"> Rock En Seine - 27/08/23 - Live Report - Indiepoprock

Rock En Seine – 27/08/23


Le festival francilien fêtait cette année ses 20 ans d'existence et se clôturait ce dimanche.

Rock en seine a donc 20 ans, âge respectable. Cette année encore, le gros rendez-vous de la fin du mois d’aôut est resté suffisamment attractif pour nous attirer. Mais Rock en Seine ne serait pas Rock en Seine sans quelques polémiques et, cette année, c’est notamment le cachet de BIllie Eilish qui a fait causer. Les autres journées avaient été épargnées, cette journée du 27/08 se devait donc de remettre une pièce dans la machine. C’est un peu après 22h que tout cela s’est matérialisé. On y reviendra… Avant, pour lancer cette journée qui, notons-le, présentait une certaine cohérence dans sa programmation largement dédiée aux formations à guitares au sens large, c’est l’Américaine Angel Olsen qui avait la tâche souvent ingrate de démarrer les hostilités. Mais, disons-le d’emblée, celle-ci, vêtue d’une longue robe blanche et cachée derrière de grosses lunettes de soleil, ne s’est pour autant pas dérobée. Entourée d’une riche formation de six musiciens, avec violon et violoncelle, l’Américaine a immédiatement imposé sa voix qui, en live, recèle une force et une profondeur surprenantes, et emporté le public dans les morceaux folk/country mélancoliques de son dernier album en date, le douloureux « Big Time ». Les échanges avec le public étaient assez brefs mais, comme Angel Olsen l’a souligné, elle ne disposait que d’une quarantaine de minutes. Assez toutefois pour imposer un vrai lyrisme, jusqu’au magnifique final de son très beau Sister qui a refermé la prestation très largement applaudie. Cheapeau bas !

Changement radical d’ambiance ensuite sur la grande scène avec le set des Londoniennes Nova Twins. A la base, leur cocktail rock/rap/nu/metal n’est pas précisément notre tasse de thé mais on parle de live et de festival, lieu évident pour s’ouvrir à d’autres univers. Et la récompense a été au rendez-vous. Les deux comparses ont tout d’abord de l’allure, du charme, mais ne sont certainement pas uniquement des gravures de mode ou des égéries Doc Martens. D’entrée de jeu, leur énergie débordante, leur enthousiasme et le rythme débridé du concert les ont rendues irrésistibles. Ca bouge, ça saute, les visuels inventifs en fond de scène ajoutent à l’ambiance générale et on ne peut qu’adhérer, jusqu’au final en feu d’artifice de Choose Your Fighter où les deux filles viennent au contact du public pour communier jusqu’au bout. La vraie révélation de cette journée.

Charisme et énergie, c’est à peu près tout ce qui manque à Lindsay Jordan, alias Snail Mail. Ses deux albums ont bénéficié de louanges surprenants car, si la sincérité de sa démarche n’est pas remise en cause, rien dans ses compositions, sa voix où ses dynamiques ne sont de celles qui vous emportent. Et, sur scène, idem. Lindsay Jordan semble ne pas trop savoir comment bouger, elle a la mauvaise habitude de manger à moitié le micro, ce qui provoque des rictus involontaires pas très à son avantage, elle a une voix de moineau et ça ne claque pas beaucoup niveau guitares. Bref, on s’ennuie un peu et on part avant la fin, histoire d’être bien placés pour la suite.

La suite, c’était les Irlandais de The Murder Capital. Déjà venus en 2019 à la sortie de leur premier album en outsiders, la troupe menée par James McGovern revenait cette fois dans la foulée d’un second album qui les plaçait en terrain attendu. Le public très dense massé devant la scène bien avant le démarrage du concert en attestait. Et les Dublinois n’ont pas raté le rendez-vous. Gonflés à bloc, ils n’ont pas tardé à demander qu’on ouvre la fosse pour que les plus téméraires se lancent dans un beau pogo. Setlist en bel équilibre entre des titres de « Gigi’s Recovery », sorti en début d’année, et d’autres de leur premier album, James McGovern qui vient slammer en milieu de prestation, c’était le feu du début à la fin. Ce qu’on appelle assumer un statut nouveau et, déjà, donner rendez-vous pour la suite.

Avec ensuite Amyl and The Sniffers sur la grande scène, nos oreilles ne risquaient pas de se reposer. On était toujours dans le post-punk, voire le punk tout court, mais cette fois en version Australienne et beaucoup plus basique. Mené par Amy Taylor, légèrement vêtue de bottes, d’un petit short et d’un soutien-gorge flashy et armée d’un accent populaire à couper au couteau, le groupe s’est lancé dans un florilège de titres échevelés. Soyons honnêtes, on ne serait pas forcément capables de les distinguer les uns des autres et une écoute sur disque peut se révéler vite lassante. Mais c’est encore une fois la magie du live qui opère. Amy Taylor occupe la scène, enchaîne les poses et les figures, impose sa voix pourtant aigüe au possible, la troupe derrière suit sans faiblir et tout le monde est ravi.

C’est ensuite les copines anglaises Wet Leg qui se présentaient sur la scène de la cascade. Elles aussi très attendues avec un public au taquet, elles n’ont plus n’ont pas raté le rendez-vous. Setlist sans surprises puisqu’elles déroulent toujours leur seul et unique album, mais le tout exécuté avec un équilibre parfait entre énergie, guitares qui claquent et respect des mélodies et refrains catchy. Rien de surjoué, jamais en pilote automatique non plus, beauoup de sourires et de complicité. L’averse (la seule de la journée), qui s’est déclenchée à la fin du set n’aura guère douché l’enthousiasme qui a évidemment atteint son paroxysme avec l’hymne Chaise Longue qui a naturellement bouclé le concert. Là encore, rendez-vous est pris pour l’avenir.

Avec Foals sur la grande scène, on basculait ensuite dans le math-rock version stade puisque c’est la direction prise depuis quelques années par la formation de Yannis Philippakis qui a bien du mal à convaincre après des des débuts pourtants probants il y a une quinzaine d’années déjà. On a donc eu droit à une prestation gros son sans suprises, qui passe tout à la moulinette, même des titres aussi fédérateurs que Red Sock Pugie ou des sommets de sophistication comme Spanish Sahara. Mais les Anglais sont là où ils ont voulu être et le font avec une honnêteté qu’il faut reconnaître, même si on n’adhère pas à la direction prise.

Et est donc arrivée la conclusion de cette journée avec la tête d’affiche qui clôturait le festival, The Strokes… Alors vous avez déjà sans doute tout appris sur le cafouillage technique, lu les arguments des uns et des autres pour les défendre ou les honnir. Mais quand un chanteur arrive sur scène en état second, bouffi et boudiné dans son blouson, démarre avec une voix à côté de la plaque, bafouille, enchaîne en passant son temps à lancer des vannes à ses comparses, apathiques et visiblement mal à l’aise (Albert Hammond Jr qui se lance dans une impro pour faire taire Casablancas et ne pas subir ses conneries), que la setlist n’a aucune cohérence, entre morceaux enlevés et d’autres soudain plus calmes sans qu’on comprenne quelle était la trame du concert et qu’ils abrègent 10 minutes avant la fin prévue après être arrivés dix minutes en retard, un constat s’impose : on a eu droit à un concert de branleurs indignes d’être là.

Pas de quoi gâcher l’impression de la journée néanmoins, en tout cas pas  lorsqu’on n’était pas venu pour les New-Yorkais.

Rédacteur en chef