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En dépit du retour du masque obligatoire, le public n’avait pas boudé son plaisir de pouvoir assister à cette date du duo Mansfield.Tya annoncée depuis longtemps et, fait presque rare aujourd’hui, ni annulée ni décalée. En ouverture c’est Poltergeist, projet derrière lequel se cache Ari, jeune homme plein d’aplomb d’à peine vingt ans, qui monte sur scène. Chant en allemand, ce qui ne manque pas d’audace, morceaux nourris au krautrock et à la cold-wave, on a eu droit à une prestation à la maîtrise bluffante. Ari passe avec virtuosité de la programmation de ses machines à un jeu de guitare électrique sur le fil du rasoir et assure aussi le chant, souvent modulé en motifs répétitifs et tendus. Petit à petit, le public n’a cessé de quitter le bar pour venir goûter la prestation dans la salle et les ovations ont été à la hauteur. A revoir très vite.
La scène est ensuite drapée de grandes tentures qui vont refermer son espace mais aussi former un cocon que ne vont pas tarder à investir Julia Lanoë et Carla Pallone. La lumière délicate les fait d’abord presque se détacher en ombres chinoises pour un début de set solennel avec une longue version de La Nuit Tombe que le violon de Carla Pallone étire et fait vibrer. Le duo enchaîne sur le bouleversant Le Parfum Des Vautours et l’émotion est palpable sur le visage de Julia Lanoë, qui évoque la disparition de sa compagne, événement traumatique au centre du superbe dernier album du groupe, « Monument Ordinaire ». L’ovation à la fin du morceau est immense et, à la fin de Ni Morte Ni Connue, étonnant mélange d’électro dansante pour un propos grave, l’ovation est encore plus grande et la cause est entendue, le public est conquis et c’est réciproque. Julia Lanoë avoue même qu’on l’avait avertie de s’attendre à un public froid et qu’elle se rend compte que ce n’est pas vrai du tout. Totalement libérée, Julia Lanoë va ensuite parfaitement occuper la scène, impeccablement secondée par Carla Pallone qui passe avec un naturel confondant du violon aux machines. Auf Wiedersehen, une version magnifique de BB dans une lumière bleutée, tout comme le superbe Soir Après Soir, les titres s’enchaînent, le public danse, boit les paroles et les mots de Julia Lanoë et le temps file à toute vitesse. Le duo quitte la scène, Julia Lanoë affirme avoir adoré cette soirée mais, évidemment, le public n’allait pas les laisser partir si vite. Un premier rappel, un deuxième et… un troisième ! « Mais il faut partir ! » lance une Julia Lanoë hilare et sincèrement touchée de temps d’engouement. Le concert se termine malicieusement par Petie Italie, présenté comme une berceuse pour que, cette fois, tout le monde puisse rentrer faire dodo. A ne pas en douter, Carla Pallone et Julia Lanoë ont investi les rêves de beaucoup de ceux présents ce soir-là à La Vapeur de Dijon.