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Commençons par une petite pensée émue pour The Nes Nation: ce groupe local a remporté un tremplin lui donnant le sésame de la scène. Dans un style pop rock nerveux, ils nous ont gratifié d’une prestation sans éclat particulier mais très pro. Le hic fut sans doute l’incompatibilité avec le public des Nashville Pussy peu enclin à s’enflammer sur leurs morceaux…
Quelques bières / cigarettes plus tard, après avoir disserté sur la filiation Motorhead/Nashville Pussy, la lumière s’éteint sur les blousons noirs et une vague de cris rauques dévale sur la petite scène du Cargo. Comme une blague potache, une introduction digne d’une BO d’un film érotique à la gloire de Shaft. Et là, un condensé de visuels et attitudes rock : bassiste et guitariste (les « pussies ») sexy et aguichantes, batteur et chanteur/guitariste gros, barbus, et pour le second, veste en cuir, casquette vissée sur les vestiges de feu sa tignasse touffue, tenant à la main une bouteille carrée avec un liquide tout marron dedans…
Dès les premiers riffs, nous voilà plongés dans une orgie sonore, tout droit sortie du rock 80’s, sur un rythme « pied au planché », qui évidemment ne baissera jamais. Du son qui ne tergiverse pas, pour le plus grand plaisir des bikers, des punks et des métalleux présents ce soir là. L’attitude transpire le rock : le batteur ? Une masse chevelue, visage fermé et fixe à la limite de l’autisme dont seuls les deux poteaux qui lui servent de bras ont bougé. Les « pussies »? Entre la publicité L’Oreal et le crash test pour cervicales, habitées par une furie de tous les instants, et bien sûr un jeu parfaitement exécuté. Le chanteur/guitariste ? Il est gros, il lui manque des cheveux, il est laid comme un Texan nourri à la bière et au MacDo, mais surtout il HURLE!!! non stop, il tient la scène comme personne, usant de tous les clins d’œil du style, whisky à la bouteille, arrosage de bière, des « motherfucker » par cagettes.
Sur le contenu musical c’est très heavy 80’s survitaminé, avec solos de guitare plus que supportables et un culte affiché à AC/DC. On retrouve d’ailleurs chez les Nashville Pussy les préceptes des Australiens ou d’un Mortohead, la rage et l’envie de donner au public exactement ce qu’il est venu chercher. Le set fut joué avec tout ce qu’ils ont en eux et achevé en apothéose : slam du chanteur jusqu’au bar ponctué par pain sur le monsieur qui avait naïvement subtilisé son couvre chef, et saisie du verre de whisky d’une victime consentante.
Une immersion de deux heures dans tout ce qu’il y a de plus jouissif dans un concert de rock, tout simplement.