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C’est devenu un rituel, en novembre, Le Pitchfork Festival prend ses quartiers à Paris. Eclaté depuis l’année dernière dans différents lieux sur une semaine complète, l’événement renoue également avec sa fibre défricheuse. Ce mardi 15/11, la Gaité Lyrique, avec son espace bar design, son foyer historique cosy et sa salle ni trop grande ni trop petite affichait complet pour accueillir trois formations en vue depuis quelques années.
A 19h30, le respect des horaires annoncés sera de mise toute la soirée, ce sont les Anglais de TV Priest qui montent sur scène. Eux qu’on a présentés comme des pendants britanniques de Protomartyr avec leur post-punk tendu et emphatique vont d’abord commencer par tâtonner pour mettre leur son en place. Sur les deux premiers morceaux, guitares et voix se contrarient quelque peu, rendant l’ensemble assourdissant. Ces petits problèmes vont par la suite se régler mais va alors ressurgir un syndrôme que l’on peut parfois entrevoir chez certaines formations anglaises, à savoir qu’on se demande si, quand elles traversent la Manche, elles sont réellement concernées. Car si, durant le set, Charlie Drinkwater, le chanteur, précisera que c’est leur premier concert parisien, le groupe n’a pas paru décidé à marquer les esprits, comme si ses membres partaient du principe que le public ne comprend qu’en partie, au mieux, les paroles des morceaux et qu’ils ne sont donc pas devant leur public premier. Ajoutons à cela que le groupe n’a pas le tranchant ni la verve d’autres formations et, si le concert n’aura en rien été désagréable, il n’aura pas non plus soulevé un enthousiasme démesuré. Joli moment toutefois, presque paradoxalement, quand le groupe ralentit le rythme pour un morceau empreint de nostalgie terminé a capella par Charlie Drinkwater.
C’est ensuite Nation Of Language, le groupe de Brooklyn, et sa new-wave synthétique qui investit la scène. Si, sur disque, le groupe mené par Richard Devaney peut pâtir d’un côté ultra-référencé qui amenuise un peu la portée de sa musique, leur enthousiasme sur scène fait en revanche plaisir à voir. Devaney et sa comparse Aidan Noell se montrent très diserts et sincères quand ils expriment leur plaisir d’être là en égrenant leurs précédentes prestations parisiennes, tous deux occupent la scène et donnent de leur personne et leurs morceaux s’avèrent beaucoup moins corsetés en live. Le public ne s’y trompe pas et les applaudissements seront de plus en plus nourris tout au long d’un set qui ne cessera de monter en intensité.
A l’accueil que reçoit Porridge Radio, le groupe de Brighton, à son arrivée sur scène, on comprend vite, et c’est bien logique, que c’est en premier lieu pour eux que le public s’est déplacé et les attentes ne vont pas tarder à être comblées. Et si Dana Margolin, tête pensante et chantante de la formation, prend position comme les autres membres du groupe, en toute modestie, son charisme fou va rapidement faire des ravages. Allure garçonne, petit sourire aux lèvres, elle aimante les regards et emmène immédiatement le public dans son sillage. Le set démarre sur Give/Take issu de « Every Bad », avant Trying, issu lui du dernier album en date, soit deux morceaux en mid-tempo mais l’intensité de l’interprétation remportent tous les suffrages et la symbiose avec le public est totale et ne retombera pas. Dana Margolin vient chanter au milieu du public sur Birthday Party, répète ses mantras et bondit derrière son micro, bref, le bonheur est total. Seul regret, la brièveté du concert, achevé sur le seul Sweet en rappel. A revoir très vite en tête d’affiche unique !