Ray) sont accompagnés sur scène d’un batteur et de Bloodshot Bill, le même sourire aux lèvres, armé d’une contrebasse et qui semble s’amuser comme un gosse. Heavy Trash « punkifie » son rockabilly avec une classe folle, mais surtout interprète celui-ci comme personne, il est vraiment impossible de rester de marbre pour tout fan de rock à une telle aura. Et le set passera comme une tempête, en accélération perpétuelle jusqu’à l’apothéose d’une soirée aux allures de découverte juvénile majeure, Jon Spencer ou l’érection musicale…

Au rayon des emplettes:

Le festival compile les productions de plusieurs intervenants, et pas des moindres, de cette 10ème édition dans un vinyle disponible ici

Heavy Trash sort son quatrième album, « Noir! », exclusivement vinyle en édition limitée et en pré commande ici, sortie prévue le 26 avril, quelques précieux sésames étant déjà en vente lors de leurs passages scéniques… (en notre possession, on peut déjà vous présenter l’objet comme le grand écart entre OVNI abstrait et rockabilly nostalgique, si si, c’est donc faisable)

Bloodshot Bill défend lui depuis décembre son nouveau LP « Shook Shake », l’album est sortie chez Norton Records

Duck Duck Grey Duck, qui s’annonce comme une grosse sensation de l’année, a délivré son premier effort, « Here Come… » le 2 février, en écoute ici, sorti chez Casbah Records

L’envoûtante Sarah McCoy semble ne pas en être à ce stade de sa carrière solo. Faute de quoi voici son premier single, enregistré avec les français de Limianas:

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