Peu renseignés, nous pensons arriver ce soir-là à la salle du BBC d’Hérouville St Clair (14) pour une petite 1h30, si on est chanceux, d’un bon gros brûlot rock’n’roll comme les « Crampsiens » de Lords Of Altmont semblent savoir le faire…

Arrivés sans se presser, le temps de récupérer nos sésames, les conduits auditifs réagissent aux riffs et chants biens nerveux et habités qui s’échappent de l’intérieur. L’intérêt s’intensifie vitesse grand V à la mesure de l’urgence qui ressort de l’interprétation. Mais qui donc est responsable d’autant de bruit et de rage?!!! Quelle ne fut pas notre surprise en voyant la scène vide et le public attroupé autour de la régie son. Quelques pas plus tard, la tignasse de Grand Guru s’agite frénétiquement, le poing se lève et laisse saillir la veine du bras comme pour appuyer d’autant plus la rage qui éructe des cordes vocales. Oui, un one man band, le monsieur au milieu de la fausse, qui produit un vrai boucan à se faire hiberner de honte des bus de pseudos rockeurs à mèche. Difficile de situer le rendu musical, entre blues et punk, du rock quoi, habité, gras et particulièrement furieux (blues hardcore semblerait le plus proche). Une vraie expérience de bruit à la grâce d’une personnalité à vif, et clairement la meilleure expérience de première partie (découverte) faite à ce jour. Grand Guru fera l’objet à coup sûr de plusieurs chroniques dans le futur sur ce site mais une petite visite du bandcamp est déjà fortement conseillée.

L’expérience Grand Guru achevée, l’heure est enfin arrivée de vaquer aux occupations périphériques d’une soirée concert, godet à bulles, tabac et discussions musique. De loin nous entendons un Black Luna, bien plus sage, certainement plus riche musicalement avec un léger voile psyché plus ‘dans l’air du temps’, nous offrant un rendu qui nous rappellera des accents de The Pack A.D. mais qui aura bien du mal à nous ramener sur terre.

C’est alors que les stars de la soirée s’y collent. Il est vrai que nous aimons les groupes qu’on ne peut vraiment étiqueter, qui puisent leur créativité partout. Eh bien The Lords Of Altmont, c’est tout le contraire : grande tenture noire et blanche vieillie avec des 6 et des étoiles dedans, des musiciens au look de gang de motards, et danseuse tout droit sortie d’un film de Russ Meyer qui adaptera sa tenue aux températures caniculaires bien connues d’une Normandie en octobre… La suite des événements ? Une bonne heure de rock’n’roll pur, un orgue qui voltige (au figuré et non) un jeu de guitare hyper calibré, solos courts et à propos, basse et batterie survoltées. Comme tout bon rock qui se respecte, malgré la qualité indéniable des musiciens, l’attitude reste prépondérante, et nous ne serons pas en reste : les titres défilent au gré des acrobaties du chanteur/clavier (solide le clavier), les hurlements et postures de chacun et surtout, force est de le reconnaître, la plastique en mouvement de la dame pas frileuse, nous offrira un vrai théâtre de clichés des plus jouissifs pour tout adepte de la musique du diable. Côté son, les légères tendances MC5 voire heavy metal qui ressortent des productions studios sont bien moins présentes et la filiation aux Cramps et Fuzztones s’en trouve d’autant plus exacerbée. Un rock post 70’s qui ressort de sa rencontre avec le punk, soutenu d’un clavier qui ne se situe ni dans le rockabilly ni dans le psyché, dont le rôle semble central sans qu’on puisse vraiment définir son apport. C’est bien en cela aussi que la musique live des Lords… se manifeste, des lignes que se chevauchent, sans qu’un instrument ne prenne vraiment le lead, avec un son qui, vous l’aurez bien compris, ne révolutionne rien, mais a le mérite d’accomplir parfaitement sa mission, un retour au rock sans compromissions, une lave en ébullition.

Trois heures parfaitement occupées, une soirée réussie à bien des égards, entre découverte marquante et tutoiement d’anges du rock, merci le BBC pour cette belle affiche.

• Publication 427 vues1 novembre 2014
• Tags The Lords of Altamont
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