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A Yoshie Nakano et Masaki Mori d’investir la scène. Késako ? Ego-Wrappin’ ! Le groupe japonais, sous la houlette des deux susnommés, a joué les passe-partout pour Moriarty, leur permettant de partager l’affiche sur leur tournée japonaise. Echange de bons procédés, c’est donc à leur tour d’être embrigadés pour faire les premières parties des dates parisiennes des franco-américains. Quelque part les Jun et Mitsuko (« Mystery Train », Jim Jarmush) des temps bohèmes, ils sont rejoints par une saxophoniste/babouchka et un batteur, arrivée remarquée car tout de suite s’enchaînent des morceaux pop, jazzy entraînants. Le clou du spectacle étant la reprise de Marcia Baila des Rita Mitsouko, soit de quoi mettre tout le monde d’accord. Au final, le show aura duré une vingtaine de minutes et heureusement car nous ne sommes pas certains que notre résistance face à la voix de Yoshie tienne plus longtemps.
Moriarty arrive et le silence se fait. Pittoresque. C’est le premier terme qui nous passe par la tête, et le bon ! Leur musique bricolée aux sonorités authentiques a le pouvoir d’évoquer de grandes choses. Les images défilent, nous ne sommes plus que des hobos qui voyagent de trains en trains et qui voient se succéder sous leurs yeux toutes sortes d’horizons et de scènes d’un ailleurs venu de loin. C’est la foire : il y a Isabella qui s’en va et laisse tout derrière elle, il y a Julie Gold, ses sucres d’orge et Charlie Silver, puis il y a Lily qui s’en va-t-en guerre, il y a aussi le Crimson Singer et bien d’autres encore. L’histoire s’écrit dans nos oreilles, dommage que la voix de Rosemary ne soit davantage mise en valeur, sublimée. Aussi, la mise en scène est étrange. A les voir ainsi, au bord de la scène, les musiciens regroupés et Rosemary Standley assise au milieu sur un seau métallique, nous aurions presque envie de leur donner une petite pièce ou un ticket restaurant. Peut-être est-ce ce qui fait tout le charme du spectacle ? Un rapport direct à la musique, au plus près de son essence, de son oralité. Parce que c’est bien ce qui s’en dégage : un feu de camp, une guitare, un harmonica et des histoires de bandits. Seulement, l’univers a beau être enchanteur, le spectacle devient très vite pénible pour qui s’y sent hermétique.