"> Rock en Seine :: 29 Août 2009 - Live Report - Indiepoprock

Rock en Seine :: 29 Août 2009


Après le couac de la veille, le festival a la gueule de bois. Oasis est sur toutes les lèvres, on en oublie presque qu’il y a eu de la qualité chez les autres concerts de la première journée. Heureusement le soleil est de nouveau au rendez-vous et le public, quoi que moins nombreux que la […]

Après le couac de la veille, le festival a la gueule de bois. Oasis est sur toutes les lèvres, on en oublie presque qu’il y a eu de la qualité chez les autres concerts de la première journée. Heureusement le soleil est de nouveau au rendez-vous et le public, quoi que moins nombreux que la veille, a répondu présent en nombre. Les t-shirts Offspring et Faith No More sont de sortie, on se croirait revenu au milieu des 90’s, quand ces 2 groupes faisaient se déplacer les foules. Après une première journée plutôt pop, la programmation de ce samedi est résolument rock.

La journée commence pour nous avec Dananananaykroyd (photo 1), un groupe écossais composé de 2 chanteurs, 2 batteurs, 2 guitaristes et 1 bassiste. Ça crie, ça saute, ça gesticule, ce n’est pas toujours très mélodique mais la fraîcheur et le bonne humeur de l’ensemble fait que l’on garde au final un bon souvenir de leur performance. A noter une distribution de câlins gratuits par les membres du groupe aux premiers rangs du public. Pendant que Billy Talent hurle son emocore sur la grande scène, on décide de rester à proximité de la scène de la Cascade pour le concert de The Horrors (photos 2 et 3). Chenille devenue papillon depuis la parution de leur deuxième album ("Primary Colours") produit par Geoff Barrow (Portishead), les Anglais ont le désavantage de se produire en plein jour, eux qui aiment s’entourer d’artifices (fumée…) pour accompagner leurs prestations live. Si la qualité de leurs derniers titres n’est pas à mettre en doute, en témoigne les Mirror’s Image et autre Sea Within A Sea, on reste sur notre faim quand à la performance scénique du quintet, un brin caricaturale à l’image de son leader Faris Badwan.

Pendant que la foule rallie la grande scène pour le concert d’Offspring, on se pose face à la scène de l’Industrie pour assister au concert de Yann Tiersen (photo 4). Le Breton nous prend au dépourvu en délivrant un set énergique, plutôt électrique et majoritairement instrumental mais ça on s’y attendait. Une facette moins lisse que celle des nombreuses bande-originales de films composées par le bonhomme.

En supposant qu’ils se soient déplacés pour les voir, il n’y a aucune chance que le concert de The Offspring (photos 5 et 6) ait convaincu leurs détracteurs ; mais tous les fans, des nostalgiques de "Smash" aux adolescents à crête, ont eu quelque chose à se mettre sous la dent. Alors certes, le groupe a trop vieilli pour pouvoir assumer leur look sans avoir l’air ridicule, les chansons sont jouées sans aucune surprise et l’aparté mielleux au piano d’un Dexter bedonnant était proche du pathétique. Et pourtant, difficile quand on a grandi au son de leur musique de ne pas vibrer lorsque l’intro de votre morceau fétiche retentit. Il y avait du coup quelque chose de générationnel dans le concert et on était à peine surpris de voir des personnes approchant la trentaine rester stoïques au cœur de la fosse dès que le morceau joué était post "Smash" ; tandis que leurs cadets de 5 ans assumaient se déchaîner sur les morceaux d’"Americana", l’album de transition du groupe entre le son virulent de leur jeunesse et une musique plus apte à passer sur la radio. Quand aux teenagers, ils pogotaient même sur l’affreux Hit That, candidat crédible au titre de pire tube rock des années 2000. Il aura finalement suffit d’un final déchaîné sur l’inévitable Self Esteem pour mettre tout le monde d’accord et permettre au groupe de rappeler leur lointaine et glorieuse jeunesse.

Les organisateurs ont tiré les leçons du flop Hot Chip d’il y à 2 ans, programmé en plein milieu d’après-midi sur la grande scène devant une assistance clairsemée. Les concerts électro sont désormais relégués sur les scènes annexes, une fois que l’obscurité a pris ses quartiers. Le résultat est à l’opposé de celui récolté par Hot Chip, à savoir une énorme ambiance pour touts les concerts électro et notamment celui de Calvin Harris (photo 7) sur la scène de la Cascade. Les tubes de l’Anglais, qui se vantait d’avoir créé le disco sur son premier album, font mouche à l’image de Acceptable in the 80’s et The Girls ou des plus récents Ready For The Weekend et You Used To Hold Me, issus du nouvel album. L’une des plus grosses ambiances de ces 3 jours de festival.

On peut se demander si Faith No More (photos 8 à 10) avait vraiment la notoriété d’une tête d’affiche tant la frange du public semblant connaître plus de 2 ou 3 de leurs morceaux pouvait paraître restreinte. Cependant Mike Patton, héraut et héros du métal indépendant, est un homme de défi, et un public non initié n’est pas du genre à l’effrayer plus que ça. Élégamment costumé (à part le batteur en treillis et dreadlocks), le groupe a su souffler le chaud et le froid, alternant ballades langoureuses et riffs cinglants ; d’entrée Patton joue au crooner sur Re-United avant que la furie de From Out Of Nowhere ne balaie les réticences et les repères du public. Avec un batteur déchaîné, le chanteur le plus versatile de sa génération et des guitaristes hors-pair, l’ensemble du show est un bonheur même si l’on peut regretter que le synthé, crucial sur certains morceaux, ait un peu été étouffé. On retiendra comme plus haut fait de gloire le jazzy Easy, le délicieusement tordu Gentle Art of Making Enemies et les variations imprévisibles de Midlife Crisis. Par ce show sans trêve ni raté, le groupe semble avoir convaincu une partie du public, même si leurs accès de violence (Ô combien maîtrisés) et leur audace formelle semblent les condamner à une audience limitée.

Pendant ce temps là, l’ambiance est plus intimiste sur la scène de la Cascade en compagnie des School of Seven Bells . Le trio vaut le déplacement à la fois pour le mélange shoegaze-pop vaporeuse-new age que l’on a pu apprécier sur leur premier album, le magnifique "Alpinisms", mais également pour les ravissantes jumelles Alley et Claudia Deheza dont les voix nous rappellent au bon souvenir d’une certaine Liz Fraser (Cocteau Twins). Après un enchaînement White Elephant Coat/Connjur/Half Asleep de toute beauté, le groupe conclut le set par un dernier morceau de 10 minutes (Sempiternal-Amaranth).

Pour qui aime l’électro, un show de Birdy Nam Nam est forcément un bon moment. Il n’y a probablement aucun domaine où ces 4 DJs excellent (à part peut-être la technique pure et dure) mais ils sont capables de jouer avec brio sur tous les terrains : les rythmes syncopés de DJ Shadow, les mélodies aériennes de Daft Punk, les beats lourds de Boys Noize… Cette versatilité permet au show d’évoluer, de faire danser les corps sans lasser (là où Vitalic avait clairement échoué la veille) jusqu’aux dernières heures du festival. Il n’y aura guère eu que le manque d’espace pour danser et les incessants relents parisianistes de Little Mike scandant à souhait « Ici c’est Paris » pour gâcher le plaisir… agaçant, mais il aurait fallu plus que ça pour ruiner un set maîtrisé de (huit) mains de maîtres.

Crédit Photos : Le Hiboo.

Par Christophe et…

Chroniqueur
  • Publication 312 vues4 septembre 2009
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