"> Rock En Seine @domaine de St-Cloud, 25/08/2024 - Live Report - Indiepoprock

Rock En Seine @domaine de St-Cloud, 25/08/2024


La dernière journée de Rock en Seine millésime 2024 était plutot opulente sur le papier, restait à voir si les promesses seraient tenues.

Le beau temps était au rendez-vous pour conclure cette édition 2024 de Rock En Seine, qui s’étendait cette année sur pas moins de 5 jours. La journée de dimanche, avec son riche programme, avait des atours d’apothéose, à condition que chacun tienne ses promesses. Après un début d’après-midi qui laissait le temps de prendre la mesure des lieux avec les concerts légèrement anecdotiques de Sofie Royer et Alias, le premier nom avec un CV solide était celui de Baxter Dury qui prenait possession de la scène de la cascade. Sa prestation aura potentiellement plu à ses fans, les autres auront surtout constaté que son parlé chanté trouve vite ses limites avec une prestation vocale qui aura surtout tenu à forcer le trait pour cacher les lacunes. Il peut remercier sa claviériste/choriste qui aura fait de son mieux pour combler les manques. Le jeu de scène aura lui surtout été l’occasion de faire quelques effets de veste et de foulard sans grand intérêt.

A la fin de son concert, on aura constaté que pas grand monde ne souhaitait perdre sa place devant la scène, ce qui nous aura permis de comprendre que Zaho De Sagazan, qui y était la prochaine programmée, était la première artiste très attendue de la journée. Et si sa présence un peu partout et pour tout ces derniers mois pouvait faire craindre un effet de saturation, la nouvelle sensation française aura vite mis tout le monde d’accord. Fraîcheur intacte dans ses interactions avec le public, capacité à passer des moments les plus intimistes de son répertoire aux plus débridés avec une facilité déconcertante, générosité totale pour emmener le public jusqu’à un beau final festif où elle fait entrer son équipe sur scène pour danser avec elle, il était tout bonnement impossible de résister au charme de la tornade Zaho.

De la générosité, c’est peut-être ce qui manque à la sensation londonienne Bar Italia qui se produisait sur la scène du Bosquet. Ce à quoi on peut ajouter les limites de leur répertoire. Si « Tracey Denim », leur album sorti au printemps 2023 est plus que convaicnant, on ne peut pas en dire autant de « The Twits », sorti à l’automne de la même année et, en live, ça s’entend. Sur la première partie du concert, on a ainsi eu droit à un exercice poussif de rock slacker pas complètement sauvé par les efforts de Nina Cristante, leur chanteuse, pour animer un peu la scène. Quand, enfin, le groupe daigne jouer les morceaux de « Tracey Denim », ça décolle enfin. Oui mais voilà, l’aléa d’un grand festival, c’est que pour être bien placé pour un concert attendu, il faut sacrifier la fin de celui qui le précède. Et, après Bar Italia, PJ Harvey prenait possession de la grande scène.

On était encore sous le charme de sa magnifique prestation à l’Olympia à l’automne dernier dans la foulée du superbe « I Inside The Old Year Dying », et on pouvait se demander comment PJ Harvey transposerait l’intimisme qu’elle avait alors déployé dans le cadre d’une grande scène de festival. Interrogation qui aura au moins duré trente secondes, puisque dès les premières notes de Prayer At The Gate, on est envôutés. Arrangements parfaitement placés et maîtrisés, justesse vocale inouïe, gestuelle sobre mais captivante, tenue magnifique, tout était en place pour un grand moment. Oscillant entre titres de son dernier album et grands classiques de son répertoire, moments calmes et orageux, la démonstration aura été totale.

En termes de renommée et de popularité auprès des fans de rock, les Pixies, repêchés de dernière minute pour suppléer l’absence de The Smile, n’ont a priori rien à envier à PJ Harvey, pour le reste, un gouffre les sépare. Manque total de présence et de charisme, problème récurrent de la formation de Franck Black, encore aggravé depuis que Kim Deal a quitté le navire, manque criant de subtilité et d’habileté qui hache menu un répertoire pourtant brillant, du moins quand il s’agit de ce qu’a sorti le groupe entre 1987 et 1991, manque total de relief des morceaux de ces dernières années. Bref, les fans hardcore auront apprécié, les autres auront juste constaté ce qu’était le crépuscule d’un groupe mythique.

Après cela, une autre formation mythique clôturait les débats sur la grande scène, à savoir LCD Soundsystem. En termes de lightshow et d’effets visuels, la bande de James Murphy en aura mis plein la vue à tout le monde. Le groupe, composé de pas moins de sept musiciens, aura aussi déroulé avec une efficacité hors-normes une relecture de tous ses grands classiques. Le concert aura aussi été marqué par l’attitude fermée de James Murphy, due à la perte d’un de ses proches, à qui il n’a pas manqué de dédier plusieurs moments. On se rappellera aussi du final en apothéose de All My Friends, et on repartira en se disant que c’était une chance d’avoir pu voir ce groupe dont on ne sait jamais s’il continuera ou tirera le rideau.

Rédacteur en chef
Rock En Seine @domaine de St-Cloud, 25/08/2024