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Kim Fahy, le leader de The Mabuses, est un homme qui prend visiblement son temps. En dix-sept ans, seuls trois albums sont sortis sous l’étiquette de son groupe : l’excellent "The Mabuses" en 1991, puis "The Melbourne Method" en 1994 avant un quasi-silence radio. La sortie ce printemps de " Mabused !" et l’annonce dans la foulée d’un passage à Paris pour un concert, constituaient donc une surprise de taille.
La soirée commence avec la jolie prestation de The Sleeping Years, constitué de l’ex-Catchers Dale Grundle et de la violoncelliste Michelle So. Malheureusement, la salle n’est pas encore très remplie et le public pas très attentif aux morceaux tirés de "We’re Becoming Islands One By One", un album folk mélancolique habité par la beauté et la grâce. Difficile dans ce contexte pour Dale Grundle de créer une atmosphère intimiste, alors que c’est justement là que le groupe s’apprécie le plus. Les amateurs de The Sleeping Years ont de quoi être amers.
C’est à Antoine Loyer (guitare et chant), accompagné de Bilal (tablas et voix) de prendre la suite. Une formation plutôt originale, qui a de belles intentions mais qui ne convainc pas vraiment.
Enfin, Kim Fahy, très élégant, entre sur scène entouré de ses musiciens. Une belle formation, qui comprend au grand complet deux guitares, un bassiste, un batteur, un joueur de ukulélé, un piano et une violoniste. JP Nataf, qui a déjà collaboré avec le leader des Mabuses (notamment sur son propre album, "Plus de sucre", puis sur le projet The Wantones), est tout sourire et passe du piano à la guitare.
Le concert s’ouvre sur We Rested Our Feet, extrait du premier album des Mabuses. Le groupe enchaîne sur Seasider et égrène les morceaux de "Mabused !" (I’m The Greatest, Dark Star, Sugarland – la reprise du morceau Plus de sucre de JP Nataf, l’excellent Byayaba…) . Le kaleïdoscope proposé sur disque, brassant habilement pop, psychédélisme, blues ou même musique classique, avec des bruitages et des collages, n’a pas le même visage sur scène. Les versions présentées au public sont moins biscornues, moins riches, globalement plus pop et homogènes. Forcément, il y a moins de changements de climats que sur les versions studio, mais la relecture des morceaux demeure intéressante. Quel beau tableau de voir le groupe évoluer avec autant d’entrain, de classe et d’application !
Pourtant, le public ne manifeste pas très ouvertement son enthousiasme, et reste assez réservé (sauf peut-être après le dernier morceau…). Dommage : Kim Fahy dégage tellement de jovialité et de sincérité…
Le concert se termine dans une tonalité country-pop des plus joyeuses avec Hog Of The Forsaken, une reprise de Michael Hurley. Il n’est que 22h30 passé mais le couvre-feu légal semble sonner le glas du concert ; il n’y aura pas de rappel. Trop frustrant après un aussi bon moment.