"> Plaza Francia @ Le Cargo - 15 avril 2014 - Live Report - Indiepoprock

Plaza Francia @ Le Cargo – 15 avril 2014


Sensualité, profondeur et folie à fleur de peau

Une collaboration entre la boule de délire des Rita Mitsouko et la classe électrique de deux membres du Gotan Project suscite rapidement curiosité et intérêt. De plus, quelque soit le contenu de l’album, on s’attend, en live, à un set calibré avec des musiciens de qualité et une interprétation sans faille. On a raison!

Le charisme hypnotisant de Madame Ringer n’a pas pris une ride, sur fond de tango aux beats electro, sa folie revêt un voile de classe, une élégance qui ferait d’un Gainsbourg, autrefois sceptique sur le sujet, un petit enfant intimidé. La dame est tellement habitée par la musique de ses compagnons qu’on la croit née dans cette culture. De fait, les ingrédients sont tous là, dans sa voix et sa prestation scénique se rencontrent puissance, grâce (presque sexuelle) et tristesse pudique. La maturité, que ses traits ne trahissent pas, a fait de son extravagance légendaire une force d’interprétation poignante mais sans clichés, on y croit dès les 30 premières secondes, et à aucun moment on ne décroche.

Mais attention, de telles retrouvailles avec un monstre sacré du rock hexagonal ne sauraient éclipser la prestation de ses compagnons de route. Le tango est une musique expressive à souhait, et l’interprétation du lead vocal monopolise naturellement l’attention. Catherine joue son rôle à merveille, et ce grâce notamment aux virtuoses qui l’entourent.  Bandonéon, basse/contrebasse, guitare sèche/électrique, clavier et DJining, tels sont les éléments constitutifs du groupe. Le beat, comme une hypnose massive, provoque instantanément la fièvre danseuse du public, le jeu de guitare est imparable entre impro jazzy et arpèges tout en retenue, se laissant tout de même quelques incartades rock pour clôturer en apothéose les titres les plus énergiques. Le bandonéon est présent et mis en avant sur tous les titres, l’homme aux manettes derrière semble sortir tout droit de la Pampa, un Gaucho cheveux mi-long à la prestance à faire tomber nombre de dames complaisantes… L’argument « couleur locale » étant passé, le monsieur manie son instrument avec précision et une expressivité exacerbée, arrivant, comme un exploit, à s’intégrer aux rythmiques folles du reste du line-up. Enfin, le bassiste/contrebassiste aura littéralement mis l’assistance sur le postérieur, une dextérité et une rapidité ahurissantes, cet homme est bionique, c’est réellement ce que l’on se dit, tout en plaignant l’état de ses doigts, (toute personne ayant poser ses mimines sur une contrebasse voit de quoi il retourne).

Le fait de rendre compte de ce set en isolant chacun des membres du groupe ne rend pas forcément justice à l’homogénéité du rendu. Entre sex-appeal, style et goût prononcé pour la danse, la magie prend tout de suite et la bande nous embarque dans un voyage emprunt de sourires et de gravité, de furie dancefloor et d’introspection.

Il n’empêche que la conclusion se fera sur la dame Catherine. Catherine Ringer, vous êtes une artiste éternelle, le fait de vous avoir enfin vue constitue en soit un aboutissement. Vous avez trouvé, encore une fois, un univers musical qui vous révèle, dans lequel la folie qui vous a toujours accompagnée se transforme en une expressivité qui touche en plein cœur, jusqu’à nous faire chavirer sur vos légendaires éclats vocaux dont la présence étonne encore…

Voilà, quelque soit votre style, mélomanes de tout bord, joyeux et ouverts, vous pouvez aller voir Plaza Francia en toute confiance.

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  • Publication 437 vues22 avril 2014
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